En politique, le hasard n’existe pas
La mise en examen de l’ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, a fait l’effet d’une bombe. Et son avocat Thierry Herzog a immédiatement qualifié, jeudi soir, de décision « incohérente sur le plan juridique et injuste la mise en demeure de son client ».
En conséquence, il va saisir immédiatement la Chambre de l’instruction de la Cour d’Appel de Bordeaux pour former un recours et pour demander la nullité, notamment de cette mise en examen : « Nicolas Sarkozy ne sera sans doute pas l’unique protagoniste de ce dossier aux rebondissements sans fin à estimer les charges pesant contre lui trop étroites pour justifier une mise en examen ».
Une quinzaine de personnes parmi lesquelles l’homme d’affaires, Stéphane Courbit, ou l’ancien ministre du budget, Éric Woerth, ont subi le même sort.
De son côté, Nicolas Sarkozy explique vouloir « comprendre la démarche du juge », mais ajoute fermement : « J’ai fait cinq campagnes municipales. Ils ne m’ont jamais donné un sou et je ne leur ai jamais rien demandé. Je n’allais pas commencer à 52 ans comme président de la République ».
Le trésorier de l’ancien président conteste également formellement avoir touché de l’argent.
Quel est l’élément factuel concordant grave qui peut mettre Nicolas Sarkozy en cause ? Des rendez-vous avec Liliane Bettencourt et son mari peuvent exister sans automatiquement avoir lien avec l’argent.
Et puis, cette mise en examen est une atteinte à l’honneur de la personne concernée, c’est une accusation grave et sans fondement, c’est un acharnement de la part du juge Gentil, car pour le moment, avons-nous des témoins annoncés dans cette affaire ? Avons-nous connaissance d’un nom, d’une personne qui aurait été présente lors d’un éventuel versement d’argent ? Non, alors que veut-dire « Abus de faiblesse » ?
En politique, il n’y a pas de hasard, l’affaire Sarkozy arrive juste au moment où l’affaire Cahuzac commence à faire grand bruit. Le juge Jean-Michel Gentil critiquait ouvertement la politique de Nicolas Sarkozy alors au pouvoir. Un juge est un être humain, et malgré une rigueur sans faille les pressions et les arrière-pensées politiques resurgissent.
Éric Muth