Politique

La crise ? Politique d’abord

Décembre 1991, dissolution de l’URSS, victoire de l’économie de marché sur le communisme.

1er janvier 1993, conformément au Traité de l’Acte unique (février 1986), les 19 États membres de l’espace économique européens se regroupent au sein du grand marché unique sans frontières.

Deux ans après la disparition du monde bipolaire enfanté par la Révolution soviétique, la toute jeune Union européenne scellait la pierre angulaire de sa construction, le grand marché unique. Dorénavant, en Europe comme ailleurs, il s’agira d’organiser la libéralisation des échanges commerciaux dans le « village planétaire » peuplé de citoyens du monde enfin libérés de toutes attaches, nationales, culturelles, historiques et religieuses ; à marché unique citoyens uniformes.

Devant cette Europe exclusivement mercantile, matérialiste, bureaucratique et après les péripéties peu démocratiques qui ont conduit au Traité de Lisbonne sur la Constitution européenne, les peuples pressentent qu’ils sont dépossédés de la maitrise de leurs destins, de leurs traditions et de leurs racines grecques, romaines et chrétiennes.

Il n’y a pas d’autre explication au divorce entre les peuples et le projet européen fondé sur le grand marché unique et le libre-échange mis en musique par l’inflation des directives pondues par les technocrates bruxellois.

Et que devient la France membre de cette Union sans valeurs et cacophonique, parce que rongée par l’individualisme et le relativisme ?

D’ailleurs, est-il encore question d’elle et des Français quand le discours unique de ses hommes politiques consiste à vanter une République peuplée de citoyens supposés unis autour des valeurs républicaines dont, sauf à admettre que toutes les opinions se valent, on ignore toujours en quoi elles diffèrent de celles inscrites dans nos racines.  

Les Français ont compris que leurs dirigeants sont tributaires des évènements internationaux (crise financière, conflits armés, chocs ou contrechocs pétroliers…) et des règles de l’Union européenne (perte de la souveraineté monétaire, transcription en droit national des directives de Bruxelles…) qui limitent leur marge de manœuvre, mais ne l’annulent pas.

Car ce sont bien eux qui, en préparant dès 1993, l’adhésion des pays d’Europe Centrale au marché unique, ont ouvert la voie des délocalisations. Ce sont bien les chefs d’État et de gouvernement qui mandatent la Commission de Bruxelles pour négocier des traités de libre-échange avec des pays extra européens au terme desquels la France importe toujours plus de biens manufacturés (habillement, électroménager, meuble…) au détriment de l’emploi dans ses industries de transformation soumises à une concurrence rarement loyale. Et des produits agricoles disponibles sur le sol national, poulet brésilien, mouton néo-zélandais…

En politique intérieure n’ont-ils pas le pouvoir de pallier l’incessant déclassement du système éducatif, d’éviter la ruine de la Justice, de réformer les régimes sociaux spéciaux et autres privilèges qui divisent la société déjà fracturée par les communautarismes et la litanie des repentances ?

Pourquoi, en  dépit des promesses électorales censées remettre socialement et économiquement le pays sur les rails, les choses persistent et empirent depuis plus de trois décennies ?

Les Français savent que les fruits d’une réforme sont longs à murir de sorte qu’ils ne reprochent pas à leurs élus de ne pas avoir atteint leurs objectifs au terme de leur mandat, mais d’avoir menti. D’abord en promettant le contraire et ensuite en omettant d’expliquer que, face à un monde en mutation, il eût fallu  engager des réformes plus profondes.

La droite se tait par peur de paraître ringarde au cas où elle exprimerait ses doutes sur les « bienfaits » de l’immigration et du multiculturalisme, et oserait se référer aux racines chrétiennes pour résister aux débordements de la génétique, de la robotique et de l’intelligence artificielle.

La gauche est silencieuse parce qu’elle refuse de voir la réalité de la guerre économique et les conséquences qui en découlent sur le modèle social mis en place dans les années 50.

À noter qu’à droite comme à gauche il serait politiquement incorrect de mettre en cause l’économie de marché et le libre-échange, facteurs de développement des entreprises pour la première et de la défense du pouvoir d’achat de produits pas chers « made in Asie » pour la seconde.

Résultat, pas de vagues, juste quelques réformettes bricolées et pour le reste il suffit d’attendre le retour de la croissance.

Entreprendre et mener à terme les réformes nécessaires au redressement de la France exigent une abnégation, un courage, une détermination et une force morale qui font défaut à la classe politique d’abord préoccupée de sa carrière dans un système où les vainqueurs d’aujourd’hui sont les vaincus de demain et reviennent aux affaires après-demain.

Servir la France est une chose, se servir du système républicain pour faire carrière en est une autre.

Le premier rôle de l’État au service des Français n’est pas de distribuer des allocations aux sans emploi et des aides aux agriculteurs, mais d’assurer les conditions qui permettraient aux premiers d’accéder à un emploi et aux seconds de vivre de leur travail.

Le rôle d’une classe politique au service de la France n’est pas de se conformer à quelque idéologie en vogue mais, à partir des réalités du monde qui se profile, de rassembler les forces vives du pays pour bâtir un projet d’avenir, de ressouder la société, de veiller à ce que les inévitables sacrifices à consentir soient équitablement partagés afin de « rendre possibles les réformes nécessaires ».

Sans oublier que servir la France est servir une civilisation forgée par ceux qui savaient que « l’homme ne se nourrit pas seulement de pain mais aussi de la parole de Dieu ».

Le communisme n’a pas su pétrir de pain en quantité suffisante et inversement pour l’économie de marché…et pourtant, aujourd’hui encore les hommes ont toujours faim ! Mais dans la foulée des « grands ancêtres » qui déportaient les prêtres réfractaires, les républicains d’aujourd’hui ont inventé un coupe-faim, le laïcisme.

Pierre Jeanthon

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