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Réformer l’université – en cas de restauration, que faire ? (2)

L’objectif de ces quelques articles est de proposer ce que pourrait être l’université dans un royaume de France restauré à notre siècle.

Pour ce faire, après avoir rappelé la fin de l’université, nous commencerons par brosser un portrait de la recherche aujourd’hui, ses mérites, et surtout ses défauts, à corriger.

Nous ne pourrons pas être exhaustif, et l’idée est de donner les grandes lignes d’une restauration de l’université royale et catholique, qui n’appellent qu’à être développés dans ses détails.

Nous nous fondons sur la saine doctrine royale issue de notre tradition très chrétienne, que la doctrine légitimiste ne fait reprendre, et sur la sainte Foi catholique. Nous nous fondons aussi sur notre propre expérience de l’université et de la recherche.

Le premier article ci-dessous :

https://www.vexilla-galliae.fr/actualites/reformer-luniversite-en-cas-de-restauration-que-faire-1/

 

II. L’université aujourd’hui

  1. Elle a perdu sa fin, à savoir la vérité.

L’université moderne est fille de la modernité, et donc, par force pourrait-on dire, elle a perdu sa fin première : elle ne recherche plus la vérité.

Soit qu’elle est devenue relativiste, et considère que chacun a sa vérité, et alors l’université n’a en fait plus de raison d’être, qui est justement d’éclairer une vérité objective, en adéquation avec le réelle, qui par définition ne change pas en fonction de nous.

Soit qu’elle évite soigneusement de parler de vérité, et oublie le but. L’université révolutionnaire a oublié que le bon chercheur est celui qui fait de bonnes conclusions, des conclusions justes : aujourd’hui, on croit que le bon chercheur est celui qui est bon technicien, celui qui respecte la méthode.

Mais pour quoi ?

Plus grand monde ne le sait.

D’où les maux que nous observons aujourd’hui : production scientifique à la fois pléthorique et souvent sans intérêt dans ses sujets et dans ses conclusions, fonctionnarisation du chercheur, qui, ne cherchant plus la vérité, s’ennuie, et donc soit se perd dans des fantaisies quasiment superstitieuses, soit craint la vérité, et s’alignent systématiquement sur les idéologies du moment, pour avoir des financements.

  1. Les chercheurs sont soumis au monde

La conséquence immédiate de cette perte de la recherche de la vérité, est non plus la soumission à la vérité objective, puisqu’elle n’est plus, mais aux vérités idéologiques du moment.

Cela est accentué par la soumission des chercheurs, qui ne sont plus ni moines, ni nobles – qui étaient, eux, indépendants et libres dans leur recherche par rapport au monde, ils n’étaient esclaves que de la vérité. Qu’il est devenu normal aujourd’hui de choisir son thème de recherche en fonction de la mode, ou, pire, des financements potentiels, et des places à acquérir…

La vérité est le dernier des soucis.

Certes, grâce à la longue histoire catholique de notre pays, et la concurrence catholique, la vérité se réinvite, par force, ici et là, mais cela est en train de disparaître, et c’est par hasard peut-on dire.

Nous allons à ce rythme arriver au stade ésotérique de la science, dont le corona nous donne un avant-goût effrayant : chacun dans son délire religieux et superstitieux cherchera à user de sa raison non pas pour trouver la réalité, mais pour faire coller la réalité à l’idéologie, ou au sentiment. Cela étant impossible, la raison s’aveugle et se ment, et on arrive à la magie. Cette lente évolution de la science a commencé à la Renaissance, avec ses soi-disant intellectuels, qui étaient tout autant hermétistes, ésotéristes ou que sais-je encore.

Cette évolution est en fait un retour au stade pré-chrétien de la science, ou toute science est aussi une doctrine superstitieuse avec des pratiques souvent ésotériques voire chamaniques.

Je travaille au Japon, et je peux vous dire que dans l’histoire de ce pays, tout ce qui est « érudit » est toujours superstitieux, fumeux, et vient justifier les pires doctrines, ou les pires folies.

Quand une vérité est dite c’est souvent par hasard, ou alors quand, vraiment, la nier revient à fonder un ordre systématiquement désordonné, et donc invivable…

  1. Une soumission à l’État

L’aspect corporatif de l’université est aussi en voie de disparition. Certes, en France, du fait d’une histoire millénaire, il reste un certain corporatisme coutumier, et tant mieux, mais cela aussi est en train de disparaître.

Travaillant à l’étranger, je peux le dire : ici au Japon, sans tradition universitaire pré-moderne et chrétienne, pas de corporation. Les professeurs sont des salariés dont on exige de plus en plus de tâches absurdes et sans rapport avec leur métier. En France, j’ai l’impression que ces tâches restent si ce n’est plus limités, plus facilement refusables : le professeur est au-dessus des administratifs, en pratique, et il fait ce qu’il veut ; au Japon, le professeur est soumis aux administratifs…

Sans compter l’emprise de plus en en plus absolu de l’État qui fourre son nez partout, dans tous les curriculums, et bientôt même dans le travail et les méthodes des chercheurs…

Plus de Roi patron pour protéger les universités, plus de Pape pour garantir la doctrine, juste un léviathan aux doctrines mouvantes mais toujours totalitaires qui veut soumettre ses clercs de l’esprit à sa volonté passagère, là où le roi leur donnait des privilèges pour assurer leur indépendance et les moyens de remplir leur vocation.

N’oublions pas que l’université n’existerait pas sans le Roi de France (ou d’autres souverains catholiques) et sans le Pape (et je souligne, les deux).

