Terrorismes & monde moderne
Paix aux âmes des 3 personnes (dont un petit garçon) tuées à Boston lundi dans l’attentat qui a frappé l’arrivée du marathon. L’arrivée de cette vénérable course (depuis 1897) a vu la liesse tranchée par l’horreur d’une série d’explosions qualifiées de « mystérieuses ». Les témoignages oculaires sont assez frappants pour se faire une idée des conséquences corporelles et psychologiques d’un tel choc. Les Unes des journaux du monde entier sont assez frappantes pour se faire une idée de l’onde de choc induite par ces attentats.
Les attentats de Boston ne sont pas encore attribués à une organisation. Les pistes intérieures et extérieures sont évoquées dans ce pays qui a vu de nombreux déséquilibrés massacrer tout ce qui leur passait devant dans de sanglantes fusillades, ainsi que les attentats du 11 septembre 2001.
La puissance dominante se voit à nouveau frappée en son cœur, dans sa liesse. Quelle tâche pour une nation se targuant d’être la première puissance économique et militaire au monde ! Les nations occidentales, offrant à leurs habitants un confort douillet et une sécurité présentée comme très aiguisée se voient menacées, attaquées, meurtries.
Pourquoi ce terrorisme ? Probablement l’usage du pluriel est idoine à être appliqué aux terrorismes : ces derniers sont multiples.
Il y a bien sûr les organisations islamistes plus ou moins bien ficelées qui forment des kamikazes du Jihad dans les déserts orientaux pour aller verser le sang des mécréants occidentaux. Ce terrorisme religieux est principalement l’apanage d’un Islam radical et est le bras armé de ce dernier pour l’asservissement total de l’occident, de l’Europe en particulier. Emanant du Proche-Orient mais aussi du Maghreb, du Sahel, du Pakistan et de l’Indonésie il s’attaque aux terres non musulmanes dans le but d’étendre l’Islam. L’emblème de leurs actions reste les attentats du 11 septembre, causant plus de 3000 victimes sur le sol des Etats-Unis. L’intérêt sotériologique, autrement dit le désir du paradis (et de son plaisir sensuel si puissant qu’un homme vivant ici-bas « s’évanouirait » s’il le vivait ?) est le vecteur de recrutement et de motivation des terroristes. Ces derniers sont activement combattus par les services de renseignements occidentaux qui les cherchent parfois comme des aiguilles dans une botte de foin, tant ils savent se fondre dans une population et dans des territoires immenses.
Pour rester dans les structures dites « organisées », citons les terrorismes d’extrême gauche et d’extrême droite. Bien que la très vilaine extrême droite soit toujours accusée en premier quand le doute est là (les articles sur les événements de Boston le révèlent), les attentats liés à l’extrême gauche sont 10 fois plus nombreux*1. Il s’agit dans les deux cas de faire exister des groupuscules inaudibles par les moyens conventionnels (trop peu nombreux, système « démocratique » les bâillonnant). Le but est de déstabiliser l’Etat (en vue d’un renversement du régime, dans un sens anarchiso-gauchiste ou nationaliste) en faisant descendre ses forces dans la rue, en semant la confusion, ou en introduisant de force les sujets portés par la doctrine de l’organisation sur le devant de la scène. Leurs actions sont à la mesure de leur carrure : peu étendues. Ils sont à l’origine de décès par colis piégés (vague de novembre 2010) ou de faits divers tonitruants comme le décès de trois employés de banque athéniens par cocktails molotov le 5 mai 2010. Le terrorisme d’extrême gauche fait exister une mouvance révolutionnaire à poigne forte, qui entend faire régner la terreur en Europe comme leurs anciens l’ont fait à Paris dans les années 1790. Le terrorisme d’extrême droite sert, principalement, à financer les vacances des éditorialistes du Monde qui en fait son maigre miel à chaque occasion.
L’organisation d’extrême gauche ETA, indépendantiste basque, lève le voile d’un autre terrorisme, le terrorisme régionaliste. A l’origine de l’étincelle qui a fait exploser la Première Guerre mondiale (l’assassin de l’Archiduc Gavrilo Princip était indépendantiste serbe), il a pour but d’affaiblir les nations au profit des régions, nations dites oppressées et persécutées. Les indépendantismes de Nouvelle-Calédonie (prise d’otage d’Ouvéa de 1988), de Tchétchénie, du Sri Lanka (les tigres tamouls) ne sont que les exemples d’une liste interminable*2.
