L’Affaire du drapeau tricolore
Dans L’Insoutenable Légèreté de l’être, Milan Kundera écrivait : « Les symboles, on le sait, sont intouchables. ». Pourtant, après avoir modifié l’emblème de la présidence de la république pour y ajouter une croix de Lorraine et saccagé les salons de l’Élysée pour en retirer les ors et les tentures rouges pourtant si symboliques, voilà que le président s’en prend désormais au principal symbole du régime d’occupation de notre pays.
Ainsi donc, la presse nous apprend que M. Emmanuel Macron a changé les couleurs du drapeau de la république française. Il n’est pas anodin de noter qu’il les a rendues plus sombres ce qui symboliquement, dans le contexte de la dictature sanitaire, signifie beaucoup.
On remarquera par ailleurs que Valéry Giscard d’Estaing avait éclairci ce drapeau sous sa présidence pour le rendre visuellement plus compatible avec le bleu du drapeau européen. Ce premier changement était déjà très significatif puisqu’il montrait un cosmopolitisme européiste totalement exacerbé. En effet, ni le Royaume-Uni, ni le Luxembourg, ni les Pays-Bas, ni la Suède, ni la Finlande, ni la Slovénie, ni la Tchéquie, ni l’Estonie, ni la Slovaquie, ni la Roumaine, ni la Croatie, tous pays appartenant ou ayant appartenu à l’UE et ayant du bleu dans leur drapeau, n’ont fait montre d’une telle marque de soumission envers Bruxelles. On hallucine même en se disant que cette marque de soumission en 1974 était extrêmement précoce, en un temps où la France aurait pu imposer son bleu, plutôt que de s’infliger celui de l’UE.
Au moins le bleu inspiré du drapeau européen avait-il un lien avec nos traditions, les journalistes ne manquant pas de rappeler l’inspiration mariale de l’auteur de ce drapeau. Son bleu serait donc inspiré de celui du manteau de la Sainte Vierge, et c’est cette couleur que Macron rejette, ce qui ne sera pas étonnant. La référence mariale nous rappelle que le bleu des armes de France avait la même origine que celui du drapeau européen (bien sûr, les origines et les finalités de la Royauté française légitime et de l’UE n’ont rien à voir, mais nous parlons des symboles, pas des institutions).
Ainsi très symboliquement, Emmanuel Macron chasse la couleur de la Sainte Vierge, pour imposer une autre variation de bleu. Ce bleu marine aurait été soutenu par des marins de l’entourage militaire du Président de la République, parce que la « Royale », la Marine nationale, avait toujours conservé les couleurs prégiscardiennes, ce qui est respectable. Mais cette référence est très vite évacuée par la plupart des articles qui rapportent le fait, et c’est une tout autre référence qui semble avoir le plus inspiré M. Macron.
En effet, c’est le lien avec le drapeau révolutionnaire, avec les volontaires de l’An II, c’est-à-dire en particulier cette horde de Marseillais de rencontre qui attaquèrent le Palais des Tuileries et firent chuter le trône légitime le 10 août 1792, que M. Macron veut rappeler. La référence clairement énoncée par les journaux qui rapportent le changement, c’est 1793. Quatre-vingt-treize ! c’est l’assassinat du Roi, c’est la Terreur, le début des massacres en Vendée, en Bretagne et ailleurs, c’est l’an II, donc 1793-1794, les véritables heures les plus sombres et les plus sanglantes de notre histoire que M. Macron convoque à travers ce changement.
Pour tous ceux qui avaient des doutes, le tricolore est donc bien le drapeau de la Révolution ; on n’a pas dit qu’on en revenait au drapeau des soldats de 1870, à celui des Poilus de 14-18, à celui des combattants courageux de 1940, des résistants de l’armée des ombres ou des combattants d’Indochine, de Corée ou d’Algérie ; on a bien spécifié qu’on en revenait à l’étendard sanglant de la Terreur et de la Révolution !
Français fidèles, royalistes, si vous devez le respect aux couleurs sous lesquelles (et pas forcément pour lesquelles, nuance) nos ancêtres sont tombés dans les guerres précitées — suivant en cela les recommandations du Comte de Chambord, notre roi Henri V — vous ne devez aucun respect à celles de la Révolution et de la Terreur. Soyez dignes, les jours de commémoration de ces guerres comme le 11 novembre, respectez les couleurs que portent ou que portèrent nos soldats. Mais rejetez pour le reste le drapeau révolutionnaire, car le drapeau du Royaume de France est couleur de lys.
