Chretienté/christianophobie

L’entrée du Christ dans la gloire

Nous ne sommes pas le 14 mai, jour de l’Ascension, mais nous pouvons en ce dimanche de la Sainte Solange nous y préparer. Du latin ascendere : monter, s’élever, « L’Ascension du Seigneur » célèbre l’entrée du Christ dans la gloire de Dieu, c’est-à-dire la fin de sa présence visible sur terre. Elle préfigure notre vie dans l’Éternité. Son départ symbolise un nouveau mode de présence, à la fois tout intérieure, universelle et hors du temps. Le Christ reste présent dans les sacrements et tout particulièrement celui de l’Eucharistie. Croire que le Christ ressuscité est entré dans la gloire s’avère être un acte de foi.

Selon Luc (24,50-53) : « Puis il les emmena jusque vers Béthanie et, levant les mains, il les bénit. 51 Et il advint, comme il les bénissait, qu’il se sépara d’eux et fut emporté au ciel. 52 Pour eux, s’étant prosternés devant lui, ils retournèrent à Jérusalem en grande joie, 53 et ils étaient constamment dans le Temple à louer Dieu. »

Luc nous affirme que les disciples étaient pleins de joie après le départ du Seigneur. Ne pouvions-nous penser le contraire ? Tout adieu laisse derrière lui une souffrance. Et pourtant on apprend qu’ils retournèrent à Jérusalem dans une grande joie et qu’ils louaient DieuLes disciples ne se sentent pas abandonnés : ils sont certains d’une présence nouvelle de Jésus. Ils sont sûrs que le Ressuscité (comme, selon Matthieu, il l’avait dit aussi) est maintenant présent au milieu d’eux d’une manière nouvelle et puissante. Ils savent que la « droite de Dieu », où il est maintenant « élevé », implique un nouveau mode de sa présence, qu’on ne plus perdre le mode par lequel seul Dieu peut nous être proche. La joie des disciples après l’ « ascension » corrige l’image de l’événement.  L’ « ascension » n’est pas un départ dans une région lointaine du cosmos, mais elle est la proximité permanente dont les disciples font si fortement l’expérience qu’ils en tirent une joie durable.

Pour reprendre les bonnes habitudes, nous allons poursuivre cette route avec Benoît XVI pour qui L’Ascension est une présence nouvelle et puissante. Il fut enlevé au ciel après avoir, dans l’Esprit Saint, donné ses instructions aux Apôtres qu’il avait choisis. C’est à eux qu’il s’était montré vivant après sa Passion : il leur en avait donné bien des preuves, puisque, pendant quarante jours, il leur était apparu, et leur avait parlé du royaume de Dieu. Au cours d’un repas qu’il prenait avec eux, il leur donna l’ordre de ne pas quitter Jérusalem, mais d’y attendre ce que le Père avait promis. Il leur disait : « C’est la promesse que vous avez entendue de ma bouche. Jean a baptisé avec de l’eau ; mais vous, c’est dans l’Esprit Saint que vous serez baptisés d’ici quelques jours. »

Jésus leur dit avant de s’élever et de disparaître à leurs yeux dans une nuée : « vous allez recevoir une force, celle du Saint-Esprit qui viendra sur vous. Alors vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » Et comme ils fixaient encore le ciel où Jésus s’en allait, voici que deux hommes en vêtements blancs se tenaient devant eux : «Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Jésus, qui a été enlevé du milieu de vous, reviendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel. »

Le Seigneur est monté aux cieux, ce qui veut dire qu’il était d’abord descendu jusqu’en bas sur la terre. Et celui qui était descendu est le même que celui qui est monté au plus haut des cieux pour combler tout l’univers.  Et les dons qu’il a faits aux hommes, ce sont d’abord les Apôtres, puis les prophètes et les missionnaires de l’Évangile, et aussi les pasteurs et ceux qui enseignent. De cette manière, le peuple saint est organisé pour que les tâches du ministère soient accomplies, et que se construise le corps du Christ. Au terme, nous parviendrons tous ensemble à l’unité dans la foi et la vraie connaissance du Fils de Dieu, à l’état de l’Homme parfait, à la plénitude de la stature du Christ.

Mais une question se pose souvent : qui est l’Esprit-Saint ? « Nous tous, qui le visage dévoilé, reflétons comme un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur, l’Esprit. » (2 Cor. 3:18).Nombreux sont ceux qui se sentent mal à l’aise lorsque l’on parle de l’Esprit Saint (ou du Saint-Esprit). Pour certains, l’Esprit Saint est une force, une force divine, englobant tout et déterminant le cours des événements humains. D’autres conçoivent l’Esprit Saint non comme une force impersonnelle mais comme une personne, un agent envoyé par Dieu pour accomplir sa volonté, en quelque sorte un des anges principaux. Pour d’autres encore, l’Esprit est simplement un autre nom du seul vrai Dieu, un nom qui souligne sa nature invisible. En réalité, ces différentes façons de parler de l’Esprit Saint sont inexactes et enferment l’Esprit Saint dans nos propres pensées alors que le Saint-Esprit souffle où il veut.

Le mot hébreu qui désigne l’Esprit Saint dans la Bible est rouâch, en grec πνεῦμα / pneũma, qui signifie très concrètement le souffle, ce qui est insufflé dans les poumons.  Dans le livre de la Genèse, c’est l’esprit de Dieu qui plane comme un vent sur les eaux au commencement de la création (1:2). Dieu donne la vie à Adam en lui insufflant son haleine (2:7). L’esprit de Dieu inspire aux hommes la sagesse (p. ex. Genèse 41:38 ; Exode 31:3), la prophétie (p. ex. Nombres 11:25s ; Isaïe 61:1), des prouesses (p. ex. Juges 14:6), etc. L’expression « Esprit Saint », rare dans l’Ancien Testament, fréquente dans le Nouveau, est utilisée dans le même sens. C’est par la puissance créatrice de l’Esprit Saint que Marie se trouve enceinte (Matthieu 1:18), que Jésus libère les hommes des démons (Matthieu 12:22 – 32) ; c’est l’Esprit qui donne aux chrétiens de dire « Jésus est Seigneur » (1 Corinthiens 12:3).

En réalité, c’est surtout là où Dieu touche le monde, et en particulier la vie humaine, que la Bible et l’Église parlent de l’esprit de Dieu ou de l’Esprit Saint. C’est pourquoi l’Esprit Saint est parfois appelé « le doigt de Dieu ». L’Esprit Saint transforme la vie humaine. La Bible en parle souvent. St Paul dit par exemple : « le fruit de l’Esprit est charité, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi » (Galates 5:22 – 23). Quand nous voyons la charité, la paix, la bonté, etc. dans la vie de quelqu’un, nous voyons Dieu, l’Esprit Saint, qui le touche.

Avant sa mort, Jésus a promis que lui et le Père enverraient à ses disciples « une autre aide » (Jean 14:16 ; 15 : 26). Le mot grec traduit par « aide » est PARAKLETOS. Nous évoquerons plus largement l’Esprit Saint le dimanche de la Pentecôte. En attendant réjouissons-nous de l’ascension du Seigneur qui nous donne tout espoir d’en faire autant le moment venu, autrement dit demain. Que la joie des apôtres découvrant Jésus s’élever au ciel vers le père vous donne à vous aussi  la joie de la certitude d’avoir le cœur en joie tout au long de cette semaine (au moins)…

Solange Strimon

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