[Point de vue] L’abêtissement programmé de nos enfants
Vincent Peillon, ancien ministre de l’Education Nationale, écrivait, dans un ouvrage récent (« Une religion pour la République, la foi laïque de Ferdinand Buisson ») :« Il faut donc à la fois déraciner l’empreinte catholique, qui ne s’accommode pas de la République, et trouver, en dehors des formes religieuses traditionnelles, une religion de substitution qui arrive à inscrire jusque dans les mœurs, les cœurs, la chair, les valeurs et l’esprit républicain sans lesquels les institutions républicaines sont des corps sans âme ».
Mais qu’a-t-il à proposer, lui et aujourd’hui Madame Najat Vallaud-Belkacem, en matière de mœurs, si ce n’est la théorie du genre et la volonté délibérée d’abêtir nos enfants ? Comment, en effet, comprendre autrement l’interdiction donnée aux futurs enseignants, au cours de leur formation dans les IUFM, de ne jamais « transmettre ». Le mot est entre guillemets, tellement il est étrange de demander à un enseignant de ne pas transmettre son savoir. Selon la nouvelle conception de la pédagogie, c’est l’enfant qui doit tout découvrir par lui-même.
Le résultat est tristement connu : 40% des enfants issus du primaire ne maîtrisent pas les notions fondamentales – lire, écrire, savoir compter et calculer ainsi qu’une première connaissance de l’histoire de France – tandis que, parmi ceux qui obtiennent le baccalauréat, 90% sont incapables d’écrire une phrase simple sans faire de fautes et de faire, de tête, une multiplication à un chiffre (comme le dénonce SOS-Education).
Ce n’est pas une question de moyens !
Depuis des années, on sait que la meilleure manière d’apprendre à lire est la méthode syllabique. Or seulement 4% des instituteurs l’utilisent. Les conséquences sont catastrophiques car les méthodes globales ou semi-globales altèrent le cerveau de l’enfant en le privant de capacités d’analyse. Il s’agit bien d’une volonté politique et non d’une insuffisance de budget.
Les moyens existent, d’une manière surabondante, mais sont mal employés. Ils sont surabondants, car comment se fait-il que 62 576 agents bénéficiant du statut d’enseignant titulaire n’occupent pas un poste d’enseignant, ainsi que l’explique Agnès Verdier-Molinié dans le Figaro du 21 septembre dernier ? Ils sont mal employés, comme le décrit cette spécialiste des questions relatives au fonctionnement de l’Etat, qui a identifié les écarts de dépenses entre le public et le privé : 1) dans l’enseignement primaire, la masse salariale des enseignants est de 2079 euros par élève dans le public, mais seulement de 1618 euros par élève dans le privé : 2) dans l’enseignement secondaire, la masse salariale dans le public est de 4924 euros par élève, tandis qu’elle est de 3161 euros par élève dans le privé.
Au total, la dépense publique relative aux écoles primaires, aux collèges et aux lycées publics et sous contrat s’est élevée en 2014 à 93,4 milliards d’euros, soit un écart positif de plus de 30 milliards d’euros par rapport à une prestation équivalente conduite par le privé (hors contrat).
Quel est l’intérêt des parents ?
Lorsque des parents font leurs courses au marché ou dans les grandes surfaces, ils trouvent normal d’y trouver des produits en concurrence et sont libres de faire leur choix comme bon leur semble. Pourquoi n’en est-il pas de même pour ce qui concerne la prestation scolaire ? Le libre choix de son école permettrait aux parents d’y gagner tant en qualité qu’en coût.
Le système du chèque scolaire – qui consiste à distribuer aux parents un chèque au prorata des enfants à scolariser, juste retour de ce qu’ils versent en impôts – doit conduire à l’autonomie des structures scolaires, chaque chef d’établissement étant libre de sa gestion et, en particulier, du recrutement des enseignants.
Ce serait un clou enfoncé dans la carapace de la république, qui ne suffira pas à la faire tomber mais qui la privera d’un outil important de propagande et de modelage des esprits. Que faut-il pour en arriver là ? Non pas une quelconque victoire aux élections car 80% des Français ont compris depuis longtemps qu’il ne faut rien attendre des partis politiques et du système électoral, construit pour maintenir au pouvoir ceux qui y sont installés. Il faut que des chrétiens prennent l’initiative de rassembler toutes les bonnes volontés – tous courants politiques confondus – dans un « cartel d’organisations » afin de mener le combat pacifique dans la rue avec un seul objectif : l’école libre.
Georges Tartaret