Fête de Sainte Marguerite d’Écosse, une reine si proche de Saint Louis
Réjouissons-nous aujourd’hui de fêter Marguerite d’Écosse dont la sainte vie exemplaire reste un modèle pour tous, et qui a bien des points communs avec notre cher Saint Louis. C’est pourquoi nous avons choisi d’en faire notre héroïne du jour. Tout comme Saint Louis, Marguerite d’Écosse établit la religion, la justice, la charité et la paix, dans le seul but de rendre ses sujets heureux. Sainte Marguerite d’Écosse est la patronne des familles nombreuses et des reines, invoquée pour empêcher le décès d’un enfant. Elle est connue pour ce propos : « La main des pauvres est l’assurance des trésors royaux. Ce coffre-fort, les cambrioleurs les plus retors ne sauraient le forcer. » Mais qui était Marguerite d’Écosse, avant de devenir reine, épousant le roi Malcolm III en 1070, au palais de Dunfermline ? Elle naquit en Hongrie (vers 1045) où son père était exilé et elle passa son enfance dans la plus grande piété. Elle descendait des rois d’Angleterre par son père et des Césars par sa mère. Elle vint en Angleterre avec son père qui était appelé par son oncle, Édouard, roi des Anglais, à monter sur le trône de ses aïeux. Suite à une tempête, elle arriva sur les côtes d’Écosse. Le destin entrait sur scène.
Malcolm III a été charmé par sa beauté et les traits exceptionnels de sa personnalité. Décrit comme un rude guerrier, peu lettré, bien qu’il parlât trois langues vivantes, il resta toute sa vie profondément amoureux et admiratif de sa femme. C’est grâce à l’influence de Marguerite et à son investissement personnel que Malcolm III entreprit les réformes du royaume. Il y eut plusieurs conciles nationaux au cours desquels la reine s’entretenait doctement avec les théologiens et les pontifes, les Écossais furent ramenés aux pratiques romaines avec le rappel des commandements de l’Église, spécialement la communion pascale et le repos dominical, l’extirpation des rites païens, fâcheusement mêlés au culte, surtout pendant la messe, la proscription des mariages entre proches parents. Le début du carême fut fixé au mercredi des cendres. Sous son influence, Malcolm fit bâtir la cathédrale de Durham, fonda le monastère de la Trinité à Dunferline, et, avec l’accord du pape, créa les évêchés de Murray et Carthneff qui s’ajoutèrent aux quatre évêchés existants.
Marguerite s’illustra – tout comme saint Louis – à la pratique des vertus chrétiennes, affligeant son corps par des macérations, des veilles, et une grande partie de la nuit à ses pieuses oraisons. Elle avait l’habitude de jeûner dans de nombreuses circonstances allant même jusqu’à le faire quarante jours entiers avant les fêtes de Noël, et ceci malgré de vifs tourments. Dévouée au culte divin, elle enrichit d’objets précieux et autres les édifices religieux. Elle inspira à son époux une conduite exemplaire, et en vingt-trois ans de mariage, ce couple exemplaire eut huit enfants, élevés dans la plus grande piété : six garçons (Édouard, Ethelred, Edmond, Edgard, Alexandre, David) et deux filles (Édith et Marie) dont deux auront l’honneur des autels (David, roi d’Écosse, et Édith, reine d’Angleterre). Attentive à la prospérité du royaume, elle ramena son peuple à des mœurs dignes de la foi chrétienne. Elle est également reconnue et admirée pour son comportement envers les plus démunis, qu’elle ne se lassait pas de nourrir personnellement, allant même jusqu’à sacrifier ses parures royales.
