Chroniques du Far East – Ouest Tokyo, par Paul de Beaulias
La municipalité où je vis, de l’ouest Tokyo, et qui s’appelle « Ville de Ouest Tokyo » (d’une trivialité pratique certaine), envoie à ses citoyens deux fois par mois un journal de la ville, où l’on est censé trouver tout ce dont nous aurions besoin en rapport avec la vie de la ville.
A chaque fois que je l’ouvre, je tombe sur des passages tout à fait drolatiques – si ce n’était tragiques – alors je me suis dit que j’allais vous les faire partager, car ils nous apprennent beaucoup de ce qu’est un monde sans religion.
1 Le service des condoléances
En page 3, dans un petit encadré, les citoyens sont informés qu’un service de condoléances est disponible gratuitement et sur réservation. Qu’est-ce que c’est que cet animal ?
Pour ceux qui ont fait une déclaration de décès, ils peuvent aller demander conseil aux gens de la mairie. Rassurez-vous, a priori ce n’est quand même pas pour vous faire dire des condoléances par des fonctionnaires – encore que ce n’est pas bien clair – mais pour aider aux démarches post-mortem…
Avec la publicité des vieux qui propose des services pour « bien terminer sa vie », au même niveau que « trouver un boulot », et « trouver son âme sœur », nous sommes dans une banalisation du moment le plus important de la vie, la mort.
Vous pouvez payer ou pas, mais on vous rassurera de façon très humaine par des préparations bien chères pour ne pas vous faire oublier après que vous avez cagné. Et puis, dans l’univers mental bouddhisé, comme on ne meurt pas vraiment, tout va bien, il ne s’agirait pas de s’inquiéter trop : alors profitez de la vie, faites vos affaires humaines, même pour la mort, et surtout, surtout, ne commencez pas à réfléchir sur le fait que la mort est irréversible et que tout est vain sur cette terre.
Cela pourrait vous conduire à la conversion, sait-on jamais…
En France, la mort est occultée à l’excès, ici elle est banalisée à l’excès, comme si c’était un simple passage du stade étudiant, à salarié d’entreprise, ou de salarié à la retraite…
2 Enfin la cinquième dose !
La cinquième dose enfin disponible pour les accrocs à la piqûre !
Dommage, ils exigent quand même au moins trois mois d’espacement avec la quatrième dose. Je ferai peut-être une pétition, car je trouve injuste qu’on empêche ainsi les citoyens de se piquer toutes les semaines s’ils le veulent, surtout qu’il n’y a plus de pénurie de stock ! Ou alors, c’est que ce serait dangereux… Euh, c’était le sujet à ne pas aborder, pardon. Hum hum.
Mieux ! Ca y est, il y a des vaccins corona pour les enfants à partir de six mois ! Ils sont « spéciaux » pour enfants. La différence avec ceux des adultes ? Euh… aucune, mais ils tuent plus vite vu que les enfants sont plus fragiles. Ils sont pour enfants.
Nous avons même reçu une belle lettre de la mairie pour nous informer individuellement pour les enfants « éligibles » au vaccin, trop gentil ! Au cas où on ne saurait pas lire le journal. Évidemment remboursé, pour booster un peu plus le chiffre d’affaire de Pfizer.
Heureusement quand même, il y a écrit en pas trop petit que l’on n’est pas forcé de faire piquer les enfants. Le fait de le préciser indique bien que ce n’était pas évident…
3 Et on arrose la clientèle avant les élections
Des élections municipales et partielles approchent en décembre.
Comment ai-je su ?
J’ai vu en page 9 un encadré qui indique que la ville va donner l’équivalent de 100 euros par enfant courant décembre. Pourquoi ? Comme ça (officiellement, les conséquences du corona et de l’inflation). Et sans prévenir. Et pour rien.
En vrai, on a compris, le conseil municipal se rappelle au bon souvenir des familles avant les élections.
Non, non, ce n’est pas du clientélisme, ne vous inquiétez pas.
4 Argent contre information
Ah oui aussi, la métropole de Tokyo donne 1000 euros à chaque naissance !
C’est nouveau, sauf que l’on ne vous donne pas 1000 euros.
On vous donne une carte de 1000 points à utiliser sur le site « aide pour l’enfance » de la métropole.
Pour les relations publiques, ils font comme si on vous donnait 1000 euros en cash, mais en vrai, il faut s’enregistrer sur le site, et pour pouvoir utiliser ses points (sur des biens de consommation liés à l’enfance, et qu’ils mettent un mois à envoyer après commande), il faut répondre à une « enquête » obligatoire, où l’on vous demande combien d’enfants vous voulez, si vous pensez que c’est bien de donner la fessée à l’enfant, combien vous gagnez, si votre femme a déjà travaillé, si elle travaille, si elle veut travailler encore… En tout au moins 50 questions de police incroyables…
Seuls les vaccins ont été oubliés…
Bon, une enquête est une enquête, on peut répondre approximativement, nous ne sommes pas sous serment.
Intéressant sur le nombre d’enfants désirés, on peut choisir « 5 ou plus » au plus… Bon, vu qu’on a déjà 5 enfants…
5 Envoyer un colis en France
J’ai envoyé un colis en France, et c’est la galère. Outre qu’il faille maintenant s’enregistrer sur internet, et être fliqué à toutes les étapes, il faut en plus payer, car seul « l’EMS » est disponible – ou le bateau, mais là comptez 3 mois. Vous remplissez tout, et là, on vous fait signer au moins 6 feuilles !
Il faudrait que j’envoie quelque chose en Corée du Nord, à mon avis c’est plus simple…
À une prochaine fois pour des aventures nippones et modernistes.
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France
Paul de Beaulias