Polémique Cukierman, l’impossibilité de gouverner
Chers amis,
La polémique déclenchée par le président du Crif, Roger Cukierman, est un non-événement. Mais elle me semble un parfait écho aux propos de Manuel Valls sur « l’apartheid » dont souffrirait une partie de la population en France. Ainsi, tandis que le Premier ministre fait porter sur le dos des Français européens la culpabilité des attentats et des troubles nombreux qui ont émaillé notre actualité depuis le début du mois de janvier, en les accusant d’être en somme les responsables non-coupables, par l’exclusion qu’ils imposeraient aux Français musulmans issus de l’immigration ; Roger Cukierman, lui, renverrait l’accusation sans nuance contre l’islam, en soulignant que tous les actes antisémites de ces dernières années seraient le fait de musulmans, et sans chercher d’autres coupables.
Les deux propos ont soulevé une égale polémique. Mais, c’est ici que les choses deviennent inquiétantes pour nous, dans un cas comme dans l’autre, les dires tant du Premier ministre que du président du Crif n’ont été vérifiés par personne. Pire ! Ils sont réputés invérifiables faute de statistiques religieuses et ethniques en France. Nous savons bien que ces statistiques existent, puisque l’on sait quelle est l’origine raciale ou religieuse des détenus dans les prisons françaises, ayant appris, en 2005, après les émeutes, que X % des émeutiers étaient Européens et insérés socialement. Mais nous faisons comme si ces statistiques n’existaient pas ou ne devraient pas exister.
C’est une situation gravement préjudiciable au bon gouvernement de la France. En effet, les propos de ces deux hommes ne doivent pas faire polémique, ils doivent pouvoir être vérifiés pour être traités comme des informations. La vérification de l’information doit, ensuite, engendrer, une réponse politique. Ainsi, s’il est vérifié que tous les actes antisémites des dernières années sont le fait de musulmans, il faut en prendre acte et s’adresser directement à cette communauté, créer pour elle une politique adaptée pour extirper de ses rangs les mauvais sujets. S’il est, au contraire, vérifié, que les propos de Roger Cukierman sont erronés, il faut également le dire, statistiques à l’appui, car cela signifierait qu’une communauté de plusieurs millions de personnes est diffamée depuis des décennies dans le discours politique et médiatique. Mais dans les deux cas, il faut avoir le courage de regarder toute la vérité des chiffres en face.
De la même manière, les propos de Manuel Valls doivent pouvoir être vérifiés, statistiques ethniques et religieuses à l’appui. Car si ses propos sont erronés, il n’a pas sa place comme Premier ministre, lui qui a dressé les communautés françaises les unes contre les autres. S’ils sont exacts, il faut pouvoir répondre immédiatement en termes d’aménagements du territoire, de mesures sociales, d’incitations à l’emploi, etc. Mais là encore, il nous manque des outils de mesure.
Chers amis, c’est cette absence de données claires, chiffrées, indéniables, qui m’inquiète et que ces polémiques révèlent. Cette absence nuit au gouvernement de notre patrie.
Il est urgent, pour le gouvernement du pays, que nous puissions intégrer dans tous les sondages, dans tous les recensements, une composante ethnique et religieuse, pour affiner notre connaissance du peuple et les réponses qu’il convient de lui apporter.
Ce n’est pas seulement un problème d’efficacité, mais aussi de justice. En effet, est-il normal que l’on puisse condamner un homme pour racisme ou xénophobie, parce qu’il a soulevé des faits statistiques, comme ce fut le cas d’Eric Zemmour en 2011, soutenant que la majorité des délinquants était d’origine noire ou arabe ? Où est le racisme ? Il y a là une affirmation qui doit pouvoir être vérifiée par la statistique, et si elle est fausse, son auteur peut être condamné pour diffamation, mais certainement pas pour un racisme imaginaire.
Vous le voyez, chers amis, tout concourt, au nom de la paix entre les peuples de France et d’une politique de gouvernement plus efficace, à la mise en place de ces outils de mesure nouveaux, qui permettraient de dépassionner nos débats d’actualité en mettant cartes sur table.
Il paraît que le Premier ministre est favorable à ces statistiques. Pourvu qu’il passe du désir à l’acte.
Charles