Histoire

[CEH] La tapisserie en France de Catherine de Médicis à Henri III, par Arnault Brejon de Lavergnée

La tapisserie en France, de Catherine de Médicis à Henri III

Par Arnault Brejon de Lavergnée

L’art de la tapisserie est encore peu connu à cette époque qui va de 1547 à 1589, mais on peut retenir quelques exemples de créations absolument remarquables.

La tenture de L’Histoire de saint Mammès

Pierre Blasse, Jean Cousin le Père et Jacques Langlois,  Saint Mammès venant se livrer au tribunal du gouverneur de la Cappadoce, Paris, musée du Louvre, OA 9327.

M. Roy a publié en 1914 les marchés par lesquels le cardinal de Givry commandait le 14 juillet 1543 les huit cartons de L’Histoire de saint Mammès à Jean Cousin le père, pour la somme de 200 écus d’or, et en confiait l’exécution le 29 janvier 1544 à deux lissiers parisiens, Pierre Blasse II et Jacques Langlois, moyennant 640 écus d’or.

Ces tapisseries étaient destinées à décorer le chœur de la cathédrale de Langres. Trois aujourd’hui sont encore conservées dans cette cathédrale : Saint Mammès prêche l’évangile aux bêtes sauvages, Saint Mammès venant se livrer au tribunal du gouverneur de Cappadoce et Le Martyre de saint Mammès.

Le tissage est laine et soie, avec ses fils au centimètre : l’artiste Jean Cousin conserve un style de composition dans la tradition du XVe, mais les opulentes bordures sont inspirées par les décorations du Rosso. Dans la partie supérieure, on décèle les armoiries de Claude de Longwy, cardinal de Givry, évêque de Langres.

La tenture de L’Histoire de Diane

Faubourg Saint-Marcel (Maëcht et Taye), Les Paysans changés en grenouilles, Paris, Mobilier National, GMTT 15/1.

Cette tenture fut vraisemblablement commandée par Henri II pour décorer l’un des appartements du premier étage du château d’Anet. En raison des copies successives, il est difficile de préciser exactement quelles pièces ont appartenu à la suite originale. L’histoire de la déesse chasseresse est mise ici en parallèle avec la vie de celle qui fut l’élue d’Henri II. Les dizains situés dans les cartouches supérieurs des tapisseries explicitent les scènes représentées et sont inspirés par les Métamorphoses d’Ovide. Qui est l’auteur des cartons ? De nombreux noms ont été prononcés dont Cousin le père ou Luca Penni, il n’est pas certain qu’un seul et même artiste soit l’auteur des cartons. Et où la tenture fut-elle tissée ? On a parlé d’une réalisation de l’atelier de Fontainebleau (Fenaille) ou des ateliers de la Trinité fondés par Henri II en 1551 (Goldsmith-Philipps), par comparaison avec le tissage de celui de l’Histoire de saint Mammès.

La tenture de La Fête des Valois

Manufacture de Bruxelles, Assaut à l’éléphant, Florence, Musée des Offices

Conservée aujourd’hui au Musée des offices de Florence, elle fut tissée à Bruxelles entre 1582 et 1585. La tenture comporte huit tapisseries représentant les Fêtes à la cour des Valois ; elle fut sans doute tissée pour l’entrée de François d’Alençon, dernier fils de Catherine de Médicis à Anvers en 1582 et probablement offerte à Catherine de Médicis par les ambassadeurs néerlandais venus en 1585 renouveler leur alliance avec Henri III. La reine Catherine en fit don à sa petite-fille Christine de Lorraine lors de ses fiançailles avec le duc Ferdinant Ier de Médicis en février 1589. Les cartons de l’ensemble ont été attribués depuis les études de F. Yates, à Lucas de Heere qui dessina les décorations des fêtes de 1582 ; on comprend mieux désormais combien l’influence de Caron reste lointaine.

En conclusion, on peut mentionner la tenture d’Artémise dont le projet de tissage revient à Catherine de Médicis. Antoine Caron exécuta de superbes dessins, mais dont l’exécution est nettement plus tardive, à l’époque de Henri IV.

Arnault Brejon de Lavergnée
Conservateur des collections du Mobilier national

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