Le royaume et les sujets
L’affaire remonte à juin 2012. Depuis trois ans les sommets européens toujours plus historiques se succèdent sans que les Vingt-Sept aient réussi à donner un sens concret au mot « Union ».
L’Angleterre était déjà euro septique, la Grèce toujours endettée, Chypre en quasi faillite pendant que la dette publique de la zone euro passait de 87,3 à 88,2% du PIB en l’espace d’un trimestre et que 17,5 millions d’Européens faisaient la queue devant leurs agences pour l’emploi ; pour couronner le tout l’agence de notation américaine Standard & Poors se préparait à abaisser le triple A du Luxembourg, de la Belgique et de l’Allemagne de perspective stable à négative !
Bref, les choses ne pouvant rester en l’état, le 2 juin H.V. Rompuy, président de l’UE, J.M. Barroso, président de la Commission de Bruxelles, M. Draghi, président de la BCE et J.C. Juncker, président de l’Eurogroupe se mettaient discrètement au travail pour établir le projet d’un ministère européen des Finances qui serait présenté au Conseil de l’Europe des 28 & 29 juin comme une première étape vers le futur gouvernement de l’Europe fédérale.
Globalement le projet des quatre présidents fut bien accueilli par les chefs d’Etat et de gouvernement présents au Conseil, d’autant plus que, fine mouche, A. Merkel coupait court à d’éventuelles objections en précisant qu’il s’agissait « d’une simple réflexion pour les cinq ou dix prochaines années ».
Après quoi la vie reprit son cours et fin 2014 les choses étaient, en apparence, toujours en l’état, l’Angleterre avec un éventuel référendum sur son appartenance à l’Union, la Grèce avec sa dette, le chômage stabilisé à un haut niveau et une dette de la zone euro qui avait pris un peu d’embonpoint à 92,10% du PIB.
En apparence seulement car, depuis juillet 2013, la Commission de Bruxelles négociait le traité transatlantique de partenariat et de libre-échange (TTIP) exigé par le président Obama et l’Union bancaire européenne mitonnée par l’Eurogroupe et les ministres des Finances de la zone euro était en place depuis l’automne dernier.
Je m’étends d’autant moins sur ces évènements, déjà traités dans les éditions décembre 2012, février 2013 et septembre 2014 du Cri du chouan, que J.C. Juncker a parfaitement résumé la situation ; en tant que président de l’Eurogroupe il a salué la création de l’Union bancaire « comme un saut décisif vers l’Europe fédérale » et, à peine élu président de la Commission de Bruxelles, il a déclaré qu’il entendait conclure le TTIP avant la fin de son mandat.
Une fois l’Europe fédérale installée, les patries seront réduites à de simples provinces administratives et une fois le TTIP ratifié les Etats-Unis pourront ajouter 28 étoiles sur leur drapeau.
Sauf erreur nous militons en faveur d’un roi qui règnerait et gouvernerait la Fille ainée de l’Eglise ; mais pas pour asseoir un fonctionnaire sur un trône régional qui se réduira inéluctablement à un tabouret sous l’action des institutions européistes séduites par le chant des sirènes euro-atlantistes.
Il n’y a pas de roi sans royaume.
Le dossier publié dans les pages suivantes sous forme de cinq articles (depuis « Une espèce en voie… » jusqu’à « Au nom de la liberté… » pose la question « où sont passés les sujets du roi ? », qui amène la suivante « Un roi ? Sans royaume et sans sujets ! Mais pourquoi faire ? ».
Rien, l’histoire est finie, reste à rentrer à la maison avant d’en sortir pour commémorer Jeanne d’Arc et le prochain 21 janvier.
Etant plutôt du genre à « emmancher les faux à rebours » il est hors de propos de se résigner à cette fin lugubre sans réagir. Pour éviter que le royaume se noie dans le potage mondialiste, il faudra se lever contre la Commission de Bruxelles, le Parlement européen, le Congrès américain et les ennemis de l’intérieur. Pour retrouver les sujets du roi il faudra batailler contre les puissances de l’argent.
Face à tant d’adversaires bien armés la victoire des soldats de l’armée catholique et royale peu nombreux et un brin disparates, n’est pas chose évidente.
Conclusion, reste à unir les combattants de cette armée et à trouver les alliés avec lesquels il sera possible de courir sus à l’ennemi, bien sûr sans mettre notre drapeau dans la poche.
La victoire en question est celle de la Civilisation contre le matérialisme. Le combat se situe au niveau des idées ; mais, comme l’a si bien dit et prouvé notre ami A. Arette, il faut savoir « mettre sa peau au bout de ses idées » pour les défendre. Dans ce cas, si nous sommes vaincus, nous mourrons debout, les armes à la main, comme sont morts les Géants de 93. Pour suivre leur exemple nous devons nous lever maintenant et c’est en suivant le nôtre que d’autres se lèveront après nous ; jusqu’à la victoire finale qui appartient à Dieu.
Pierre Jeanthon