101ème Journée mondiale du Migrant et du Réfugié : amour et paix
Ce dimanche 18 janvier 2015, l’Église universelle célèbre sa 101ème Journée mondiale du Migrant et du Réfugié pour laquelle le Pape François a choisi comme thème de réflexion et de prière : « Église sans frontières. Mère de tous ». Deux questions se posent. Première question : pourquoi cette journée ? À la suite du Christ qui s’est lui-même identifié à l’étranger (Mt 25, 35), l’Église a toujours eu le souci de celui que l’éloignement de sa terre natale fragilise. En 1914, le pape Benoit XV a institué une Journée mondiale du migrant et du réfugié sans imposer de date aux diocèses. En 1969, le pape Paul VI rappelait que la célébration de cette journée doit tendre à ce que les membres du peuple de Dieu connaissent mieux leurs devoirs et prennent leurs propres responsabilités dans le soutien des œuvres en faveur des personnes en migration. La même année était créé le Conseil Pontifical pour la pastorale des migrants. En novembre 2004, le pape Jean Paul II décidait que cette journée serait célébrée à une date unique pour toute l’Église, le deuxième dimanche après le 6 janvier. Avec l’instruction Erga migrantes caritas Christi, publiée en mai 2004, le pape Jean-Paul II réaffirme l’importance de cette date: « La célébration annuelle de la Journée mondiale du migrant et du réfugié sera l’occasion de redoubler d’efforts … afin que nous puissions être aidés à vivre ensemble devant Dieu – au même moment – un jour de prière, d’action et de sacrifice pour la cause des migrants et des réfugiés ».
Deuxième question : que veut rappeler l’Église catholique ? Simplement souligner, de par le monde, ses convictions et ses engagements pour que soient respectés et reconnus dans leurs droits et dignité les migrants, les réfugiés, les demandeurs d’asile et tous les hommes et femmes de la migration. En France, tous les catholiques s’unissent à la prière de l’Église universelle pour les peuples migrants. Comme l’explique Mgr Claude Schockert, évêque de Belfort-Montbéliard, responsable de la pastorale des migrants, l’enjeu est de faire avancer « la construction de la fraternité universelle, base indispensable d’une véritable justice et condition de la paix » en « aidant chaque communauté chrétienne à s’ouvrir aux questions que soulève la présence des migrants et des exilés chez nous. »
Le cardinal André Vingt–Trois, archevêque de Paris, a précisé récemment lors de la tragédie du 7 janvier : “Prions pour notre pays : que la modération, la tempérance et la maîtrise dont tous ont fait preuve jusqu’à présent se confirment dans les semaines et les mois qui viennent ; que personne ne se laisse aller à l’affolement ou à la haine ; que nul ne se laisse aller à la facilité d’identifier quelques fanatiques avec une religion tout entière. Et prions aussi pour les terroristes qui découvrent la vérité du jugement de Dieu ». Des musulmans radicaux tuent au nom d’Allah et veulent détruire la civilisation occidentale. Alors ? Quand un ministre des Affaires étrangères marocain, Salaheddine Mezouar, ne prend pas part à une marche de paix « en raison de la présence de caricatures blasphématoires” du prophète dans le défilé, il ne faut pas imaginer que le changement dans les mentalités musulmanes, c’est pour demain ! Et que l’esprit de tolérance a quelque chance de progresser ! Assez d’hypocrisie ! De la lucidité, du respect et de l’éducation dans les écoles !
Aujourd’hui, les communautés catholiques sont appelées à exprimer leur identité comme « Église sans frontières » où toute personne puisse trouver sa place. Sommes-nous capables de témoigner par nos gestes et nos paroles que Dieu est Amour et que l’Église est mère de tous ? Les migrants sont-ils capables de l’accepter, de le comprendre et de le pratiquer. Oui, sans hésitation, s’ils sont chrétiens. Seule une Église “en sortie” selon l’expression du Pape François, vers les périphéries humaines, seule une Église aux portes ouvertes, où tous ceux qui le veulent trouvent leur place, pourra devenir et être véritablement la maison ouverte d’un Dieu qui est Père et Mère et qui voit en chacun non pas un étranger ou un hôte, mais un fils et une fille bien aimés.
Dans son message pour cette journée, le Pape François rappelle qu’ « à la mondialisation du phénomène migratoire, il faut répondre par la mondialisation de la charité et de la coopération, de manière à humaniser les conditions des migrants ». Il souligne l’importance des migrants et réfugiés : « Vous avez une place spéciale dans le cœur de l’Église, et vous l’aidez à élargir les dimensions de son cœur pour manifester sa maternité envers la famille humaine tout entière ». Naturellement que nous ne pouvons que soutenir cette profession de foi, à condition que ces personnes viennent pour vivre avec nous, avec le Christ, et pas pour nous détruire.
Le 11 janvier 2015 restera donc dans l’histoire de ce pays comme un jour unique, avec cette photo de 50 dirigeants main dans la main. Et après ? Que va-t-il se passer ? La France est en guerre. Elle est le premier fournisseur de combattants au Moyen-Orient. Jusqu’à ce jour, on entrait et on sortait en France comme dans un moulin. Qui a fait de la prison pour terrorisme ne devrait pouvoir en sortir qu’avec un bracelet électronique. Il faut le suivre, pas le laisser partir dans la nature.
Que personne n’oublie qu’il y a un an, près de 200 jeunes filles ont été enlevées par Boko Haram. Un hashtag a fait le tour du monde (#BringBackOurGirls). Elles ne sont jamais revenues. Aujourd’hui, c’est #JeSuisCharlie. Cela suffira-t-il pour réveiller nos élus politiques de la gravité de la situation et de l’échec de leur politique en matière d’éducation (voyez le climat dans les cités sensibles), de formation et d’intégration (par le travail, mais où ?).
Cessons d’être sourds, muets, aveugles, face aux évidences, face à nos politiques qui pour des fins électoralistes laissent l’islam radical progresser dans les quartiers défavorisés, alors qu’ils prônent la laïcité. Mais ne nous laissons pas entrainer sur de dangereux chemins en voyant dans tout musulman un danger. Non, sur les quelque six millions de musulmans vivant en France, la majorité est modérée et ne demande qu’à vivre en paix. L’hypocrisie, les mensonges, ne passeront plus : grâce à cette journée, nous allons veiller toutes et tous pour que vive la France, sans peur et sans reproche ! Aux imans à faire leur travail de paix, d’amour et de fraternité.
Si par cette journée, l’Église invite les communautés chrétiennes à dépasser les frontières, géographiques et culturelles, mais surtout les frontières de nos esprits et de nos cœurs, il ne faut pas sous-estimer le poids de la différence religieuse. Comme le répète inlassablement le Pape François, il faut passer d’une attitude de méfiance et de peur, d’indifférence et de marginalisation, d’une “culture du rejet”, à une “culture de rencontre et de partage”, seule vraiment capable de transformer les frontières et les murs en ponts et en passerelles. À condition de réciprocité, et d’une volonté commune, que cela soit clair et net.
Après cette semaine si riche en évènements, restons calmes et sereins dans la construction de notre avenir, celui de nos enfants et petits-enfants. Puissions-nous veiller sur notre entourage avec amour et enseigner qu’il n’est d’autre victoire que celle que l’on obtient par le dialogue et la communication avec le Christ. Excellente semaine ! Quelles que soient les suites de ces tragédies, le jour continuera de se lever et la nuit de tomber…
Solange Strimon