Politique

[Point de vue] La faute de Jean-Marie Le Pen

Quelques mots, et la machine s’est emballée. D’abord, réaffirmer que les chambres à gaz sont un détail, au micro de Bourdin sur RMC. En suite, dans un entretien à Rivarol [1], confirmer ces propos, et en tenir d’autres, qui, eux, peuvent être très pertinents.

Certes, sur le fond, Jean-Marie Le Pen n’a pas tort : si un génocide n’est jamais un détail, le moyen utilisé, ici les chambres à gaz (et qui n’est qu’un moyen parmi d’autres), importe peu. On ne peut cependant se réjouir de cette affaire.

Cette affaire révèle d’abord le manque total de sens politique chez Jean-Marie Le Pen. Celui-ci sait bien que chacun de ses propos sur la Seconde Guerre mondiale et tout ce qui s’y rapporte provoque, presque à coup sûr, un tollé médiatique. En tant qu’homme politique, il est de son devoir de se poser cette question : revenir sur ces sujets et exprimer son opinion dessus, est-ce vraiment utile ? La réponse est, de toute évidence, négative. D’une part, l’opinion publique est peu réceptive à ce genre de débat historique complexe ; d’autre part, les problèmes que rencontre la France sont bien plus graves que ceux concernant la mémoire du maréchal Pétain.

Le Pen est d’autant plus fautif que le FN est le seul parti de premier plan à apporter, aujourd’hui, des réponses valables aux nombreux problèmes que rencontre notre pays. Que ce soit sur des questions sociétales, d’immigration, de souveraineté, le FN semble le meilleur choix en l’état, même s’il est (très) loin de la perfection. Ainsi, en montrant une image négative du FN avec ses sorties intempestives, Jean-Marie Le Pen rend encore plus difficile l’arrivée du FN au pouvoir, et donc rend encore plus improbable l’hypothèse d’une amélioration (certes partielle) de la situation nationale [2].

Mais alors, faut-il se soumettre totalement à la doxa médiatique, bannir tout ce qui pourrait passer, aux yeux des bien-pensants, pour un “dérapage”, et finalement, faire du FN un UMP ou PS bis ?

Absolument pas. Il est bon d’asséner certaines vérités qui dérangent les bien-pensants, mais à condition qu’elles soient d’une part utiles, et d’autre part compréhensibles. Par exemple, s’élever contre la prolifération des mosquées en France est nécessaire : même si cela risque d’attirer les accusations de “racisme”, cette prise de position, tout à fait pertinente, trouvera un écho dans une large part de la population [3].

C’est aussi pour cela que Jean-Marie Le Pen a été fautif : en mêlant des prises de positions incongrues sur la Seconde Guerre mondiale, et des prises de position nécessaires sur la défense de notre identité, il décrédibilise les positions les plus pertinentes. Il est évidemment vital de se rappeler de notre Histoire, mais il l’est moins de s’attarder sur ce que Le Pen qualifie lui-même de “détail”.

Pour conclure, le FN semblant être en mesure d’apporter quelques solutions temporaires, il est utile de le soutenir. Toutefois, cette affaire montre que les partis politiques, tous plus ou moins soumis aux déclarations personnelles et aux tapages médiatiques, ne sont pas en mesure d’établir une politique nationale qui soit solide et durable. C’est tout le jeu républicain qui doit être remis en cause ; mais ceci est une autre question.

François Etendard 

1 – Entretien complet ici : http://www.jeune-nation.com/wp-content/uploads/2015/04/Rivarol-3183-entretien-JMLP.pdf

2 – Pour ceux qui doutent de l’impact négatif de tels propos : le taux d’impopularité de Jean-Marie le Pen dépasse actuellement les 90 % : http://www.bfmtv.com/politique/sondage-9-francais-sur-10-n-apprecient-pas-jean-marie-le-pen-876483.html

3 – http://www.fdesouche.com/587841-sondage-46-des-francais-jugent-quil-y-trop-de-mosquees-10-pas-assez

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.