Le Pape François, alias padre Jorge « Embrassez la vie ! »
Ce n’est certes pas la publicité qui aura permis à ce film d’avoir le succès qu’il mérite en tant que biopic du padre Jorge, devenu le pape François. Mais ne sommes-nous pas dans un pays laïc où un gouvernement socialiste athée n’interdit rien officiellement, mais freine tout ce qui est élévation spirituelle ou connaissance d’un personnage ? Cette « dictature » va pourtant prendre fin très prochainement avec les élections. Prions pour que la défaite de ces fossoyeurs de la France nous délivre de leur emprise sur ce qui est beau, noble et juste.
Ce film argento-espagnol sorti le 28 septembre sur les écrans français est tiré du livre de la journaliste Elisabetta Piqué – Francisco. Vida y Revolución –, qui a connu Jorge Bergoglio et l’a suivi avant sa consécration pontificale durant les quinze ans où celui-ci fut archevêque de Buenos Aires. C’est Silvia Abascal Estrada, une très belle actrice espagnole à la longue chevelure, qui se faufile avec bonheur dans le rôle de la journaliste. Elle donne à ce film une jeunesse, une beauté et un enthousiasme qui permettent d’atténuer le côté un peu trop calme de Dario Grandinetti, un acteur d’exception, parfaitement bien préparé pour interpréter le rôle du pape, tel que conçu par les réalisateurs.
Ayant suivi ce pape depuis son élection et ayant vécu cette arrivée éblouissante de François tout de blanc vêtu sur le balcon demandant à la foule de prier pour lui, je me souviens m’être agenouillée comme des milliers de personnes. Un instant de grâce, un instant de bonheur, un instant où le quotidien s’efface pour laisser place au divin. Oui, dès cet instant, tout le monde avait compris qu’il changerait tout ce qu’il pourrait dans l’église, même au péril de sa vie.
Dans ce film qui retrace assez fidèlement la vie de François, trois phrases-clés : « Aller vers les périphéries existentielles » – « Au Vatican, il est plus facile de perdre la foi que de la trouver. » – « Commencez par faire ce qui est nécessaire, puis ce qui est possible, et vous ferez l’impossible. » Le padre est montré comme l’ami des pauvres et des parias, prenant parti contre la corruption, dénonçant les abus de ses collègues.
Quant à la jeune journaliste espagnole, prénommée Ana, qui doit couvrir le conclave de 2005, même si elle est athée, elle nous émeut dans son parcours de témoin et de femme, étonnée de la progression du Père Georges, si simple, si attachant, si sincère dans sa volonté de faire changer l’église catholique, ce qui ne plait pas aux cardinaux.
L’acteur Dario Grandinetti, vu dernièrement dans « Julieta » de Perdro Almodovar et dans « Les Nouveaux sauvages » de Damian Szifron est particulièrement convaincant pour incarner ce personnage qui nous emmène dans les coulisses du Vatican.
On peut reprocher à ce film l’oubli du côté cassant et des colères du padre, ses indignations actuelles et son soutien indéfectible aux persécutés, son rôle joué sous la dictature militaire. L’archevêque refuse toute assistance ménagère – et même le « business seat » qu’on lui propose sur la ligne de la compagnie nationale. Il lave les pieds des enfants, absout une jeune qui a avorté : « Dieu est miséricorde. Il sait que tu regrettes. Il t’a déjà pardonnée ». Il défie les trafiquants de drogue dans les bidonvilles, qu’il place au cœur de sa mission. « Mon peuple est pauvre, et je suis l’un des siens », s’exclame Jorge Bergoglio : « Ici, les chiens sont mieux traités que les esclaves. Cette ville a besoin de pleurer. »
Ce pape hors du commun qui a placé sa vie sous les auspices de saint François d’Assise (un cadeau de sa grand-mère) ne peut laisser personne dans l’indifférence, enfin presque personne ! Sans doute faut-il un cœur et une intelligence de l’esprit pour suivre ce « Poverello ».
« Le pape François » de Beda Docampo Fejoo et Eduardo Giana avec Dario Grandinetti, Silvia Abascal, Laura Novoa, aurait mérité d’être développé par les médias, d’être vu par des élèves et commenté, mais ce film est dérangeant au même titre que ce destin d’un homme ordinaire devenu extraordinaire par la volonté du Saint Esprit.
À voir seulement si vous êtes proche de ce pape François qui clôture le film, une belle idée des réalisateurs. Je regrette toutefois le grand calme de ce film…
Solange Strimon