[Portrait] Frère Antoine, le fol-en-Christ de l’A6
Pieux depuis sa plus tendre enfance, Paul Fournel rejoint l’abbaye de Cîteaux dès la fin de son service militaire. Il devient alors oblat, puis novice sous le nom de Frère Antoine. Mais rapidement, il renonce à ses vœux monastiques pour protester contre le concile de Vatican II, même s’il reste vivre au sein de la communauté cistercienne. À cette époque, il sent que Dieu « le pousse à aller sur la route », de l’autre côté du mur. C’est ainsi que, chaque jour, pendant dix ans, il va et vient le long de l’abbaye, saluant incessamment les automobilistes avec sa petite colombe en bois blanc habillée du Sacré-Cœur.
Mais son action n’est comprise ni par les voyageurs, ni par ses frères qui finissent par l’exclure de leur communauté. Frère Antoine se retire alors discrètement dans une petite pièce, sous l’église de l’abbaye.
S’isolant peu à peu des hommes, qui refusent de reconnaître la volonté divine liée à son action, Frère Antoine cherche encore à se rapprocher de Dieu et s’en va vivre dans la forêt environnante. Il se couche sur le sol et reste sans boire ni manger pendant une semaine. De retour à Cîteaux, des infirmiers l’attendent et, malgré sa violente opposition, le font interner. Mais pas pour longtemps ! Arrivé à l’hôpital, ce fou de Dieu saute par la fenêtre, se brise les pieds et la colonne vertébrale.
C’est après cet épisode douloureux qu’il rejoint Charnay-lès-Mâcon et l’autoroute A6, où il se rend de longues heures chaque week-end pour se faire le patron des automobilistes. Là encore, ses débuts sont difficiles. Frère Antoine reçoit des insultes et même des pierres. Les seuls encouragements qu’il reçoit viennent de gendarmes, pourtant destinataires de nombreux appels d’automobilistes, apeurés par cet étrange personnage qui se penche sur eux. Vingt ans plus tard, l’ermite est toujours là pour envoyer son « message de paix » aux voyageurs de l’A6. Aujourd’hui, nombre de conducteurs le saluent. Âgé de 76 ans et connu de tous, il a toutefois un petit regret : « Dieu m’a donné cette vie-là et, le plus dur, c’est qu’on n’arrive pas à percevoir Dieu dans tout ça. Comme Jésus au mont des Oliviers, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
Alors, si vous traversez l’A6, cherchez bien ! Vous y apercevrez peut-être votre ange gardien…
Frère Antoine a rendu son âme à Dieu le 27 novembre 2018, à l’âge de 77 ans. Sans doute Frère Antoine était-il un « simple d’esprit » dans tous les sens du terme… « Heureux les simples d’esprit » nous dit le Christ ! Frère Antoine était un pur ! Il ne fait aucun doute que le mystérieux oblat siège aujourd’hui à la droite de Dieu ! Les miracles se multiplieront bientôt sur sa tombe !
J’avais vu un vidéo en 1989 sur une VHS de la Fnac, puis j’ai croisé Frère Antoine alors que je cieculais vers Valence en 1991. Tout est revenu, les ténèbres de la foi, le doute, etc.
Mais je n’ai jamais oublié cet homme, sur le pont, avec sa colombe qu’il agirait pour dire qu’il pensait à nous sur la route. Je ne l’ai jamais oublié, c’était il y a 30 ans mais il m’émeut profondément encore aujourd’hui.
J’aimerais tellement revoir cette vidéo d’Arte à son sujet et sur le thème de la foi et de ses ténèbres.
Je ne l’oublirai jamais, il m’a aidé à vivre alors que je ne le voulais plus. Il m’a suffit de le voir sur ce pont, sans jamais lui avoir parlé.
C’est amusant ! L’écrivain Romain Guérin (lisez-le, il vaut le coup ! son « Journal d’Anne-France » est un chef d’œuvre !) parle assez longuement de cet ermite dans son roman autobiographique « Drôles de Funérailles » !