Najat Vallaud-Belkacem : ministre de la Mode et de l’Achat Compulsif
Au feu les journaux sérieux et leurs analyses! A la poubelle la télévision et ses “investigations”! Coupons le cordon communotaro-ombilical de l’internet relié aux complotistes de tout poil! La vérité est ailleurs, claire comme de l’eau de Rochas : bienvenue dans la presse féminine, ce continent fard de la publicité, conquis par les pionniers (et leurs gourdes) du placement de produit où tout n’est que luxe, calme et vanité…
Prenons, au hasard, l’exemple de Najat Vallaud-Belkacem, notre ministre de l’Education nationale (avant on disait l’Instruction publique, mais ça, c’était avant), interviewée dans le Marie-Claire “spécial cheveux hashtag rentrée facile” avec “super idées pour gérer septembre”, paru en octobre (sic) 2014. Au-delà du mois de retard, on perçoit la dimension à long terme du projet journalistique…
Page 132, à la question “la pire erreur que vous jurez de ne pas refaire?” – un “quelle est” en préfixe n’eut pas été du luxe – notre ministre de l’Education nationale répond avec la plus simple des décontractions : “En fait, il n’y en a pas. Ce que je me jure de ne pas refaire, c’est précisément de considérer que je viens de commettre la pire erreur ou gaffe de mon existence, car la vérité c’est que la prise de tête s’avère, après coup, souvent bien plus grave que le sujet sur lequel on se l’est tant prise”.
“Egoïste! Egoïste! Egoïste!” hurlaient les femmes en robes de soirée aux fenêtres du Carlton dans le film publicitaire pour le parfum éponyme Chanel, il y a une éternité…
C’est qu’on imagine pas les tracasseries au quotidien d’un(e) ministre en pleine de “prise de tête”, les factures d’aspirine, le sommeil qui vient pas, le mal de dos, l’ego qu’en prend un coup, l’appétit coupé, les tensions au bureau, à la maison, le burn-out qui pointe son nez, l’ulcère qui menace : “Ah! Bon Dieu! Qu’c’est embêtant d’être…” ministre.
Non, l’enjeu (civilisationnel) n’en vaut pas la chandelle (du brave veilleur). A quoi bon se remettre en question, penser aux conséquences de ses actes, faire preuve d’introspection, quand on n’est jamais que ministre du gouvernement.
Mieux vaut, comme Najat Vallaud-Belkacem nous le propose dans Marie-Claire, succomber, absence de prise de tête oblige, à “la liste de ses envies”. Pour elle ce sera entre autres “une veste deZadig & Voltaire, une bougie Carrousel de Byredo, et des bottes en veau velours de Carel“. Mais dites-moi, Madame le Ministre, c’est une tenue parfaite pour veiller place Vendôme! Il n’est jamais trop tard pour bien faire…
Page 14, dans le même Marie-Claire, on nous propose pour “29,20e environ” de se procurer le “chariot girly” (dixit la rédaction) rose flashy (dixit moi-même) flanqué du motto de notre ministre de l’Education (soldée) nationale, de l’Enseignement supérieur (du chiffon) et de la Recherche (du bon plan mode) : “Keep calm and go shopping”.
Enfin, dans le Grazia du 10 octobre, page 76, France Labruyère nous apprend que “selon une étude britannique, 36% des drunk e-shoppers achètent en ligne des vêtements dont ils n’ont absolument pas besoin”. Le drunk e-shopping, c’est mettre dans son panier à tour de bras devant son écran, verre à la main. De quoi bien se “prendre la tête” avec son banquier le lendemain, après l’aspirine matutinale.
Alphée Prisme