Sermon sur le Purgatoire
Nous sommes aujourd’hui le 2 novembre, date à laquelle nous nous rappelons de tous les fidèles défunts. En ce jour, et durant tout le mois de novembre, nous commémorons et nous prions plus particulièrement pour ceux qui sont au Purgatoire.
Aujourd’hui, je vous rappellerai donc ce qu’est le purgatoire et comment nous devons aider ceux qui s’y trouvent.
La notion de purgatoire
Le mot « Purgatoire » signifie « purification ». Il désigne la condition des personnes qui sont mortes en état de grâce, mais qui n’ont pas complètement expié leurs péchés. Elles ne peuvent pas partager la vie et le bonheur de Dieu, car Dieu est absolument saint et seulement ceux qui sont absolument saints peuvent partager sa vie. Notre Seigneur Jésus a dit : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5,48). Une fois leur purification terminée, les âmes du Purgatoire vont au Ciel.
Par extension, nous appelons Purgatoire le lieu où ces âmes sont purifiées. Où se trouve ce lieu ? Nous ne le savons pas car cela ne nous a pas été révélé.
L’existence du Purgatoire
Le Purgatoire existe bel et bien. Par un simple raisonnement, on peut deviner son existence. En effet, nous savons que les personnes qui meurent en état de péché mortel, c’est-à-dire en état d’inimitié avec Dieu, sont punies en enfer pour toujours. Nous savons que personne ne peut aller au Ciel s’il n’est pas absolument pur, c’est-à-dire s’il n’a pas pleinement expié ses péchés. Alors, qu’arrive-t-il aux personnes qui meurent en état de grâce mais qui n’ont pas expié complètement leurs péchés ? Elles ne vont pas en enfer, et elles ne peuvent pas aller au Ciel. Il doit donc exister un lieu où, après la mort, elles peuvent achever l’expiation de leurs péchés.
Nous connaissons l’existence du purgatoire avec certitude par la Révélation. Dans les Saintes Écritures, dans le livre des Macchabées, le Saint-Esprit dit :
« C’est une pensée sainte et salutaire de prier pour les morts, afin qu’ils soient libérés de leurs péchés. » (II Macc 12;46).
Mais les gens en enfer y restent pour toujours ; rien ne peut changer leur situation misérable ; il est donc inutile de prier pour eux. Les Saints du Ciel sont entrés dans la vie et le bonheur éternels ; rien ne peut leur faire perdre leur bonheur : ils n’ont donc pas besoin de notre aide. Ainsi, si le Saint-Esprit dit que « c’est une pensée sainte et salutaire de prier pour les morts, afin qu’ils soient libérés de leurs péchés », il parle nécessairement de personnes qui ne sont ni en enfer ni au Ciel, mais qui sont empêchées d’entrer au Ciel à cause de leurs péchés.
Le purgatoire est une prison et un lieu de souffrance
Le purgatoire est une prison et un lieu de souffrance où nous expions nos péchés. Lorsque nous commettons un péché, nous faisons mauvais usage de notre liberté et nous nous opposons à la volonté de Dieu. Nous expions cet aspect du péché au purgatoire en étant privés de notre liberté et en étant séparés de Dieu pendant un certain temps. Le purgatoire est une prison. Notre Seigneur Jésus a dit :
« En vérité, je vous le dis, tu n’en sortiras pas que tu n’aies payé le dernier sou » (Mt 5, 26).
Lorsque nous commettons un péché, nous nous accordons une satisfaction ou un confort illégitime, que ce soit par orgueil, avarice ou sensualité. Nous expions cet aspect du péché au purgatoire en endurant des souffrances correspondant au nombre et à la gravité de nos péchés. Plus nos péchés sont graves, plus la souffrance est intense ; plus nos péchés sont nombreux, plus notre souffrance dure longtemps. Le purgatoire est un lieu de souffrance par le feu. Pourquoi par le feu ? Plusieurs fois dans la Bible, Dieu compare la purification spirituelle des hommes à la purification de l’or et de l’argent dans le feu. Par exemple, dans le livre des Proverbes :
« Comme l’argent est éprouvé par le feu, et l’or dans la fournaise, ainsi le Seigneur éprouve les cœurs » (Pr 17,3).
