Le creuset de la souffrance, par Rémi Martin
Tout chrétien le sait : le bonheur n’est pas sur cette terre, et seule la Croix de Notre Seigneur est aimable.
Le voyage terrestre est avant tout une voie douloureuse, et ceux qui croient ne pas souffrir sont certainement les plus à plaindre, et les plus en détresse. Les mots de « souffrance » ou de « soumission » sont aujourd’hui inaudibles, alors qu’il est pourtant si doux d’être soumis à Notre Seigneur, la charité incarnée, qui nous guide pour nous amener à notre fin pour laquelle Il nous a créés !
Certes, comme faire une course de fond, les mortifications font mal, et cela peut faire vraiment mal, mais c’est une bonne douleur, qui nous rend bien meilleurs ! Souffrance et joie ne sont pas contradictoires, Jésus le prouve.
Certes, cela fait mal, mais que préférez-vous ? Rester avec une épine dans le pied par peur de la douleur de l’extraction, quitte à devoir claudiquer toute votre vie, ou prendre votre courage à deux mains, extraire cette épine, et marcher à nouveau normalement ?
Notre âme étant faite pour vivre avec Dieu au ciel, elle reste une éternelle étrangère sur cette terre, et dans une situation de déphasage en raison du péché qui l’éloigne de sa fin.
« Tant que nous vivons ici-bas, nous ne pouvons être exempts de tribulations et d’épreuves. C’est pourquoi il est écrit au livre de Job : La tentation est la vie de l’homme sur la terre. Chacun devrait donc être toujours en garde contre les tentations qui l’assiègent, et veiller et prier pour ne point laisser lieu aux surprises du démon, qui ne dort jamais, et qui tourne de tous côtés, cherchant quelqu’un pour le dévorer.
Il n’est point d’homme si parfait et si saint qui n’ait quelquefois des tentations, et nous ne pouvons en être entièrement affranchis. Mais, quoique importunes et pénibles, elles ne laissent pas d’être souvent très utiles à l’homme parce qu’elles l’humilient, le purifient et l’instruisent.
Tous les saints ont passé par beaucoup de tentations et de souffrances, et c’est par cette voie qu’ils ont avancé; mais ceux qui n’ont pu soutenir ces épreuves, Dieu les a réprouvés, et ils ont défailli dans la route du salut. Il n’y a point d’ordre si saint, ni de lieu si secret, où l’on ne trouve des peines et des tentations. » (L’Imitation, 13, 1-2).
Il ne faut agir en rien pour nous, et encore moins pour les autres, mais pour Dieu, et ainsi agir pour le prochain sans rien attendre de lui, ni de nous-mêmes. Facile à dire, difficile à mettre en œuvre.
Prions et faisons des sacrifices, c’est la seule voie. Dans la joie et la bonne humeur, car, après tout, comme tout voyage éprouvant à l’étranger en terrain hostile, l’aventure est toujours enivrante, et avec Dieu, cette aventure est ici avec nous, même dans un quotidien apparemment répétitif et ennuyeux.
Rémi Martin
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France !