  1. L’oubli de la transmission

Les universitaires, ne recherchant plus la vérité, ne veulent pas non plus la transmettre à l’extérieur, oubliant le second pilier de la vocation universitaire (recherche de la vérité, et sa transmission).

L’oubli du Dieu trinitaire a des conséquences incalculables !

Les universitaires se complaisent, au mieux, dans des travaux certes minutieux mais inutiles, d’autant plus inutiles quand ils ne font que se soumettre aux injonctions du monde (car les grandes découvertes sont toujours contre le monde), au pire dans la promotion d’idéologies délétères, ou se fourvoient dans une sorte de « peopolisation », quand ils osent sortir au dehors.

  1. Il ne reste que la méthode et l’appréciation des pairs

Il ne reste plus que la méthode, issue des temps très chrétiens et qui est le plus difficile à extirper. Un monde ayant perdu la Foi peut encore profiter de ces excellentes « recettes », comme nous profitons de bonne procédures pénales issues de siècles de justice chrétienne.

Mais sans la racine de la foi et la sève chrétienne, cela ne durera pas…

En attendant, la méthode, et l’appréciation des pairs conservent une certaine efficacité.

Il ne faut donc pas tout jeter !

  1. Un exemple : l’histoire

Parlons de mon domaine en guise d’illustration.

La fin devrait être d’éclairer les faits du passé, en les établissant, en connaissant les événements du passé, et d’en tirer les enseignements pour notre temps.

Cette fin n’est plus assumée ni officiellement, ni par la plupart des chercheurs. Et quand elle est encore poursuivie, c’est « par hasard », car c’est en fait cela qui est intéressant (et donc certains chercheurs veulent quand même savoir).

Alors l’histoire se résume à une méthode : l’exploration des sources, qui devient la fin. A la limite, il suffirait de tout dire en érudition sur un manuscrit, sans avoir jamais parler de son contenu, pour passer pour un excellent chercheur…

L’autre conséquence est la tendance à ne jamais parler des réalités derrière les sources, mais se contenter soit de l’analyse subjective attribuée à l’auteur (l’auteur dit que, mais on ne parle pas de ce dont il parle, ou on sous-entend que de toute façon cette réalité est décrite de façon subjective, donc au fond n’existe pas), soit de la pure historiographie (donc on tourne en rond, sans rien apporter sur les faits du passé), soit de se focaliser sur des détails absolument ennuyeux, pour éviter d’une part de parler de réalités importantes, et aussi pour se gargariser d’être experts des menus du roi au VIIe siècle, au jour le jour, terrain où personne n’ira vous concurrencer… J’exagère mais pas tant que ça non plus…

L’autre conséquence est l’abandon de la mission de transmettre hors de l’université, qui est laissé en pâture à tous les idéologues ou charlatans de l’histoire répandant tant de mensonges, un peu comme un Lamothe qui, payé à la ligne, disait n’importe quoi l’inquisition en son temps.

Autre conséquence : oubliant Dieu et sacralisant la méthode, les chercheurs veulent croire que l’on peut faire un travail parfait, comme si on était des dieux. C’est évidemment impossible : que se passe-t-il alors ? On limite les études à des sujets de détails, comme je le disais plus haut, puisque en cette matière on peut arriver à un résultat aussi parfait que limité.

Mais il y a une autre conséquence : l’obsession des recherches précédentes. Comme si, dans une idéologie progressiste, chaque étude venait parfaire l’édifice de toute la recherche.

Et donc, il faudrait lire toute la littérature passée.

En fait c’est absurde. Cela était certainement possible quand l’université a été fondée au XIXe siècle : les premières générations n’avaient personne avant, donc elles ne regardaient que les sources. Et elles donnaient le ton. Si le ton était bon tant mieux, s’il est mauvais, le chercheur en pâtit aujourd’hui, car il devient quasiment impossible d’en sortir: tout doit en effet se valoir, la bonne recherche comme la mauvaise. La seconde génération n’avait qu’une génération à traiter, mais après près de 150 ans de tradition universitaire moderne, pour parvenir à lire tout une littérature, il faut toujours plus limiter le champ d’investigation (car nos capacités restent limitées). Encore une ou deux générations, et on aura un gros problème : cela commence déjà. En fait, de nombreuses études précieuses sont déjà oubliés, et la qualité se dégrade rapidement.

Mais comme le critère est juste d’avoir tout lu, après on peut raconter n’importe quoi… tant que c’est la conclusion ou l’incipit.

Mais dans tous les cas, la méthode reste effectivement solide : si on oublie l’introduction et la conclusion des papiers, les faits cités, à part mensonge express, sont exacts. Peut-être sans aucune vision, peut-être sans en tirer les conséquences, peut-être voilés ou déconnectés de la réalité, mais l’information est là, souvent.

Et, souvent, ces informations sont contradictoires avec la conclusion alléguée.

Il suffit de lire, et de travailler à la lumière de la Révélation – sans le dire, car on se fait éjecter sinon – c’est facile en fait.

Et ma génération a la chance d’arriver après des générations très révolutionnaires et très athées : d’une part, dire aujourd’hui quelque chose de très « tradi », et d’absolument pas original à la lumière de la tradition, est très originale aujourd’hui, dans ce monde obscur, et comme notre temps aime le « nouveau », ça tombe bien.

Autre point : ces athées et révolutionnaires pensaient avoir gagner, alors quand ils avouent certaines vérités (ex : l’inquisition est un tribunal équitable, peut-être le plus sérieux et miséricordieux de l’histoire), ces conclusions n’en sont que plus fortes, puisqu’ils partent de présupposés opposés.

 

(à suivre)

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France

Paul-Raymond du Lac

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