Editoriaux

Faut-il nommer un ministère de l’injustice ?

Le ministre de la justice de l’actuel gouvernement, Madame Taubira, est en verve ces derniers temps. Son esprit fécond est l’origine ou le soutien de projets déroutants.

Ce mercredi 26 février, le Sénat a adopté une proposition de loi communiste visant à amnistier les syndicalistes ou acteurs associatifs ayant commis des délits passibles de peines inférieures à cinq ans de prison durant la période 2007-2012. Cette loi d’amnistie a fait l’objet des compliments remarqués du ministre, qui y voit une “œuvre de justice”. Autrement dit, les collectifs de squatteurs, les grévistes ayant dégradés du matériel public ou de leur propre usine, et ayant été condamnés dans cette période, seront amnistiés. La loi est étendue aux grévistes de 1948 et 1952. Je rappelle que ces grèves étaient à caractère insurrectionnelles et menées par le Parti communiste, en pleine guerre froide. C’est un gant jeté à la face de la magistrature et des forces de l’ordre, ainsi qu’à l’ancien gouvernement. C’est une injure pour tous ceux qui ont dû pâtir de ces méfaits. C’est un encouragement pour l’œuvre de haine qui consiste à mépriser le bien d’autrui et dévalorise la noblesse des syndicats en jetant sur eux le soupçon.

Madame Taubira ne s’est pas contentée de saluer cette loi inique qui dénature la tradition capétienne de la grâce royale. Elle poursuit sa lancée faussement angélique, en appelant de ses vœux la fin de l’enfermement pour les courtes peines, la systématisation des libérations conditionnelles pour les peines longues, la dépénalisation de certains délits, notamment concernant la consommation de cannabis… Je ne peux que m’étonner d’une telle candeur ! Les droits des victimes sont oubliés. Au nom de quoi ? Pour désengorger les tribunaux et atténuer les effets néfastes de la surpopulation carcérale ! Avec quel argumentaire ? Les peines de prison favorisent la récidive ! Plutôt que de songer à améliorer l’outil, le ministre préfère casser le thermomètre. On l’a vu avec sa décision de faire passer le nombre de places de prison de 57 000 actuellement à 63 000 en 2017, ce qui est loin des 80 000 places prévues par l’ancienne majorité, et ne réglera pas le problème de la surpopulation carcérale. La prison est une peine personnelle et sociale que la société inflige à un homme pour ses crimes. Il appartient au ministre de réfléchir aux moyens d’éviter la récidive dans le cadre de l’exécution de la peine, par le travail, par la vie communautaire, par l’élévation académique ou par la thérapie ; mais certainement pas en se moquant des décisions des jurés populaires. 

Ces quelques décisions sont la preuve d’un haut sens de… l’injustice.

Charles

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