La société inversée
Oyez ! Oyez ! Braves gens ! Bienvenue au charivari géant qui se déroule tous les jours de l’an sauf peut-être à carnaval qui n‘a plus de raisons d’être, pire qui serait dangereux puisqu’il remettrait les choses à l’endroit. Charivari nommé modernité. Vive la société moderne ! Quel bonheur, après tout n’avons-nous pas tout ce qu’il faut ?
Des médecins, qui autrefois, ringards, tentaient de sauver les vies, tuent aujourd’hui sur commande, et bientôt par devoir moral – un enfant malformé, le pauvre, mieux vaut le tuer que le laisser vivre ; un trisomique ? il n’est plus humain. Des pharmaciens qui vendent poisons et armes de torture pour les plus faibles. Des pilules pour la prise de drogue habituelle par toute la gent féminine qui se fait violence à longueur de journée. Des stérilets et autres outils pour permettre aux hommes d’abuser avec consentement, nouveau viol légal par devoir amoral.
Des entreprises, qui autrefois, paternalistes, sous le nom de corporations assemblaient des hommes dans une même fin et une œuvre, ne sont que des machines à billets de banque pour billets de banque. Des patrons qui ne sont plus des pères ou des guides, mais des abuseurs de pouvoir, frustrés et victimes du syndrome de l’ancien esclave qui se venge. Des salariés esclaves d’eux-mêmes et de leurs faux besoins, loin de ces artisans ou maîtres d’œuvre, nouveaux fonctionnaires d’entreprises anationales, déracinés, hors sols, sans plus de liens solides dont le seul déversoir, le seul exutoire est la dépense inutile. Des industries agro-alimentaires qui mettent des poisons dans la nourriture.
De l’argent, beaucoup d’argent, mais jamais assez pour les gens, qui autrefois était un moyen imparfait pour rendre les échanges plus pratiques, est devenu l’alpha et l’oméga de toute la vie humaine. Il faut plus toujours plus.
Des hommes d’État qui se servent eux-mêmes en abandonnant les citoyens, leurs nouveaux objets-jouets, mais certainement plus sujets, juste velléitaires faiblards dont le défouloir des élections ne les frustrent que plus dans la constatation habituelle de la trahison et de l’abus de pouvoir des pseudo-dirigeants. Des hommes d’État qui liquident la souveraineté de la France tout en se prenant pour Dieu, certains pour leur profit personnel, d’autres pour le plaisir malin de pervertir les autres selon leurs propres complexes. Un pouvoir qui ne peut plus rien, si ce n’est se mêler de ce qui ne le regarde pas, mais qui laisse les bandits courir et tuer les Français, la monnaie frappée par l’étranger, l’armée désarmée, la diplomatie sans volonté ni vision long-terme.
Des politiciens abuseurs d’appareils. Des contestataires qui profitent de la vague qui ne rêvent que de monter sur l’appareil ultime nommé État pour en abuser à leur tour.
Des fonctionnaires parfaits esclaves du système et boulons de l’appareil, pointilleux sur la lettre mais sans esprit, et plus jamais serviteurs des Français. Des policiers pour arrêter les justes et laisser les méchants dans l’impunité. Des juges qui punissent sévèrement l’honnête homme et relâchent les criminels. Le Public à usage privé et le Privé sous les yeux publics. Les journalistes vomisseurs de la doxa révolutionnaire, sans plus jamais informer. Les cérémonies d’insultes aux morts et de salissure du passé, dans la pleurnicherie générale. Les fêtes devenues parangon de déchéance et de dissolution du lien, loin de ces fêtes de village d’antan. Des villes formidables – au sens étymologique – où l’on a peur donc, alors que dans une société saine la présence de congénères devrait au contraire sécuriser.
Des psychologues pour des maladies inconnues avant la modernité et qui remplacent piteusement nos curés, les curateurs de l’âme – âme qui se fait nier d’ailleurs. Des impôts extorqueurs usés à des fins obscures au mieux, perverses au pire. Des universitaires dont la passion est de détruire le savoir. Des historiens qui détestent le passé et leurs ancêtres. Des plumitifs qui se nomment écrivains sans style. Des éditeurs cherchant l’argent au prix du déshonneur de vendre du mauvais français. Des banquiers qui prêtent comme si ce n’était pas leur argent. Des marchés, véritables casinos, dont la fonction de financement semble ne plus exister. Des « présidents » en tout genre sans plus de souveraineté et simples communicants. Des urbanistes qui enlaidissent les villes. Des artistes adorateurs du laid. Des restaurateurs qui ne servent que des plats tout faits, en mettant à la poubelle toute la fierté du cuisinier. Des vendeurs de babioles abusant de l’ignorance des clients, sans plus de considération du travail bien fait.
Des serveurs qui considèrent que les clients doivent le servir. Des éboueurs qui entassent les ordures. Des hôtes qui vous envahissent. Des fils qui détestent leurs parents. Des couples qui s’exècrent au lieu de faire un, harmonieusement. Des déviants de toute sorte qui se croient norme devant faire dévier tous les autres. Des amis qui trahissent. Des hommes émasculés. Des femmes dévergondées.
Des transporteurs qui plantent leurs passagers. Des raffineurs qui restent grossiers. Des pacifistes qui provoquent la guerre. Des étudiants qui n’aiment pas l’étude, la considérant comme un passeport pour les diplômes inutiles qui sanctionnent l’incompétence. Des grandes écoles pour faire carrière, et non plus pour servir. Des agriculteurs qui détruisent les cycles naturels, qui ne sont plus paysans. Des écologistes qui détestent au fond la nature, et veulent manipuler l’homme. Des amoureux des bêtes qui sont idiots à manger du foin. Des gendarmes fonctionnaires, oublieux de leur passé chevaleresque et militaire. Un légalisme affolant ne cherchant jamais le Bien.
Des adultes éternellement enfants. Des anciens qui tremblent devant la mort. Des jeunes lâchés aux affres de l’anarchie et de la déconstruction.
Une République inverse de la res publica.
Les exemples sont sans fin. Le tableau de l’absurde est sous nos yeux, pour ceux qui veulent bien les ouvrir. Le mauvais souvenir semblera tellement inconcevable aux sujets de l’avenir qu’il leur sera difficile de le croire et de le réaliser concrètement. Il est beau notre temps, non ?
Mais nous avons un Roy, notre bon Louis XX, toujours là, dans la constante des âges, incarné, invariable, notre ancre à tous, notre port, dans ce naufrage général. Notre Roy dans la droiture légitime, c’est-à-dire droit en principe, nous fait de plus la grâce de vivre à l’endroit.
Peu importe le naufrage. Tant que notre frêle esquif se dirige dans la droite direction, aussi forte que soient les vents contraires, et aussi lente que soit la progression, alors la terre promise poindra tôt ou tard à l’horizon. Il suffit de rester ferme et à l’endroit sur des générations et générations autour de notre Roy, notre roc, notre guide !
Pour Dieu, Pour le Roy, Pour la France
Paul de Beaulias