Libéralisme : ni de droite ni de gauche
Malheureusement, discuter sur le point de savoir si le libéralisme est de droite ou de gauche n’est pas très éclairant, à cause de la vacuité de ces concepts. Si la droite signifie le conservatisme et le statu quo, et la gauche le progressisme et la réforme, la CGT est de droite, comme tous ceux qui veulent conserver leurs privilèges, et Margaret Thatcher était de gauche. De plus, de nombreux Français suspectent les élus de gauche de faire une politique de droite, et réciproquement. En fait, droite et gauche appartiennent surtout au vocabulaire et à la réalité de la classe politique. C’est une façon de recueillir des voix. Les partis ne se distinguent pas par leurs idées (il n’est qu’à voir le nombre de “courants” au sein du PS ou des Républicains, voire même du Front national). Devenus de simples centrales électorales, les partis ne sont pas attirés par les doctrines, qui les gênent plutôt. Ils se réclament sans cesse du pragmatisme, sorte de blancseing donné par les électeurs. À ce jeu, l’idée libérale n’a pas survécu en France. Le lapin libéral a été avalé par le boa électoral.
Puisque tout le monde s’en réclame aujourd’hui, ce serait l’occasion, et c’est l’impérieuse nécessité, de revenir à la définition du libéralisme. Comme pour toute définition d’un concept, on peut l’approcher en extension ou en compréhension. L’automobile, c’est quatre roues et un moteur (extension), mais c’est aussi un moyen rapide et confortable de se déplacer (compréhension). En extension, le libéralisme est un panier de libertés, en compréhension c’est une vision de l’homme et de la société.
Dans les débats actuels, on a plutôt tendance à voir le libéralisme sous forme de la conjonction de la liberté économique (libre entreprise, libre échange), de la liberté politique (état de droit, subsidiarité) et de la liberté “sociétale” (prééminence des choix personnels sur les moeurs publiques). Toutes ces libertés ont été résumées par la trilogie de Locke : la condition d’un homme libre (freedom, par opposition à la condition d’esclave, serfdom) est celle où il est assuré du respect de sa vie, de sa liberté et de sa propriété.