Ceux d’entre nous qui régulièrement tentent de trouver de bonnes raisons d’adopter les trois couleurs en cherchant des fondements historiques à leurs projets en auront donc pour leurs frais. Ce n’est pas le bleu marial, le bleu roi de nos armoiries, ce n’est pas le blanc de la royauté, ce n’est pas le rouge de l’oriflamme, pour Macron c’est bien le drapeau de la Révolution. Seul le roi pourrait lui donner une signification différente ; en attendant, nous avons le drapeau de Jeanne d’Arc, d’Henri IV, des Chouans ou des victoires du Trocadéro, de Navarin ou d’Alger.
Louis de Lauban
Vive la France ! Vive le Roi !
Le drapeau tricolore est, pardonnez-moi monsieur de Lauban, bel et bien le drapeau français, reconnu comme tel par encore la majorité de nos concitoyens… après tout, il regroupe trois couleurs qui ont flotté près de nos rois sur le champ de bataille ! le rouge de l’oriflamme de Saint Denis, le bleu des Valois et le blanc des Bourbons…
Je regrette bien évidement que ce soit le régime révolutionnaire qui en a imposé l’usage et la disposition des couleurs, mais ces trois couleurs faisaient partie de notre Histoire ! La livrée de la Maison du roi n’était-elle pas tricolore ? Ainsi que l’uniforme des Gardes françaises ?
Le drapeau blanc, qui fut le drapeau français entre 1815 et 1830 inspira, au mieux, l’ignorance des français… je pense qu’il faut garder le tricolore tel quel comme drapeau civil, et que par contre si un jour le roi remonte sur le trône de ses ancêtres,
il faudrait utiliser l’étendard fleurdelysé comme drapeau royal, comme le font les souverains britanniques qui font flotter l’étendard royal sur le château où ils se trouvent…
On pourrait par exemple utiliser le tricolore avec l’écusson fleurdelysé et la couronne pour l’usage militaire et naval, comme le font les Italiens avec leur magnifique pavillon qui reflète l’histoire maritime de leur pays !
Frère Maximilien-Marie du Sacré-Coeur a déjà répondu de manière claire au fétichisme du tricolore : « Ce drapeau tricolore qui a présidé à la sacrilège messe de la fête de la fédération, qui a présidé à la spoliation des biens de l’Eglise et aux sacrilèges contre la Ste Eucharistie et aux profanations des saintes reliques, qui a présidé au procès du Roi sacré et à son assassinat, qui a présidé à des milliers d’exécutions de bons Français fidèles à Dieu et au Roi, qui a présidé aux abominations du procès et de l’assassinat de la Reine, qui a présidé à l’abrutissement du petit Roi martyr dans sa claustration avilissante, qui a présidé à l’écrasement de la Vendée dans le sang, qui a présidé aux exécutions de tous nos héros tels que Charrette, Stofflet et tous les autres, qui a présidé à la persécution contre le pape (et aux funérailles civiles organisées pour l’un d’eux), qui a présidé à 15 ans d’usurpation sanguinaire par l’ogre corse, qui a présidé à l’usurpation orléaneuse de 1830, qui a présidé aux expulsions des congrégations religieuses et à la laïcisation de l’enseignement, qui a présidé à l’apostasie officielle de la France, qui a présidé à la spoliation des édifices du culte, qui a présidé à l’envoi au casse pipe de la fleur de la jeunesse de nos campagnes pour des motifs purement idéologiques en 1917… etc. Alors la pseudo gloire des champs de bataille d’un pays abâtardi par la révolution au point que depuis que ces 3 couleurs ont supplanté les lys il n’a JAMAIS pu gagner de guerre seul mais uniquement avec le soutien d’autres nations, c’est un couplet un peu surfait. Pendant que vous y êtes prenez la défense de l’ignoble marseillaise au prétexte qu’elle serait l’hymne avec lequel nos héros se sont couverts de gloire… Tous mes ancêtres, à toutes les générations, depuis le 1er en-pire jusqu’à la guerre d’Algérie ont été à la guerre sous ce drapeau. Ils ne se sont pas battus pour lui, mais pour la France, leur famille, leurs foyers… pas pour les couleurs maçonniques . »
Louis XVIII répondit quant à lui au Maréchal Masséna qui lui conseillait de garder le tricolore : « Je ne veux point faire à la France l’affront de lui imposer mes couleurs ; reprenons le drapeau blanc qui est le sien. » En effet, les Français furent un peuple libre sous des rois légitimes qui n’étaient pas des despotes, c’est pourquoi on ne peut se réjouir de se voir imposer la livrée royale comme à de simples valets. C’est d’ailleurs sans doute la vraie origine des trois couleurs, le prévôt des Marchands de Paris M. de Flesselle écrivant à M. de Launay gouverneur de la Bastille “j’amuse les Parisiens avec des cocardes” en attendant des renforts envoyés par le Roi (qui n’arriveront pas à la forteresse) s’est sans doute amusé à leur imposer les couleurs des serviteurs du roi.
