Sermon sur la prière au Maître de la moisson

Dans l’Évangile, Notre Seigneur Jésus-Christ se compare à un bon pasteur. Comme un bon pasteur prend bien soin de ses brebis et les protège, ainsi Jésus prend soin des âmes et les protège. Notre-Seigneur prend soin des âmes par l’intermédiaire d’hommes qu’Il se choisit. Ces hommes, ce sont les prêtres. Ailleurs dans l’Evangile, Jésus compare les âmes aux moissons des champs et Il se compare Lui-même au propriétaire de ces moissons. En effet, Jésus est mort sur la Croix pour la rédemption de tous les hommes et par là a acquis un droit de propriété sur tous. Et Jésus compare les prêtres qu’Il envoie pour prendre soin des âmes en son Nom aux moissonneurs des champs. Et Jésus fait cette recommandation :

« La moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson. » (Mt.9;38).

Aujourd’hui, je vous parlerai de ce que cette phrase signifie.

I – Premier sens : augmenter la puissance des prêtres

Saint Jean Chrysostome enseigne ceci. Après avoir dit ‘Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson’, Jésus n’adjoignit pourtant personne aux Apôtres. Ils restèrent douze. Il ne les multiplia qu’en ajoutant, non pas à leur nombre, mais à leur puissance. Envoyer des ouvriers à la moisson signifie donc augmenter la puissance des prêtres qui œuvrent au salut des âmes.

Mais qu’est ce qui fait la puissance du prêtre ? Est-ce la capacité de faire des miracles ? Non. Est-ce de prêcher avec virtuosité ? Non. Est-ce de devenir célèbre et d’avoir des contacts avec les élites sociales ? Non. Le prêtre est le représentant et l’instrument de Notre Seigneur. Sa puissance, c’est la puissance de Jésus Christ en lui. Un prêtre est puissant quand il laisse Jésus agir à travers lui sans y mettre d’obstacle. Donc un prêtre devient de plus en plus puissant au fur et à mesure qu’il devient plus humble, plus conscient de sa faiblesse, plus vide de sa volonté propre et plus attaché à la volonté de Notre Seigneur en toutes choses. C’est cette vérité que Saint Paul exprimait en disant :

« Je préfère bien volontiers me glorifier de mes faiblesses, afin que la puissance du Christ habite en moi » (2Cor 12;9).

Voyez Saint Jean-Marie Vianney, le Saint Curé d’Ars. C’était un prêtre d’une instruction humaine médiocre, curé dans un tout petit village perdu dans la campagne. Il n’avait quasiment pas d’argent. Il était un peu méprisé par les autres. Et pourtant, son humilité, son esprit de pauvreté, son amour pour Notre Seigneur, l’ont rendu si puissant de la puissance de Notre Seigneur que le démon lui dit un jour :

« Que tu me fais souffrir ! S’il y en avait trois comme toi sur terre, mon royaume serait détruit ».

Le petit curé du tout petit et pauvre village d’Ars est devenu si puissant par son humilité qu’il est devenu le Saint Patron de tous les curés de la terre. Ainsi, quand Notre Seigneur dit : « Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson », Il signifie ceci : « Demandez-moi de donner à mes prêtres des grâces puissantes d’humilité, de pauvreté, de chasteté, de charité, afin qu’étant vides d’eux-mêmes, ils soient remplis de moi et que ma puissance puisse s’exercer à travers eux sur les âmes sans aucun obstacle ».

II – Le deuxième sens : augmenter le nombre de prêtres.

Voyons maintenant le deuxième sens de la phrase de Jésus. Saint Jérôme l’explique ainsi : « La grande moisson signifie la multitude des peuples, et le petit nombre d’ouvriers, la rareté de ceux qui doivent enseigner. » Et Saint Rémi dit :

« Le nombre des Apôtres était bien petit en effet, en comparaison de ces vastes moissons. Or, le Sauveur exhorte ses prédicateurs, c’est-à-dire les Apôtres et leurs successeurs, à demander tous les jours que leur nombre s’augmente. »

Envoyer des ouvriers à la moisson signifie donc augmenter le nombre de prêtre sur terre. Le nombre de prêtres augmente par voie de vocation, ce qui signifie par voie d’appel. Dans un appel il y a deux côtés : il y a la personne qui appelle, et il y a la personne qui est appelée. Pour qu’un homme devienne prêtre, il faut donc considérer ces deux côtés.