Les puissants devinrent charitables. La pénitence chrétienne reprit ses droits sur les instincts grossiers. La pratique des sacrements, remise en honneur, produisait ses fruits. Partout, dans l’Église et l’État, disparaissaient les abus. Le royaume n’était plus qu’une famille, dont Marguerite se disait à bon droit la mère. L’Écosse naissait par elle à la vraie civilisation. David Ier, inscrit comme sa mère au catalogue des Saints, achèvera l’œuvre commencée. Une autre enfant de Marguerite, également digne d’elle, sainte Mathilde d’Écosse, épouse d’Henri Ier fils de Guillaume de Normandie, mettra fin sur le sol anglais aux rivalités persévérantes des conquérants et des vaincus par le mélange du sang des deux races. Encore quelques traits de son caractère, qui la rapprochent de Saint Louis : outre son extrême piété, son amour de la justice et son dévouement infini pour les pauvres, la reine insistait souvent auprès de son confesseur pour qu’il lui indiquât sans pitié tous ses défauts. Elle assistait à tellement de services religieux qu’on peut se demander combien d’heures réussissait-elle à dormir. Marguerite d’Écosse donna un exemple excellent d’épouse, de mère et de reine.
En ce temps-là, les guerres ne manquaient pas. Elles continuent sur le sol africain. En 1093, Malcolm III défendait l’Écosse contre Guillaume le Roux, fils de Guillaume le Conquérant, quand, le 13 novembre, à Alnwick (Northumberland), il fut tué au combat, avec son fils aîné. Marguerite, affaiblie par les traitements purificateurs qu’elle infligeait à son corps, désespérée par ces deux morts, mourut peu de temps après. La dernière prière de Marguerite avant de mourir souligne ô combien sa piété et son amour de Dieu : « Dieu tout-puissant, merci de m’avoir envoyé si grande peine, à la fin de ma vie. Puisse-t-elle, avec votre miséricorde, me purifier de mes péchés ! Seigneur Jésus qui, par votre mort, avez donné la vie au monde, délivrez-moi du mal ! ». Et son visage devint si serein qu’elle parut s’endormir.
On enterra la reine Marguerite dans l’église de la Sainte-Trinité de Dunfermline, contre l’autel, en face de la croix qu’elle avait plantée, où elle fut bientôt rejointe par son époux. Elle fut canonisée en 1251 par Innocent IV. A l’époque de la réforme protestante (1538), ses restes furent pieusement enlevés par les catholiques et transportés en Espagne. Pour les honorer, Philippe II édifia une chapelle à l’Escurial. En 1673, à la demande instante du recteur de l’église romaine Saint-André des Écossais, Clément X, proclama Marguerite, patronne de l’Écosse. La plus grande partie des reliques se trouve au couvent de l’Escurial, en Espagne.
Outre sainte Marguerite, reine d’Écosse, épouse de Malcolm III au XIe siècle, près d’une vingtaine de saintes et bienheureuses furent des Marguerite, notamment sainte Marguerite de Cortone (1247- 1297), ex-débauchée et sainte Marguerite-Marie Alacoque, (1647-1690), visionnaire du Cœur de Jésus. Dès l’époque des croisades, le prénom de Marguerite avait déjà fait le tour de tous les pays d’Europe. À titre d’information, la signification du prénom Marguerite : du persan margiritis au latin margarita en passant par le grec margiritis, une perle et non une fleur. C’est ensuite que cette fleur fut appelée “marguerite” puisque, fermée, elle ressemble à une perle. Ce prénom apparaît dans l’est de l’Empire romain dès le Ier siècle, et se répand rapidement au cours de siècles pour disparaître progressivement, n’étant plus à la mode.
Cette histoire se passait en 1070. Marguerite d’Écosse fut canonisée en 1251 par le pape Innocent IV et Louis IX, notre Saint Louis, en 1297. Que de rapprochements à faire entre ces deux destins, qui attestent des miracles de l’amour chrétien ! Puissent-ils vous donner envie de rêver à des temps meilleurs que ceux que nous vivons. Que la semaine à venir vous permette de concrétiser vos projets (il en faut à tout âge) et que vous dispensiez comme vous le pouvez, amour et fraternité, selon la volonté de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Solange Strimon
NB : ce 16 novembre, appel aux dons et aux bénévoles, avec la journée nationale du Secours Catholique : la misère et l’exclusion conduisent chaque jour en France 50 000 personnes vers les permanences locales du Secours Catholique.