Le Roi légitime, lorsqu’il sera restauré pourra seul décider de ce que sera notre drapeau.
En attendant, le seul drapeau des légitimistes est le drapeau blanc, il peut comporter du bleu et les armes de France, mais sa base reste blanche. De nombreux exemples en sont disponibles ici : https://commons.wikimedia.org/wiki/User:Louis_de_Lauban
Vous oubliez un détail, c’est que la Fête de la Fédération à eu lieu le 14 juillet 1790. Hors le drapeau tricolore est né le 15 février 1794. Il ne pu donc être présent à la Fêtete de la Fédération.
Et non cher monsieur, vous vous trompez, le 15 février 1794 a fixé l’ordre et l’orientation des 3 couleurs pour le pavillon de la Marine, qui est devenu ensuite le drapeau que nous connaissons. Mais des drapeaux tricolores d’ordres et de dispositions différents, il y en a eu dès 1789 comme on peut le voir sur des représentations de la fête de la Fédéraztion du 14 juillet 1790 : https://fr.wikipedia.org/wiki/F%C3%AAte_de_la_F%C3%A9d%C3%A9ration#/media/Fichier:CharlesThevenin-FeteDeLaFederation.JPG ou encore : https://fr.wikipedia.org/wiki/F%C3%AAte_de_la_F%C3%A9d%C3%A9ration#/media/Fichier:Serment_de_La_Fayette_IMG_2376.JPG et ici en 1793 : https://fr.wikipedia.org/wiki/F%C3%AAte_de_la_F%C3%A9d%C3%A9ration#/media/Fichier:Unit%C3%A9_Indivisibilit%C3%A9_de_la_R%C3%A9publique.jpg
Pour rebondir à la fois sur l’article de Louis de Lauban et le commentaire de Benoît Legendre je voudrais faire un double rappel.
Le premier concerne l’article que nous avons consacré, sur le blogue du CER, à cette “affaire du drapeau tricolore”(https://conseildansesperanceduroi.wordpress.com/2021/11/18/graves-interrogations-emblematiques-y-en-a-marre/). Nous y relevions davantage ce nouveau “fait du prince républicain”, qui réside à l’Elysée et décide désormais de tout ce qui concerne l’histoire comme la vie et l’avenir des Français, que la question du drapeau tricolore lui-même qui ne nous apparaît pas comme un véritable problème en soi. Même pour des royalistes et pour plusieurs raisons complexes que nous ne détaillerons pas dans notre commentaire présent.
En revanche, il me paraît important de rappeler que feu notre ami Hervé Pinoteau (référence s’il en fut en matière vexillologique, y compris légitimiste !) s’était lui-même prononcé de longue date, et sans jamais se démentir, en faveur de l’acceptation de ce fameux drapeau tricolore. Il le fit à plusieurs reprises (y compris dans des discussions privées que nous eûmes) mais précisément dans un long article intitulé “QUELQUES LIGNES SUR DES QUESTIONS VEXILLOLOGIQUES FRANÇAISES”, paru dans la revue espagnole Hidalguia, vol. 52 (2004), pp. 305-316.
Tout ce qui est important sur ce difficile sujet y est dit et je vous en recommande la lecture.
Sans s’opposer aux observations ci-dessus, qui sont pertinentes, il faut prendre en compte le fait que le drapeau tricolore a accompagné tant de désertions et de capitulations depuis près d’un siècle que, peut-être la présentation des trois couleurs pourrait être modifiée.
Ce qui d’ailleurs tisserait des liens avec des traditions anciennes, des drapeaux utilisés sous les Valois et les premiers Bourbons, et dont la première occurrence ressemblait à cela : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Drapeau_Charles_VII_Bourges_1419.svg
Si l’on vous suit (et pourquoi pas) la logique républicaine du moment voudrait que l’on mette le rouge du côté de la hampe et le bleu à l’extérieur… Laissant évidemment le blanc au centre du tout et permettant ainsi d’y placer les armoiries (enfin retrouvées) de la France. Un pied de nez à la Marianne du logotype affligeant de la République qui regarde vers le rouge sang du drapeau. Un résumé emblématique de l’histoire contemporaine.
Franchement, j’ai peine à croire que des royalistes trouvent encore le moyen de perdre du temps à parler chiffon. La question du drapeau ne devrait même pas se poser, dans un sens ou dans l’autre, avant la fin du régime républicain, ce qui n’est pas pour demain. Discuter du drapeau blanc (qui, je le rappelle, ne fut jamais un drapeau national, sauf pendant la Restauration) avant d’avoir rétabli la monarchie, c’est mettre la charrue avant les bœufs ; c’est surtout vivre à côté du monde réel.