Christian Vanneste, Pour une France libérée
Beaucoup parmi vous doivent déjà connaître, sans doute, le nom de Christian Vanneste, ex-député UMP le plus démocratiquement du monde – enfin, de la république – évincé de son parti (ce qui, au passage, est un merveilleux exemple des méthodes chères aux républicains et du danger de l’esprit de parti induit par l’actuel occupant de notre territoire) pour avoir rappelé quelques vérités historiques à propos de « l’État français » sous « Vichy ». Aggravant ses maux, il a fermement pris position lors des différentes manifestations et oppositions au projet législatif portant le nom de Taubira et cherchant à détruire encore un peu plus l’institution de mariage, et sa notion même, dans notre beau pays qui crève de manquer d’amour ou de pervertir ce noble sentiment. L’ancien parlementaire s’est donc fait de nouveaux ennemis en même temps qu’il a perdu d’anciens amis, y compris auprès du groupement La Manif pour Tous où une police de la pensée et un écrémage révolutionnaire est à l’œuvre comme dans toute institution républicaine – entendons bien qu’il s’agit de tout autre chose que de respublica christianorum ! – ou se voulant telle.
Non réinvesti par l’UMP lors des élections législatives de 2012, Christian Vanneste jouit d’une liberté toute nouvelle ou, du moins, retrouvée. Il s’exprime publiquement, sur des media « alternatifs » à l’audience nationale, internationale même, comme il n’avait jamais pu le faire auparavant. Il aborde les sujets qui lui tiennent à cœur, s’éloigne peu à peu du carcan du politiquement correct et se pose des questions interdites aux penseurs politiques autorisés par le régime de l’occupant, même s’il demeure le président d’un petit parti républicain, le RPF (Rassemblement Pour la France) et qu’il soutient des idées d’origine révolutionnaire, comme le service militaire qui faisait bondir Georges Bernanos[1].
Nous pouvons lire de nombreux billets de Christian Vanneste sur Boulevard Voltaire ou Nouvelles de France. En outre, il alimente un blogue personnel, éponyme. Ces réflexions ont été regroupées dans un ouvrage récemment paru chez Tatamis, intitulé Pour une France libérée[2]. En dépit d’une Marianne à bonnet phrygien et cocarde tricolore sur la première de couverture, le contenu du livre n’est pas dénué d’intérêt. Le lecteur se promènera parmi les ruines de notre chère patrie, contemplant les ravages économiques, sociaux, culturels et moraux qui y sévissent… Rien de bien affriolant, mais il faut regarder les problèmes en face ! Des chapitres comme « La réformophobie » ou « L’habit vert » devraient nous y aider.
Jean de Fréville
[1] Celui-ci écrivait en 1947, dans La France contre les robots : « L’homme de notre civilisation, de la civilisation française – qui fut l’expression la plus vive et la plus nuancée, la plus hellénique, de la civilisation européenne, a disparu pratiquement de la scène de l’Histoire le jour où fut décrétée la conscription. Du moins n’a-t-il plus fait depuis que survivre.
« Cette déclaration surprendra beaucoup d’imbéciles. Mais je n’écris pas pour les imbéciles. L’idée de la conscription obligatoire paraît si bien inspirée de l’esprit napoléonien qu’on l’attribue volontiers à l’Empereur. Elle a pourtant été votée par la Convention […].
« L’institution du service militaire obligatoire, idée totalitaire s’il en fut jamais, au point qu’on en pourrait déduire le système tout entier comme des axiomes d’Euclide la géométrie, a marqué un recul immense de la civilisation. Supposons, par exemple, que la Monarchie ait osé jadis, par impossible, décréter la mobilisation générale des Français, elle aurait dû briser d’un seul coup toutes les libertés individuelles, familiales, provinciales, professionnelles, religieuses, porter ce coup terrible à la Patrie, car la Patrie, c’est précisément ces libertés. Cette opposition eut pourtant paru naturelle à nos pères. »
Dans La liberté, pour quoi faire ?, le même auteur ajoute : « En décrétant la conscription obligatoire, la Convention nationale a trahi la civilisation et fondé le monde totalitaire. Dès qu’il suffit d’un décret pour que tous les citoyens appartiennent à l’État, pourquoi ne lui appartiendraient-ils pas toujours, de la naissance à la mort ? »
[2] VANNESTE (Christian), Pour une France libérée, Blois, Tatamis, mai 2014, 288 p., 18 €.