Soirée en hommage à Sa Majesté le Roi Louis XIV
Nous étions une centaine d’invités à nous être rendus ce lundi 23 novembre à 19h00, à l’invitation de l’Institut de la Maison de Bourbon, du Centre d’Etudes Historiques et de Vexilla Galliae, dans les salons de l’Aéro-Club de France, à Paris rue Galilée, pour entendre la conférence de Monsieur Jean-Christian Petitfils : « Le Siècle de Louis XIV – Un souverain pour l’histoire » et, surtout, si je suis tout à fait honnête, pour entourer Sa Majesté Louis XX dont nous sommes toujours très impatients de partager la présence.
Les premiers arrivés, venus pour certains de Gascogne ou de Bretagne, attendirent dans le vestibule aux murs lambrissés de marbres polychromes sous un magnifique lustre de cristal « en montgolfière », jusqu’à ce que les grands salons soient accessibles. Il s’agit d’une vaste salle aux murs tapissés d’un revêtement de tôles à motif de gros rivets type « carlingue » dans laquelle étaient dressées dix tables rondes de dix personnes, couvertes de nappes blanches et entourées de fauteuils à dossier « médaillon en cabriolet » en plexi-glace.
Sur la gauche de l’entrée se trouvait le vestiaire et le buffet de l’apéritif tandis qu’à l’extrémité droite se situait une grande estrade de cinq marches garnie de sièges et d’un pupitre également de plexi-glace. Chacun se débarrassa de son manteau et chercha sa table.
Intervint alors Monsieur Jean-Christian Pinot, Président du Centre d’Etudes Historiques, qui nous invita à nous asseoir pour entendre deux communications. La première fut annoncée par Monsieur le comte de Beaumont-Beynac, Président de l’Ordre de Malte en France et vice-président de l’Institut de la Maison de Bourbon, nous informant que Sa Majesté le Roi ne pourrait pas être parmi nous ce soir. La déception fit courir dans l’assistance un murmure qui balaya les têtes comme fait le vent dans les blés. Sa Majesté la Reine ayant fait, hier, une nouvelle chute de cheval – après celle de septembre qui lui brisa la cheville – qui avait nécessité une hospitalisation immédiate, heureusement sans gravité, Sa Majesté le Roi avait dû décommander à la dernière minute son voyage à Paris, sa visite privée de l’exposition du Tricentenaire au château de Versailles et sa présence à cette soirée où nous l’attendions.
A la déception première que nous ressentîmes en apprenant que nous ne verrions pas le Roi que nous nous faisions une fête de saluer, une vive inquiétude nous étreignit quand nous apprîmes l’accident de la Reine. Et je pense ne trahir aucun cœur en osant soumettre à Sa Majesté la Reine l’humble avis de se préserver des aléas de l’équitation dans laquelle elle excelle, mais qui viennent de la blesser par deux fois. Ma témérité n’est que le reflet de l’attachement profond que nous lui portons et qui nous fait craindre tout quand il s’agit de notre Reine et de la mère de nos Enfants de France.
Monsieur de la Rosière nous apprit ensuite que Monsieur le prince Charles-Emmanuel de Bauffremont, Président de l’Institut de la Maison de Bourbon était aussi souffrant et était rentré d’urgence en Lorraine. Un léger malaise figea un instant l’auditoire quelque peu sonné par ces trois mauvaises nouvelles successives… Léger voile que vint dissiper Monsieur Pinot qui introduisit la conférence de Monsieur Petitfils… Qui fut passionnante ! Pendant une heure nous vécûmes avec le Grand Roi, partageant ses joies, ses peines, ses réussites, ses échecs, le prenant en défaut de petitesse ou admirant sa grandeur… Monsieur Petitfils ne nous cela rien de la complexité humaine de celui que l’histoire a parfois mythifié au rang d’un demi-dieu ou d’un ogre, selon… De la balance entre le passif de la Guerre de Hollande ou de la révocation de l’Edit de Nantes et l’actif de la réorganisation administrative de l’Etat, de la marine de Louvois, des manufactures de Colbert ou de l’apothéose des arts…, il a conclu que le fléau penchait nettement vers un bilan positif du règne qui vit la France au faîte de sa puissance et de sa civilisation ! Un tonnerre d’applaudissements salua cette splendide prestation où la passion le disputait à l’érudition !
Puis, Monsieur de La Rosière nous invita à nous diriger vers le buffet de l’apéritif non loin duquel le conférencier se plia avec grâce à la sollicitation des dédicaces. Enfin, le diner fut annoncé et chacun regagna sa place pour entendre le « Discours du Roi ». En son absence, Monsieur le comte de Beaumont-Beynac fut la voix du Roi, mais c’est bien Louis XX de France que nous entendions flétrir l’horreur et la lâcheté du terrorisme et appeler son peuple à résister à l’adversité comme son aïeul Henri comte de Chambord l’avait fait contre l’ennemi prussien ! Ce discours revêtait une grandeur, une autorité, une majesté toute royale qui m’impressionna.
Quelle en eût été la puissance sur nous, ses sujets, si le Roi l’avait lu en personne ? La voix est le tissage intime de la pensée avec le corps, et cet enchevêtrement produit une vibration qui est la puissance du verbe ! Sire, j’ose insister : que n’étiez-vous avec nous pour nous transmettre ce si beau discours de vos lèvres ? Cela ne semble rien, mais c’est tout ! Si le « verbe » peut créer le monde, il peut, sans comparaison, rétablir des royaumes… Sire ! Parlez-nous plus souvent comme vous l’avez fait ce soir ! Si, par vos actes, vous serez « maître », c’est par vos paroles que vous serez Roi dans le cœur de vos sujets ! Sire ! Nous vous avons entendu et brûlons de vous entendre encore !
Le dîner fut alors « servi », quoique ce terme soit parfaitement impropre à qualifier le manège qui nous entoura, servant alternativement par la gauche ou par la droite, et desservant de même, dames ou messieurs indistinctement, le côté choisi semblant, d’après mes observations, davantage soumis à l’impondérable du bras disponible ou du positionnement du serveur arrivé à notre hauteur dans sa giration autour de la table, qu’au respect, même très lacunaire, des usages du service…
Mais fi de l’art du service qui doit s’être perdu avec celui de la bonne chère… et que la compagnie de charmants voisins de table – dont les plans furent subtilement élaborés – nous fit facilement oublier.
Comme toujours, les premiers partants donnèrent l’importun signal du départ à tous les autres et les moins décidés s’évertuèrent à trouver le plus de connaissances possibles à saluer pour profiter encore un instant de la délicieuse atmosphère d’une soirée entre amis.
Etant de ceux-là, je partis dans les derniers vers 23h30, avec, dans le cœur, le regret d’une absence… et dans la tête la fierté d’un discours !
Vive la France ! Vive le Roi ! Vive Louis XX !
Franz de Burgos