Honneur à notre Princesse Eugénie !
5 mars 2015 : la Princesse Eugénie de France a 8 ans !
Elle est née le 5 mars, jour anniversaire de la naissance de Charles de Bourgueville (1504-1593), homme de lettres et historien normand.
Profitons de ce « Jour de la Princesse Eugénie » pour relater quelques éléments de la vie de ce personnage et surtout, nous replonger dans cette Normandie de l’ancienne France des corps intermédiaires, de la vraie France des libertés et de la piété mariale au XVIème siècle !
Charles de Bourgueville naît dans une famille établie à Caen depuis le XIVème siècle et son père est l’un des deux avocats du Roi au Présidial de Caen. Les Présidiaux furent institués par édit royal d’Henri II en 1552, d’une part dans l’intention de renforcer son système judiciaire, mais aussi (et peut-être surtout…) dans celle de vendre de nouveaux offices. Ces tribunaux statuent sur les affaires civiles en première instance dont l’objet est inférieur à 250 livres tournois et sur les affaires en appel dont l’objet est compris entre 250 et 500 livres tournois (Tribunal d’Instance, aujourd’hui). Au-delà, l’affaire relève de la compétence du Bailliage (Tribunal de Grande Instance, si l’on veut). Le Bailliage de Caen est une circonscription où s’exerce l’autorité du Bailli, représentant du Roi en matières judiciaires et fiscales. La Révolution transforma ces Bailliages en circonscriptions électorales, nous pouvons donc, encore aujourd’hui, en connaître les délimitations territoriales approximatives.
En 1533, il est nommé lieutenant général de la Vicomté de Caen. Les Bailliages de Normandie étaient subdivisés en Vicomtés avec, à leur tête, un Vicomte, fonctionnaire public remplissant la charge de juge ordinaire. Ce Vicomte pouvait être roturier car il ne s’agissait pas d’un titre nobiliaire, mais d’une survivance du terme latin Vice Comes, « envoyé du duc », à l’époque où la Vicomté était une circonscription dépendant directement du duc de Normandie (entre le XIème et le XIIIème siècle).
Ainsi, le Parlement de Normandie, instance suprême de la province, amenée à juger de la légalité des décisions royales en regard des coutumes et privilèges locaux (sorte de Conseil Constitutionnel provincial), était-il divisé en Bailliages, eux-mêmes subdivisés en Présidiaux et Vicomtés.
La France royale était un pays de Liberté, où les décisions du Roi, monarque absolu, c’est-à-dire responsable uniquement devant Dieu de ses bienfaits ou de ses fautes, voyait ses décisions toujours passées au crible des libertés locales, coutumes ou privilèges ancestraux. Les Parlements étaient ce crible. Au pouvoir du Roi, primait le respect de la Liberté locale ! Voilà la vraie France de nos Rois !
En 1541, Charles de Bourgueville devient lieutenant général du Bailly de Caen mais démissionne la même année pour se consacrer entièrement aux Belles-Lettres. Tout jeune, il avait été plusieurs fois couronné aux concours du Palinod. Le Palinod était, autrefois, un poème écrit en l’honneur de l’Immaculée Conception de la Vierge, récité à l’occasion de la « Fête aux Normands », nom communément donné à la fête de la Confrérie de la Conception Notre Dame, fondée en 1072 par Jean de Bayeux, archevêque de Rouen et fêtée le 8 décembre. En 1486, Pierre Daré, lieutenant général du Bailliage de Rouen et prince de la Confrérie cette année-là, l’érige en Académie et crée des prix pour récompenser les meilleures pièces de poésie composées en l’honneur de la Vierge Marie.
Charles de Bourgueville sera primé à trois reprises. Il est l’auteur d’ouvrages historiques sur la Normandie et notamment de cet opus : « Les Recherches et Antiquitez de la Province de Neustrie », publié en 1588. Il s’éteint à Caen en 1593 et est inhumé dans l’ancienne chapelle de l’Ecce Homo de l’église Saint Pierre.
Vous rendez-vous compte ? Il est né sous Louis XII et est mort sous Henri IV ! Quelle vie ! François Ier, Le Rosso et Le Bernin à Fontainebleau, Léonard de Vinci à Chambord ! Henri II, Diane de Poitiers, Catherine de Médicis, Chenonceau, Nostradamus, Ruggieri, la lance de Montgomery ! Charles IX, la Saint Barthélémy, les guerres de religions, Henri III, la mort des Guise, le poignard de Clément ! Henri IV, une conversion, les Bourbon sur le Trône de France ! Quelle vie !
A l’instar de ces Palinods de Normandie, je prie très humblement la Très Sainte Vierge Marie, conçue sans péché, de conserver, à la lumière de son parfait exemple d’Amour et de Fidélité, en sa Bienveillante protection notre Princesse Eugénie.
Franz de Burgos