La Personne qui appelle, c’est Notre Seigneur Jésus. C’est Lui le Sauveur des âmes, c’est Lui seul qui touche les cœurs, les convertit et les fait grandir dans l’amour de Dieu. Notre Seigneur se choisit librement des représentants pour transmettre sa grâce aux âmes et Il les appelle pour cela. Rappelez-vous la parole de Jésus à ses Apôtres : 

« Ce n’est pas vous qui m’avez choisi ; mais moi, je vous ai choisis, et je vous ai établis, afin que vous alliez. » (Jn 15;16).

Donc quand Notre Seigneur dit : « Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson », Il signifie : « Demandez-moi d’appeler un plus grand nombre d’hommes à devenir prêtres ». Et pourquoi Jésus veut-Il que nous Lui demandions cela ? Pour que nous comprenions que la grâce du sacerdoce est une grâce extraordinaire qui ne se mérite pas ; mais qu’elle ne s’obtient qu’en faisant appel à la bonté et miséricorde infinie de Dieu. Ceux qui ne demandent pas cette grâce montrent qu’ils n’en comprennent pas la valeur. Donc ils ne la méritent pas.

Dans une vocation, il y a la personne qui appelle, et il y a la personne qui est appelée. Si la personne appelée n’entend pas l’appel ou ne veut pas y répondre, alors l’appel est fait en vain. Donc quand Notre Seigneur dit : « Priez le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson », cela signifie aussi : « Demandez-moi d’envoyer des grâces puissantes sur ceux que j’appelle, afin qu’ils entendent mon appel et qu’ils y répondent généreusement ». En effet, il y a des appelés qui ne veulent pas faire le sacrifice de la chasteté parfaite. Il y a des appelés qui préfèrent satisfaire leur ambition mondaine plutôt que de prêcher Jésus Crucifié. Il y a des appelés qui ne veulent pas faire le sacrifice de leurs biens matériels, comme le jeune homme riche de l’Évangile.

Ceux que Jésus appelle ont besoin de grâces puissantes pour répondre à cet appel. Il faut donc demander ces grâces pour eux. Mais il ne suffit pas de prier en paroles. La vraie prière se prolonge dans l’action concrète. Sinon ce n’est que du blabla. Il faut aider les appelés à répondre positivement à l’appel de Notre Seigneur. Comment cela ? Généralement Notre Seigneur commence à appeler ses prêtres pendant leur enfance et adolescence. Donc il est très important de rendre les enfants et les adolescents capables d’entendre cet appel et d’y répondre. Comment cela ? En leur donnant de vivre dans une atmosphère profondément chrétienne. Que les parents soient généreux pour avoir des enfants ; qu’ils leur donnent ensuite une vie familiale qui bannit de son sein tout ce qui déplaît à Notre Seigneur, où Jésus et Marie sont vraiment le Roi et la Reine. Que les catéchistes instruisent avec conviction leurs élèves de la Foi Catholique et les guide dans la pratique quotidienne de cette Foi. À travers la Messe et les Sacrements, les sermons et les conversations, leur attention paternelle, leur zèle et leur joie au service du Seigneur, que les prêtres communiquent à leurs jeunes fidèles le désir de se dévouer à la gloire de Dieu et au salut des âmes. Entourer ainsi un enfant, un jeune homme d’une atmosphère profondément chrétienne, le dispose naturellement à répondre généreusement à l’appel de Notre Seigneur. Sans cela, les tentations du monde étoufferont probablement l’appel de Jésus.

Conclusion

Chers Amis, voyez la profondeur de cette simple phrase de Notre Seigneur : « Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson ». Cette phrase signifie : demander à Jésus des grâces pour ses prêtres afin qu’ils grandissent en humilité et sainteté ; Lui demander d’accorder le don du sacerdoce à plus d’hommes sur terre ; Lui demander d’aider les appelés à répondre généreusement à son appel ; promettre à Notre Seigneur de donner à nos enfants et à nos jeunes tous les moyens d’une vie profondément chrétienne.

Que Notre-Dame, Mère du Souverain Prêtre, intercède auprès de son Fils et nous obtienne toutes ces grâces. Amen.

Un prêtre missionnaire au Japon