Les personnes au Purgatoire sont précieuses comme l’or et l’argent, car elles ont la grâce sanctifiante ; mais leur manque d’expiation pour leurs péchés est comme les impuretés mélangées à l’or. De même que par le feu les impuretés sont enlevées et l’or est purifié, ainsi par le feu du Purgatoire les gens expient leurs péchés et sont rendus parfaitement saints.
La plupart des théologiens sont d’accord pour dire que les souffrances du purgatoire sont plus terribles que les pires souffrances de cette vie sur terre. Thomas A. Kempis, l’auteur de L’Imitation du Christ, a écrit :
« Au Purgatoire, une heure de tourment est plus terrible que cent ans de pénitence rigoureuse faite ici-bas ».
Et saint Bonaventure explique : Dieu est davantage satisfait d’une pénitence plus légère mais faite volontairement pendant cette vie sur terre, que d’une pénitence plus grande mais subie par obligation au Purgatoire ; et donc le manque de volonté de faire pénitence sur terre doit être compensé par une souffrance plus intense au Purgatoire.
Notre aide aux âmes pauvres
Les âmes au Purgatoire ne peuvent rien faire pour raccourcir leur temps au Purgatoire. Elles ne peuvent que supporter la souffrance de leur purification jusqu’à sa fin, car leur temps pour acquérir des mérites est terminé. Mais nous, nous pouvons faire quelque chose pour eux, nous pouvons les soulager de leurs souffrances et hâter leur entrée au Ciel. Comment cela est-il possible ? Les personnes du Purgatoire sont en état de grâce ; si nous sommes nous aussi en état de grâce, alors nous sommes spirituellement unis à elles de telle sorte que le bien que nous faisons peut leur profiter. C’est un peu comme plusieurs vases communicants reliés entre eux par un tuyau : si vous versez de l’eau dans l’un des vases, l’eau ira dans tous les autres vases. Voici la foi catholique : « Les âmes du purgatoire sont aidées ou soulagées par les prières, les satisfactions, les aumônes des vivants sur terre, par les indulgences que les fidèles leur gagnent et surtout par l’offrande du Saint Sacrifice de la Messe ».
Conclusion
Chers fidèles, si quelqu’un était rôti sur le feu devant nous, dans de terribles souffrances, nous contenterions-nous de le regarder sans rien faire pour le sauver ? Non, nous ferions certainement tout notre possible pour libérer cette personne d’une telle torture. Mais ce que les gens souffrent au purgatoire est bien plus affreux que rôtir sur un feu. Ne soyons donc pas indifférents à leur situation pitoyable, mais aidons-les en priant pour eux, en multipliant nos sacrifices et nos œuvres de charité et en appliquant à leur profit nos mérites.
Pour conclure, permettez-moi de vous rappeler cette anecdote que nous lisons dans la vie de saint Bernard. Un religieux, dont la fidélité à la Règle n’avait pas été parfaite, mourut. Il alla au Purgatoire. Avec la permission de Dieu, il apparut à saint Bernard pour lui demander de l’aide. Le saint abbé, ainsi que tous ses disciples, offrirent avec zèle des prières, des jeûnes et des Messes pour ce pauvre religieux. Ce dernier fut alors rapidement délivré. De nouveau, avec la permission de Dieu, il apparut, plein de gratitude, à un vieux moine de la communauté qui avait spécialement prié pour lui. Le vieil homme demanda alors au religieux défunt ce qui l’avait aidé le plus. Le religieux défunt ne répondit pas, mais il prit le vieil homme par la main et le conduisit à l’église où une Messe était célébrée. Et il dit en montrant l’autel : « Voici le grand Pouvoir rédempteur qui a brisé mes chaînes ; voici le Prix de ma rançon : l’Hostie du salut, qui enlève les péchés du monde ».
Que Notre Dame de la Merci intercède pour les Âmes du Purgatoire. Amen.
Un prêtre missionnaire au Japon