Nos rois étaient intelligents et connaissaient l’homme : logique et morale, les mamelles de la (bonne) vie., par Paul-Raymond du Lac
Bossuet fut chargé de l’éducation du Dauphin à l’époque de Louis XIV, Dauphin qui n’a jamais régné, ce que l’on peut déplorer vue la formation solide qu’il avait reçu.
Pour restaurer notre pays, il suffirait de prendre l’éducation faite au Dauphin de Bossuet et l’enseigner pas à pas, en explicitant, dans toutes les écoles de France et de Navarre, et déjà tout irait mieux : car comment restaurer sainement si les fondements de la pensée et de l’action ne sont pas sains et dirigés par les passions, et les idéologies idéalistes ?
Alors revenons aux bases de ce qui fait que nous sommes des hommes, et non des bêtes, ni des anges, et repartons sur des définitions de base, vraiment de base, qui permettent de se rappeler quels étaient les fondements de la civilisation chrétienne constituée dans son corps politique dans l’ancien temps.
Bossuet expose comme la substantifique moelle de ces fondements, exprimée simplement, et pour l’éducation d’un futur roi.
Retenons ces enseignements, car comment restaurer une royauté qui respecte notre nature si nous ne connaissons pas bien notre nature ? Et comment nous parfaire si nous ne connaissons pas comment nous sommes faits, et ce qui fait la perfection humaine ?
« L’homme qui a fait réflexion sur lui-même, a connu qu’il y avait dans son âme deux puissances
ou facultés principales, dont l’une s’appelle entendement, et l’autre volonté : et deux opérations principales, dont l’une est entendre, et l’autre vouloir. Entendre se rapporte au vrai, et vouloir au bien.
Toute la conduite de l’homme dépend du bon usage de ces deux puissances. L’homme est parfait, quand, d’un côté, il entend le vrai, et que, de l’autre, il veut le bien véritable, c’est-à-dire la vertu.
Mais, comme il ne lui arrive que trop souvent de s’égarer en l’une ou l’autre de ces actions, il a besoin d’être averti de ce qu’il faut savoir, pour être en état, tant de connaître la vérité c’est-à-dire de bien raisonner, que d’embrasser la vertu, c’est-à-dire de bien choisir.
De là naissent deux sciences nécessaires à la vie humaine, dont l’une apprend ce qu’il faut savoir pour entendre la vérité, et l’autre ce qu’il faut savoir pour embrasser la vertu.
La première de ces sciences s’appelle logique, d’un mot grec qui signifie raison, ou dialectique
La seconde vient d’un mot grec qui signifie discourir; et s’appelle morale, parce qu’elle règle les mœurs.
Les Grecs l’appellent éthique, du mot qui signifie les mœurs, en leur langue.
Il paraît donc que la logique a pour objet de diriger l’entendement à la vérité, et la morale de porter la volonté à la vertu.
Pour opérer un si bon effet, elles ont leurs règles et leurs préceptes ; et c’est en quoi elles consistent principalement; de sorte qu’elles sont de ces sciences qui tendent à l’action, et qu’on appelle pratiques.
Selon cela, la logique peut être définie « une science pratique par laquelle nous apprenons ce qu’il faut savoir pour être capable d’entendre la vérité; » et la morale « une science pratique par laquelle nous apprenons ce a qu’il faut savoir pour embrasser la vertu ; » ou, pour le dire en moins de mots, la logique est une science qui nous apprend à bien « raisonner, » et la morale est « une science qui nous apprend à bien vivre. »» (Bossuet, Oeuvres Complètes, 1879, Tome IX, p.108, les parties en gras sont de nous)
Il faut ainsi apprendre à bien raisonner (la logique) et à bien choisir (la morale), qui nous porte à la vertu (la bonne vie).
En ce sens on comprend que la politique est traditionnellement une sous-science pratique de la morale : il s’agit de bien choisir non pour son perfectionnement personnel mais pour le perfectionnement du corps politique, et la vertu de ses membres, bref pour le bien commun.
Formons-nous et réapprenons les fondements de ce que nous sommes, non pas pour rester dans une sorte de quiétisme amorphe, mais bien pour tendre à une action dirigée par la vérité (qui est, pour rappel, un jugement en adéquation avec la réalité telle qu’elle est) et donc tendant à la vertu, qui sont les bonnes actions, dites bonnes car nous perfectionnant, et nous aidant à atteindre notre fin – que nous avons inscrite en nous, et que nous ne pouvons pas choisir par nous-mêmes. Il s’agit ainsi de bien choisir.
Et pour restaurer ce pays, pour restaurer le trône de France, il y aura de nombreux choix à faire !
En attendant de devoir choisir – que Dieu nous en garde – formons-nous et pourvoyons au pire. Soyons prêts.
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France,
Paul-Raymond du Lac