Lettre d’un émigré – Illusions visibles et réalités invisibles – Évocation de Pokémon Go
Après les nombreuses illusions invisibles des deux siècles passés qui dupèrent nombre d’hommes de bonne foi dans la poursuite folle, au mieux, destructrice, au pire, d’idées toutes plus démesurées et irréelles les unes que les autres dont les diverses maladies –ismatiques occupent le haut du pavois, notre époque tombe dans un autre travers, certes plus bénin puisqu’il ne fait pas de mort volontairement au moins : l’idolâtrie des illusions visibles.
Après l’idée inexistante et invisible, qui sort de la tête de divers illuminés et donnent le prétexte à tous les massacres et à toutes les démesures, à la satisfaction des ambitions les plus viles et la perversion la plus triste – dont le résultat évident est la surpopulation infernale après la fin de la vie- le petit monstre virtuel et visible, sorte de peluche d’un nouveau genre sans rien d’idéologique mais qui manifeste de façon éclatante la perdition chronique et générale de nos contemporains qui cherchent un échappatoire dans une virtualité irréelle mais visible, dans un besoin de concret presque spirituel que les vides et vains – redondance étymologique – idéalismes, même quand ils sont matérialistes – ce qu’ils sont toujours au fond dès que le divin est nié – ne satisfont plus.
Avec nos petits monstres de la réalité virtuelle augmentée qui pullulent dans l’irréalité visible un peu partout au point de provoquer lois, arrêtés et autres mouvements concrets et réels pour empêcher les troubles à l’ordre public, le monde est sens dessus-dessous. Comme les idées d’autrefois, ces irréalités, autrefois invisibles et nocives, aujourd’hui visibles mais beaucoup plus neutres, simple expression d’un mal être profond et d’un manque de recul chronique à la vie, provoquent le mouvement d’hommes dupes qui agissent, eux, en réalités avec des conséquences au pire, désastreuses, au mieux, inutiles. Autrefois l’enfer leur était promis, aujourd’hui ils gagneront peut-être avec un peu de chance le purgatoire.
Les choses s’améliorent en un sens, non ?
Il ne reste plus qu’à profiter de ce magma informe et la perte de sens général, qui a le mérite de libérer les gens de ces idéalismes fous qui nécessitent paradoxalement un minimum de tradition, puisqu’ils demandent une volonté ferme et formée – ce dont trop de nos contemporains ne sont plus capables – pour prier qu’enfin à nouveau tous reprennent conscience dans leur expérience et existence particulières de toutes ces réalités invisibles dont si longtemps nos illuminés de service ont voulu nier l’existence, pourtant si évidente et naturelle, en jouant de la moquerie, de l’arrogance et de défiance mécréante et scientiste – quand ils ne se gênent pas, par ailleurs, de croire en toutes les superstitions à une époque spiritiste et toujours scientiste, souvent idolâtre de tout ce que l’on veut, à commencer par le sexe et le corps, toutes les illusions transhumanistes et autres stupidités.
Ces réalités invisibles, Dieu, en définitive, sont pourtant de façon criantes présentes partout, à commencer dans et à travers toutes les réalités visibles de la création, dans la nature et dans toute vie, à commencer par les nôtres. Il faut être sacrément insensible au divin pour ne pas vouloir admettre la transcendance si immanente partout dans le monde. Il faut être sacrément aveuglé, ou détourné, pour ne pas vouloir voir tout ce passé divin, à commencer par Jésus, mais aussi avant lui et après lui dans ses actions continuées à travers les saints et les miracles.
Miracles d’ailleurs souvent appuyés par la science ces derniers siècles, comme la sainte tunique, ou le Padre Pio avec ses scarifications dont le sang avait un groupe sanguin différent de son propre sang. Tant de manifestations visibles, « il faut voir pour y croire » disent-ils. Vous n’arrêtez pas de voir les réalités invisibles partout, alors croyez ! Il suffit d’ouvrir ses yeux, et surtout son cœur qui permet de remarquer enfin ce qui restait jusque-là caché dans le décor et occulté par l’esprit recroquevillé et choqué par la déformation révolutionnaire.
Vous voyez les petits monstres, mais vous n’y croyez pas, puisqu’il n’y a rien à croire, ils sortent juste de l’imagination. Mais peut-être que cette familiarité avec le virtuel pourrait, par un paradoxe étonnant, ouvrir le cœur aux réalités invisibles, en faisant renaître à la sensibilité commune que toute réalité n’est pas palpable et que l’invisible existe aussi dans la réalité, sans être une idée absurde, abstraite et irréelle, en apprenant aussi à regarder à nouveau ce qui nous entoure.
Si l’histoire, si les saints, si les miracles, si la création, si la nature, si la vie ne suffisent pas, alors que la vision de notre Roi les éveille et ouvre leurs cœurs à toutes ces réalités fondamentales, et que la Restauration inattendue et miraculeuse devienne le phare éclairant les réalités divines !
Pour Dieu, pour le Roi, pour la France,
Paul de Beaulias