Sommet du terrorisme structuré, le terrorisme d’Etat existe dans divers endroits de la planète. Propriété de quelques états très isolés de la « communauté internationale », il consiste aujourd’hui en menaces répétées sur fond d’armements nucléaires et de provocations régulières. Ses champions sont l’Iran et le premier de la classe reste la Corée du Nord. Mais au delà de ces cas ultra-emblématiques, il en existe de plus polémiques. Que fait Israël, soutenu par les Etats-Unis, dans la colonisation des territoires palestiniens ? Que fait la Turquie en Chypre du Nord ? Qu’a fait la Grande Bretagne en Irlande du Nord ? Qu’on fait les Etats-Unis au Nicaragua dans les années 1980 ?
Les états victimes du terrorisme contemporain (en particulier islamiste) sont –ou ont été- bien souvent eux-mêmes les manants d’un terrorisme, direct ou indirect, non moins coupable.
Moins médiatisé, le terrorisme économique est une réalité qui est inhérente à la déliquescence et à la corruption de l’argent-roi. Là où les mafias font la loi, là le sang coule. On pense aux multiples violences colombiennes et mexicaines, sous le fond du trafic de drogue. Mais aussi aux séries d’assassinat du début des années 90 dans les mafias italiennes et russes. Le racket, l’intimidation et les peaux trouées pour l’exemple sont les signes du caractère terroriste de ces organisations.
Le terrorisme de demain, le cyberterrorisme ? Il ne fait pas voir de corps démembrés aux passants et aux badauds, il ne fait pas couler le sang directement, il semble si virtuel, comme tout se qui se passe sur internet. Et pourtant s’il ne déchire pas les chairs, il tend à provoquer des larmes bien réelles. Les armées du monde entier développent toutes des programmes de recherche sur ces sujets de guerre informatique. Encore peu usité, on peut citer un hybride de cyber terrorisme et de terrorisme d’état : l’attaque de l’Estonie par des ordinateurs russes en avril 2007. Ce petit pays de la mer baltique est ultra-informatisé, il s’agit d’un des pays les plus branchés de la planète. A la suite du déplacement d’une statue à la gloire du soldat soviétique, les minorités russes d’Estonie (minorité puissante et importante) ont manifesté en masse. Ces évènements ont précédés la coupure des services informatiques du gouvernement, de nombreuses institutions publiques et de journaux. Bien que Moscou réfute formellement toute implication du FSB, le doute est autorisé.
Toutes ces actions, collectives (Al-Qaïda, ETA), ou individuelles (Mohamed Merah, Anders Behring Breivik) comportent un dénominateur commun : une action violente à des fins politiques, contre une oppression. Que l’oppression soit personnifié par la nation, le système capitaliste, une terre encore chrétienne, un voisin qui a plus d’argent que soi ou un monde qui nous en veut vraiment beaucoup, on lit la signature du mondialisme !
A une époque où les conflits frontaux entre deux nations sont terminés, où la guerre est composée de terrorismes et de conflits asymétriques (Vietnam, Afghanistan, Sahel…), la violence des hommes ne s’exprime plus que par le coup d’éclat sanglant et isolé, dans le but (souvent désespéré) de déstabiliser une pensée unique mondialisée indélogeable. Si l’Islam voit son courant radical avoir des raisons d’espérer de remporter la victoire en Europe, il n’en est pas de même des mouvements terroristes sévissant sur la planète.
Mais si les chances des nervis ultra-gauchiste d’imposer Marx à la terre entière ou de la Corée du Nord de soumettre l’humanité à sa pensée démoniaque sont quasi-nulles, leurs gestes sont malheureusement prophétiques. Ils reflètent la colère d’hommes excédés de vivre dans un monde où chacun pense comme on le définit dans les couloirs new-yorkais. Paradoxalement, ils agissent souvent pour imposer une autre pensée unique et décérébrante.
Les terroristes, prophètes de l’explosion totale du système ? Cruels voyants d’un navire mondial qui perd son étanchéité, près à se briser pour couler ? Probablement.
Julien Ferréol
- Source Europol, article introuvable depuis quelques temps sur le site Europol, mais très facilement récupérable sur de nombreux sites internet.
- Christiane Taubira, ancienne indépendantiste guyanaise, nous offre aujourd’hui de très beaux exemples de terrorisme intellectuel. Ses faits d’armes sont largement évoqués sur Vexilla Galliae.