Chantal Delsol, Populisme. Les demeurés de l’Histoire
“ Le courage ne caractérise pas généralement les intellectuels, qui ne possèdent comme patrimoine que leur réputation, et le regard porté sur eux par leurs concitoyens[1]. “
Née en 1947 à Paris, la philosophe et universitaire Chantal Delsol est bien connue des lecteurs du Figaro et de Valeurs actuelles. En outre, elle compte à son actif un certain nombre d’ouvrages publiés.
Elle vient de s’attaquer à un sujet épineux qui fait grincer bien des dents : le populisme. À travers ce terme, on pense facilement au Front national ou à différentes « extrêmes-droites » européennes.
Chantal Delsol part d’un constat évident, qui ne troublera personne : dans le discours ambiant, pour les dépositaires du pouvoir et les media, « populisme » est une insulte, un moyen de disqualifier son adversaire, un « fasciste ! » en à peine plus léger. Avec un tel contexte, il peut sembler difficile d’aborder le sujet avec sérénité et recul. C’est pourtant ce que l’auteur s’efforce de faire au cours des 268 pages de son dernier ouvrage, Populisme. Les demeurés de l’Histoire[2].
La philosophe commence par poser les bases de son sujet, ce qui relève d’une saine et appréciable méthodologie. La différence entre « populisme » et « démagogie » est explicitée, et différentes définitions sont données (idiot, particulier, etc.). L’ouverture de l’ouvrage, ensuite, ancre la pensée sur un fond historique, antique en particulier. Pour notre part, c’est ce long préambule s’interrogeant sur l’histoire ancienne grecque qui nous a le plus plu. Le tout intéressera les lecteurs se posant des questions à propos de l’actualité politique de la Ve République, de la notion droite-gauche, de l’essence de la « démocratie », et de la vacuité définitoire de nombreux mots abondamment employés dans les media.
Chantal Delsol pointe bien du doigt le cœur du problème : « Le peuple se voit abandonné (à ses problèmes sociaux, éducatifs ou autres, selon les cas), mais en sus il se voit trompé. Le partage maffieux du pouvoir, qui équivaut à un retournement et à un déni de démocratie, s’organise au nom même de la démocratie, et c’est bien là ce qui devient insupportable[3]. » Ajoutons que le fait même de prétendre donner le pouvoir au plus grand nombre est un acte de corruption : la corruption des électeurs eux-mêmes, via les promesses et les programmes électoraux.
Quand des élites autoproclamées prétendent instruire le peuple, ne nous laissons point faire, et rééduquons-les. Nous attendons toujours les lumières promises par la République « française » : où sont-elles ? Serait-ce l’analphabétisation en recrudescence ? La dette publique en explosion ? La laideur architecturale des banlieues ? Le chômage galopant ? Le bourrage de crâne médiatique ? Le divertissement dans les loisirs ? L’abandon de Dieu ? La raréfaction des familles ?
En bref, nous en retiendrons qu’une « démocratie » qui est menacée par ce qu’elle nomme elle-même « populisme » est un régime moribond, mourant, à l’agonie. Un espoir de plus pour le roi ! Et donc pour la France !
Jean de Fréville