Du sacre royal à l’élection présidentielle, par Paul-Raymond du Lac

Dieu élit le Roi de France par la naissance et les lois fondamentales du royaume, qui réduisent à néant toute compétition et toute comparaison. En France, personne ne peut acquérir le statut de roi par ses propres faits : on naît roi, ou on le devient automatiquement quand la succession s’opère, sans que les princes ne s’entretuent jusqu’au dernier comme chez les mérovingiens, puis les carolingiens ou chez les Ottomans.

Les royautés païennes réduisent la violence généralisée à la souche royale et à ses satellites, par divers moyens, et c’est un bienfait, mais aucune royauté non chrétienne n’a su réduire les soucis de succession au minimum : en cela, le royaume de France est fondateur. Dieu a fait don à la France d’une élection divine chimiquement pure, sans intervention aucune de l’homme hors sa collaboration docile au plan divin. En France, le Roi ne choisit pas son successeur, pas même par l’adoption, on ne devient pas roi non plus en assassinant le Roi en exercice, ni en se faisant élire par le peuple ou par un conseil de princes ; de même, on ne régente pas comme on veut en l’absence du Roi, etc.

Cela n’est pas tout ! Le Roi — né Roi, dauphin ou, tout au moins, prince et proche de la succession royale — est éduqué dès sa plus tendre enfance comme un futur Roi, conscient qu’il ne doit sa position qu’à Dieu et, surtout, à aucun homme ni à aucune institution humaine, sans aucun autre mérite que d’être né ! Le Roi de France est le fruit d’une élection divine pure, immaculée de toute hommerie, pour reprendre un néologisme cher à saint François de Sales.

Pour se parfaire comme Roi — tel le baptisé qui ne devient parfait chrétien qu’avec la confirmation —, celui-ci doit être sacré, autre cadeau des cieux cristallisé dans une longue tradition de grâce. Le Roi, passant au sacre, parfois très jeune, se fait le serviteur de sa fonction : il accepte d’être l’instrument de Dieu, durant une cérémonie interminable où il est forcé de rester des heures à genoux, puis plusieurs jours de cérémonies annexes, dont celle du toucher des écrouelles. Durant le sacre, le Roi est sanctifié : il devient intouchable, sacré, et obtient les grâces nécessaires à son état. Ce sacre est signifié extérieurement par la guérison des écrouelles, les insignes du pouvoir et les prières. C’est quasiment un sacrement, il fut même considéré comme tel par de nombreux théologiens médiévaux.

Lors du couronnement, les clercs et grands du royaume, piliers de celui-ci, soutiennent la couronne du Roi, geste figurant l’ordre incarné des aristocraties temporelle et spirituelle. L’anneau incarne le mariage spirituel du Roi à son royaume. La main de justice et le sceptre figurent ses rôles de justicier et d’ordonnateur : le Roi est source et fontaine de justice ! L’épée, remise sur l’autel, symbolise le fait que le Roi remet tout à Dieu, qui lui rend son pouvoir par l’intermédiaire de l’évêque, Son ministre consacré. C’est tout le sens de la triple donation de sainte Jeanne d’Arc.

« Vivat Rex in aeternum ! » Le roi est acclamé par tout le royaume, le corps en liesse d’avoir non seulement une tête, mais une tête ointe ! La surnature royale, Jésus-Christ, prend la nature royale : le Roi, né roi par droit de sang et déjà élu de Dieu, est élevé au rang d’oint du Seigneur et de lieutenant de Dieu sur terre.

Le Roi sacré vit tout cela lors du sacre. Au nom du Très-Haut, l’Église lui rappelle tous ses devoirs, déjà bien ancrés en lui par son éducation. Pas d‘envie, pas d’orgueil, car le Roi est tout sans avoir rien fait et il le sait. Il est tout et il ne le doit à personne, si ce n’est à Dieu.

Voilà le sacre royal ! Imaginez l’état d’esprit du souverain au sortir du sacre, du dîner rituel reproduisant la dernière Cène et du toucher de malades repoussants… Face à cela, vous avez le sacre républicain : les élections. Au silence et à la beauté de la liturgie catholique, s’opposent bruit, vacarme et racolage, mensonges et retournements de veste, massacres entre amis ou entre ennemis…

Le plus orgueilleux, le plus bruyant, le plus corrompu et corrupteur, le plus manipulateur sera bientôt l’heureux élu « du peuple »… Il n’y a pas photo, chaque sacre explique bien la nature de son régime.

Les conséquents ne peuvent pas rester républicains ; les conséquents ne doivent pas jouer le jeu de l’élection ni d’un côté, ni de l’autre. Le seul électeur qui vaille, c’est Dieu !

Paul-Raymond du Lac

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France !