Églises profanées : le silence assourdissant des médias
En dehors de la presse locale, pour qui une église profanée constitue un fait divers, on ne peut dire que nos journalistes nationaux prennent des risques en dénonçant les odieuses attaques auxquelles les églises sont confrontées, dans le silence le plus total. Par contre, ne touchez surtout pas à une mosquée ou à une synagogue : vous devenez tellement suspect qu’il vaut mieux que vous restiez anonyme.
Les malheurs, qui frappent la France suite aux attentats terroristes-salafistes, ont au moins permis un éclairage sur la montée en puissance de ces déséquilibrés, qui veulent exister en devenant publiquement des monstres, influencés par les images de terreur que propagent les adeptes de Daesh. Tout est Grand Guignol, pour reprendre une expression d’un confrère, qui a bien expliqué récemment dans une émission fort intéressante sur la 5, que c’est bien par l’image plus que par le nombre réel de victimes que ces malades veulent terroriser. Les djihadistes ont bien compris que l’image est le plus puissant des vecteurs.
Sur les 807 cas de profanations recensés l’an dernier (deux par jour), la grande majorité d’entre-eux avaient pour cible des monuments chrétiens (206 cimetières et 467 lieux de culte). Les médias ou les pouvoirs publics n’en parlent pas.
Vincent Tournier disait « Il n’y a pas de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir ». On a ici un exemple malheureusement classique d’aveuglement idéologique. Le propre de l’idéologie, c’est de retenir ce qui arrange et d’écarter ce qui dérange. Aujourd’hui, la haine anti-chrétienne, voire anti-blanche, fait partie de cet aveuglement.
Voici un petit point des lieux de culte : pas moins de 45 pour le seul mois de janvier. En raison de l’indifférence des pouvoirs publics, les moyens mis en œuvre pour retrouver les coupables sont bien souvent dérisoires. La christianophobie ordinaire est de plus en plus courante et parfaitement impunie. Seul règne le silence le plus complet de nos gouvernants, de nos médias en général, et des associations antiracistes… pourtant si promptes à réagir lorsque des faits similaires se produisent dans une mosquée ou une synagogue. Si nous condamnons fermement l’acte odieux qui a touché la communauté juive hier (profanation de tombes juives dans le Bas-Rhin), nous regrettons que le Président de la République s’émeuve seulement des actes islamophobes et antisémites qui touchent notre pays, sans verser de larmes, ni même commenter l’actualité lorsqu’il s’agit de lieux sacrés du christianisme, religion fondatrice de la France.
Voici un panorama non-exhaustif de cette « christianophobie ordinaire » en 2015 :
– Dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier, le calvaire de l’église de Cabourg (Calvados) est vandalisé
– Le 1er janvier 2015, ce sont les statues de l’église Notre-Dame de Bressuire (Deux-Sèvres) qui subissent le même sort.
– Dans la nuit du 3-4 janvier, à Plouguernével (Côte d’Armor), le porche de l’église Saint-Pierre est souillé quand, au même moment, des tags sont retrouvés sur l’église Notre-Dame-La-Grande à Poitier (Vienne).
– En ce début du mois de janvier 2015, à Capestan (Hérault) les vitraux de la collégiale Saint-Étienne sont dégradés. Le 7 janvier, ces actes de vandalismes touchaient l’abbatiale de Gaillac (Tarn) et l’église Saint-Hilaire à Rouillé (Vienne).
– Le 8 janvier, des vols et actes de vandalisme sont signalés à l’église Saint-Pierre de Blagnac (Haute-Garonne).
– Le 10 janvier, à Barbizon (Seine-et-Marne), la chapelle du Pôle missionnaire est profanée, la porte du tabernacle brisée, le ciboire et les hosties jetés au sol. Toujours le 10 janvier, à Agen (Lot-et-Garonne), la crèche de l’église Notre-Dame-du-Bourg est saccagée, l’église orthodoxe roumaine de Rennes (Ille-et-Vilaine), taguée.
– Dans la nuit du 10 au 11 janvier, la façade de l’église Notre-Dame de Saint-Maurice-de-Beynost (Ain) essuie des jets de pavés, puis, la nuit suivante, au Château d’Oléron (Charente-Maritime), l’église paroissiale Notre-Dame de l’Assomption est victime d’actes de vandalisme et d’une tentative d’incendie. Le même jour, on profane des tombes chrétiennes à Ryes (Calvados) et des dégradations similaires sont relevées dans deux autres cimetières du Bessin.
– Le 14 janvier, l’abbatiale Saint-Pierre de Moissac (Tarn-et-Garonne) est profanée et pillée.
– Avec pas moins de trois départs d’incendies, ce vandalisme ordinaire touche également l’église Notre-Dame de l’Assomption au Teil (Ardèche), le 21 janvier.
– Dans la nuit du 24 au 25 janvier, on tague les murs de l’église Sainte-Marie Notre-Dame à Sumène (Gard) Sumène.
– Le 25 janvier, l’église Notre-Dame de Vierzon (cher) est profanée, son tabernacle fracturé et son ciboire volé, tandis que le même jour, un incendie criminel avec trois départs de feu touche l’église de Saint-Christophe-du-Bois (Maine-et-Loire).
– Le 29 janvier les murs extérieurs de l’église Saint-Étienne à Tours (Indre-et-Loire) sont recouverts de tags anarchistes. Le 30 janvier à Montréjeau (Haute-Garonne), les troncs de l’église sont pillés pendant qu’une école privée catholique de Nancy (Meurthe-et-Moselle) est recouverte de tags.
– Le 5 février, après avoir menacé une bénévole de paroisse de la collégiale Saint-Martin de Saint-Rémy-de-Provence, un homme se livre à un saccage, renverse les bougies, casse des bancs et brise la pierre d’Autel.
– Dans la nuit du 6 au 7 février, une vingtaine de tombes sont vandalisées (croix arrachées notamment) au cimetière communal de Sevran.
– Le 8 février, c’est l’église Notre-Dame de l’Assomption d’Orgelet (Jura) qui est à son tour profanée.
– Le 10 février, des vols sont commis dans les troncs de l’église catholique Saint-Saturnin de Pompignan (Gard).
– À Port Leucate (Aude), le mur extérieur de l’église Saint-Jacques est souillé par des tags le 12 février.
– Entre le 6 et le 8 février derniers, pas moins de 5 profanations sont constatées dans l’Ain, à l’église Saint-Maurice de Neuville-les-Dames, à l’église Notre-Dame d’Ambronay, à l’église Saint-Martin de Vonnas, à l’église Saint-Étienne de Jujurieux et dans la collégiale Notre-Dame-des-Marais de Montluel.
Quoiqu’il en soit, restons vigilants sur toute situation qui paraîtrait « curieuse ». Protégeons ce que nous pouvons, soyons responsables – au moins à notre niveau – de l’environnement humain et écologique, croyons en la force renouvelée chaque jour de notre foi, et prions autant que nous le pouvons pour le salut de la France et du monde…
Solange Strimon