La joie dans le devoir bien accompli !, par Paul-Raymond du Lac
La plus grande joie ici-bas pour un chrétien n’est-il pas dans le sacrifice assumé et résolu que demande l’imitation du Christ ?
Les sociétés traditionnelles, même non chrétiennes, connaissaient un avant-goût de cette joie dans le bonheur de savoir que l’on accomplit son devoir d’état, comme on dit : chef de maison, épouse, militaire, etc.
Certes, les païens ne connaissaient pas la fin supérieure et ultime que sont le Dieu trinitaire et incarné en Jésus-Christ : cela avait pour conséquences que cette joie, réelle, devenait en dernière instance motivée par un orgueil plus ou moins subtil. Que ce soit l’orgueil de ses ancêtres, de son pays, de sa maison, ou de son affaire, ou encore de son amour pour une personne, on cherchait à se sacrifier pour une cause plus grande, mais jamais assez grande aux yeux de Dieu.
Cela témoigne néanmoins de notre nature que le bon Dieu nous a donné : nous sommes faits pour servir une fin supérieure et accomplir notre devoir pour obtenir cette fin !
Dieu nous a créé comme cela pour que nous allions à Dieu.
Et le méchant sataniste, même dans sa haine de Dieu, ne peut désobéir à sa nature : il va faire tout pour se conformer à la fin qu’il s’est assigné ; le diable. De même pour tous les pauvres hommes ne connaissant pas Dieu : ils s’assignent une fin en ce monde, une quelconque idole sur cette terre (patrie, nom et honneur, amour politique ou conjugale).
Nos temps apostats descendent encore d’un cran dans la barbarie : la fin devient non plus une cause supérieure, mais son propre plaisir, ou son propre contentement. A la limite, au mieux, c’est sa carrière en entreprise ou en politique : nous avons une production en série d’esclave parfait du grand capital et des arrières-loges. Pourquoi ? Car notre liberté consiste à décider de qui nous serons esclave (soit notre maître, qui est la fin que nous nous assignons via notre libre-arbitre).
Le bon Dieu nous a fait tel pour que nous décidions de nous assigner comme fin Dieu, le plus aimable de tous les êtres, puisqu’il est celui qui est.
Nous serons donc toujours des esclaves, mais nous avons la liberté de choisir de qui ou de quoi.
Les « hommes libres » des empires païens ne l’étaient qu’en ce qu’ils se soumettaient à une fin supérieure, dont ils restaient esclaves (par exemple la gloire de Rome, ou de sa patrie), mais qui leur permettaient de se libérer de liens serviles inférieurs.
Ainsi un soldat combattant pour la gloire de ses ancêtres et son nom pouvaient s’imposer de grandes mortifications et dompter ses passions, pour cette fin. Mais il restait esclave de cette fin, et il était bon pour lui d’accomplir son devoir, d’où il tirait sa joie.
Le bon Dieu nous a mis ces fins supérieures pour nous aider à nous diriger vers la fin ultime qu’Il incarne : ayant un corps, il faut bien s’entraîner à s’ordonner à des fins plus accessibles pour nous aider à nous ordonner à notre fin ultime.
En ce sens, le Roi est la fin terrestre la plus proche de la fin surnaturelle en cette terre.
Le service au roi, et le sacrifice pour lui, dans une fidélité qui se fiche des passions humaines et se fait un point d’honneur à servir quoi qu’il arrive – et même pour le pire, comme une sorte de Job dans l’ordre politique – trouvera un grand bonheur dans le devoir bien accompli et une grande école pour mieux se conformer à Dieu, sa fin ultime.
Il n’est pas étonnant que la révolution et la modernité aient supprimé la royauté : par nature, elle se rapproche trop de l’ordre divin. Un Roi, comme un Dieu, avec ses ministres, son ordre, son service et sa fidélité. Ce n’est pas pour rien que des peuples païens très royaux se convertissent souvent massivement : d’un roi-dieu qui se prend pour un descendant du soleil, voire le soleil lui-même, il suffit de rétablir l’ordre, et de mettre Dieu au-dessus du Roi, et la conversion suit. Dieu est le vrai Dieu et le Roi des rois, et le roi terrestre, son élu et ministre, comme les ministres l’étaient du roi païen.
Sans roi, sans seigneurs, sans pères de famille, plus d’école à la fidélité, au service, aux devoirs et au sacrifice : alors oui, une restauration vite, pour mieux apprendre à servir Dieu !
Et dans le sens inverse, restaurons les valeurs de fidélité, de service, de devoir accompli et du sacrifice dans une pratique de ces vertus : la restauration commence par là ! Et nous pouvons tous les pratiquer partout dans nos sociétés (famille, travail, paroisse, etc). Et bien sûr au niveau individuel.
Apprenons ainsi à cesser « de se faire plaisir », mais à ressentir une saine joie de savoir le devoir accompli, dans des fins que nous acceptons et nous nous approprions.
C’est le chemin pour accéder à une sainte joie : le bon Dieu nous demande de librement consentir à la fin qu’Il nous a assigné, Lui-Même. Et ainsi, par un acte de volonté déterminé, nous nous approprions la fin qui est bonnes, nous nous assignons enfin la fin qui est la nôtre : cela nous libère, cela nous rend joyeux, et cela nous transforme en rocs solides contre toutes les tempêtes.
Et une fois la fin bien claire, bien définie, la nature que nous donne le bon Dieu, et les grâces qui viennent s’y greffer sont autant d’outils et de moyens pour atteindre notre fin.
La vie est ainsi un voyage, une aventure palpitante ! Pour arriver à Dieu.
Alors hauts les cœurs, le combat ne fait que commencer !
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France
Paul-Raymond du Lac