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Premier sermon sur la petite voie de Sainte Thérèse : la foi en l’Amour divin

Le Pape Saint Pie X considérait Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus comme « la plus grande sainte des temps modernes ». Les Saints sont nos modèles et si Dieu a suscité Sainte Thérèse de Lisieux à notre époque, c’est pour nous enseigner les voies de la sainteté qui conviennent particulièrement à notre époque, donc à nous. Nous voulons aller au Ciel, nous voulons voir Dieu et partager Sa vie divine. Pour cela, nous devons devenir des saints, nous tous sans exception. Certains diront peut-être: « C’est trop dur ! Je suis faible, je n’ai pas de courage de faire des pénitences comme les Saints ! » Ou alors : « Malgré tous mes efforts, je retombe sans cesse dans de petits péchés. Être un saint, ce n’est donc pas pour moi ! » Ou encore : « Je n’arrive pas aimer Dieu de tout mon cœur, non plus mon prochain comme moi-même. La sainteté, ce n’est donc pas pour moi ! » et ainsi de suite…

Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus nous a montré que de telles pensées sont profondément erronées. Et c’est de cela que je vous parlerai aujourd’hui.

Un texte fondamental

Dans cet extrait de son autobiographie, sous des mots et images très simples, Sainte Thérèse exprime des pensées d’une profondeur doctrinale et spirituelle fondamentales :

« J’ai toujours désiré d’être une sainte, mais hélas ! j’ai toujours constaté, lorsque je me suis comparée aux saints qu’il y a entre eux et moi la même différence qui existe entre une montagne dont le sommet se perd dans les cieux et le grain de sable obscur foulé sous les pieds des passants.

Au lieu de me décourager, je me suis dit : « le Bon Dieu ne saurait inspirer des désirs irréalisables. Je puis donc malgré ma petitesse aspirer à la sainteté. Me grandir, c’est impossible, je dois me supporter telle que je suis avec toutes mes imperfections, mais je veux chercher le moyen d’aller au Ciel par une petite voie bien droite, bien courte, une petite voie toute nouvelle. Nous sommes dans un siècle d’inventions : maintenant ce n’est plus la peine de gravir les marches d’un escalier, chez les riches un ascenseur le remplace avantageusement. Moi je voudrais aussi trouver un ascenseur pour m’élever jusqu’à Jésus, car je suis trop petite pour monter le rude escalier de la perfection. »

Alors j’ai recherché dans les livres saints l’indication de l’ascenseur objet de mon désir, et j’ai lu ces mots sortis de la bouche de La Sagesse Éternelle : « Si quelqu’un est tout petit, qu’il vienne à moi » (Pr 9 ;4). Alors je suis venue devinant que j’avais trouvé ce que je cherchais, et voulant savoir, ô mon Dieu ! ce que vous feriez au tout petit qui répondrait à votre appel, j’ai continué mes recherches et voici ce que j’ai trouvé : « Comme une mère caresse son enfant, ainsi je vous consolerai, je vous porterai sur mon sein et je vous balancerai sur mes genoux ! » (Is 66 ;13). Ah ! jamais paroles plus tendres, plus mélodieuses, ne sont venues réjouir mon âme, l’ascenseur qui doit m’élever jusqu’au Ciel, ce sont vos bras, ô Jésus ! Pour cela je n’ai pas besoin de grandir, au contraire il faut que je reste petite, que je le devienne de plus en plus. » (Manuscrit C).

La Foi en l’amour miséricordieux de Dieu

De ce texte, aujourd’hui, je voudrais attirer votre attention sur l’amour de Dieu pour nous. « Comme une mère caresse son enfant, ainsi je vous consolerai, je vous porterai sur mon sein et je vous balancerai sur mes genoux ! » (Is 66 ;13). Le principe fondamental de notre sanctification, c’est de croire fermement en l’amour miséricordieux de Dieu pour nous. Il y a deux mots à bien saisir : « amour » et « miséricordieux ».

