Abrégé de l’Histoire de France, par Bossuet. Partie 1 : Pharamond, Clodion et la Gaule
Nous vous proposons de revoir votre histoire de France, non pas à l’École de la République, ce serait une antihistoire, ni même à celle des nationalistes monarchistes du XXe siècle, tel Bainville, qui malgré leur bonne volonté ont oublié le Roi et la Religion, mais bien celle qu’apprenait le futur roi sous la direction d’un des plus grands noms de notre histoire : le cardinal Bossuet.
Vous y trouverez tout ce qu’il y a à savoir sur l’histoire de France, dans une optique d’enseignements pratiques de direction, ce dont nous avons cruellement besoin à notre époque plus qu’à toute autre.
Le bon Bossuet, avec une certaine objectivité, se borne à l’histoire et à la vraisemblance, évacuant au passage les aspects les plus improbables de notre légende nationale, dans le but ici de former un bon Roi.
Or, nous avons besoin de bons rois : dans nos familles, dans nos villages, dans nos entreprises et dans nos paroisses ! Alors formons-nous !
La Rédaction
LIVRE PREMIER
PHARAMOND (An 420)
Honorius tenait l’empire d’Occident : la puissance romaine était abattue par les guerres civiles et par les irruptions des Barbares, et tout l’État tombait en ruine par la faiblesse et la lâcheté de son chef, quand les Français, nation germanique qui habitait auprès du Rhin, tâchèrent de pénétrer dans la Gaule, où ils avaient depuis longtemps des établissements. Ils étaient encore païens, et la Gaule était chrétienne. Quelques-uns de nos historiens comptent Pharamond, fils de Marcomir, pour le premier roi des Français, et disent que ce fut environ en l’an 420 qu’ils l’élurent en l’élevant sur un bouclier, selon la coutume de la nation. Les Français étaient gouvernés par les lois saliques, ainsi nommées du nom des Saliens, la plus noble portion des peuples français. Les rois suivants les ont augmentées et éclaircies, mais elles étaient dès lors en vigueur. Voici ce qu’elles portaient touchant les successions :
« Dans la terre salique aucune partie de l’héritage ne doit venir aux femelles ; mais il appartient tout entier aux mâles. » Les terres saliques étaient celles qui étaient données aux Saliens, c’est à dire aux principaux d’entre les Français, à condition pour eux de faire leur service militaire, sans aucune autre servitude ; ainsi, il n’est pas étonnant que les femmes en fussent exclues. Ceux qui savent nos antiquités ne doutent pas que cet article de la loi touchant les terres saliques ne vienne des anciennes coutumes de la nation, et n’ait été en usage parmi les peuples dès leur origine.
CLODION LE CHEVELU. (An 428.)
La partie des Gaules, voisine du Rhin, dont les Français s’étaient emparés en 428 sous la conduite de leur roi Clodion, surnommé le Chevelu, leur fut ôtée par Aetius, général des Romains, qui, les ayant vaincus, fit cependant un traité de paix avec eux en l’an 431. Mais six ans après, c’est-à-dire en 437, ce même Clodion, dont on fait commencer le règne en 428, passa le Rhin malgré Aetius, qui ne put l’en empêcher ; il entra même bien avant dans la Gaule, où il prit Tournai, Cambrai, avec tous les pays voisins de la Somme, et établit à Amiens le siège de son empire selon l’historien Roricon. Il mourut vers l’an 447.
Source : Œuvres complètes de Bossuet (Gallica), tome 10.
Commentaire de la Rédaction :
Remarquons l’exactitude de la référence à la loi salique, sans aucune erreur sur le fait qu’elle réglait la succession des terres militaires octroyées aux généraux barbares alliés à Rome, et notons à quel point cette loi salique, coutume mise par écrit sous Clovis, fut fondamentale dans notre droit dès la genèse.
Apprécions encore le point de départ du livre : Bossuet, avec raison, ne place pas nos origines dans « nos ancêtres les Gaulois », mais bien chez nos premiers rois. L’histoire de France est l’histoire de nos rois, qui ont adopté leur peuple comme de bons pères, religion comprise, telle que le voulut la Providence. Nos Rois firent la France, sans eux elle se défait… Alors, qu’ils reviennent vite !