D’abord le mot « amour ». Dieu nous aime, c’est absolument certain. Le simple fait de notre existence le prouve. Car Dieu n’a pas besoin de nous pour être heureux. Il nous a créé par pure bonté, pour nous faire du bien. Ensuite, Dieu nous a fait connaître explicitement Son Amour par la Révélation. Cet amour transparaît à chaque page de la Bible. Cet amour apparaît surtout dans toute la vie et l’enseignement de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Dieu fait homme. Ainsi Saint Jean écrit dans la première épître :

« Dieu est amour. Il a manifesté son amour pour nous en envoyant son Fils unique dans le monde afin que nous vivions par Lui. » (1Jn 4 ;8-9).

Dieu nous aime. Or aimer, c’est vouloir le bien de celui qu’on aime. Donc Dieu veut notre bien. Or le bien absolu, c’est Dieu Lui-même. Donc Dieu veut se communiquer à nous. Voilà l’effet de l’amour de Dieu pour nous : Il veut se donner à nous.

Voyons maintenant le mot « miséricordieux ». Être miséricordieux, c’est se pencher sur la misère de quelqu’un pour la secourir. Dieu nous aime d’un amour miséricordieux. Son amour se porte vers nous en raison même de notre misère. Un verre ne peut être rempli que s’il est vide d’abord. De la même façon, Dieu riche de toutes les perfections ne peut se communiquer à nous que si nous sommes vides, pauvres, misérables, démunis de tout. C’est en raison de notre faiblesse que Dieu peut nous remplir de sa force ; c’est en raison de notre ignorance que Dieu peut nous remplir de sa science ; c’est en raison de notre manque de bonté que Dieu peut nous remplir de sa bonté, et ainsi de suite… Ainsi, notre faiblesse, notre pauvreté spirituelle, ne sont pas des obstacles à la possession de Dieu et la sainteté, mais en sont la condition nécessaire. C’est ainsi que Saint Paul a pu dire : « Lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort » (2 Cor 12 ;10).

Il ne faut jamais s’affliger avec dépit de sa petitesse, de sa faiblesse. S’affliger ainsi, c’est n’est que de l’orgueil déguisé. De même, il ne faut jamais prendre excuse de sa faiblesse et petitesse pour se justifier de ne pas devenir des saints : ce n’est que de la paresse déguisée.

Loin de s’affliger de notre faiblesse et petitesse, il faut l’aimer, il faut s’en réjouir. Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus disait :

« Ce qui plaît au Bon Dieu dans ma petite âme, c’est de me voir aimer ma petitesse et ma pauvreté, c’est de voir l’espérance aveugle que j’ai en sa miséricorde ».

Quelle phrase surprenante, et pourtant profondément vraie ! Notre sainteté, ce n’est pas une sainteté de notre fabrication personnelle ; notre sainteté, c’est la sainteté de Dieu en nous. Notre-Seigneur a dit à tout le monde: « Soyez parfait comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5 ;48). Tout le monde est donc appelé à la sainteté ; la sainteté est possible pour tout le monde.

Conclusion

Chers amis, le fondement premier de notre vie spirituelle, de notre sanctification, c’est de croire fermement en l’amour miséricordieux de Dieu pour nous, quoi qu’il arrive dans nos vies. Notre petitesse, notre faiblesse qui nous rend comparable à de petits enfants, c’est cela même qui nous attire l’amour, la douceur, le soin maternel de Dieu. Dieu nous dit dans la Bible : « Si quelqu’un est tout petit, qu’il vienne à moi » (Pr 9 ;4). « Comme une mère caresse son enfant, ainsi je vous consolerai, je vous porterai sur mon sein et je vous balancerai sur mes genoux ! » (Is 66 ;13). Que faut-il répondre à cela ? Comme Saint Jean : « Et nous avons connu, nous avons cru à la charité que Dieu a pour nous : Dieu est charité. » (1 Jn 4 ;16).

La prochaine fois, je vous parlerai du second fondement de notre sanctification, qui est l’effet de notre foi en l’amour miséricordieux de Dieu. Cet effet, c’est le désir d’aimer Dieu. Amen.

Un prêtre missionnaire au Japon

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