Le mariage forcé, une tradition révolutionnaire et républicaine
De nos jours, on a tendance à confondre mariage forcé d’une part et mariage arrangé d’autre part, deux notions pourtant bien différentes. La première sous-entend que l’on se passe du consentement de l’un ou des deux époux, ce qui peut remettre en cause la validité de l’union, tandis que le second suppose ce même consentement après une « présentation » plus ou moins organisée.
I – Le mariage forcé était inconnu en France avant 1792
Lorsque nous lisons « mariage forcé », nous pensons presque automatiquement à des sociétés islamistes ou très particulières — vous m’aurez compris. C’est sans doute vrai, mais trop réducteur. Le mariage forcé, le vrai, c’est aussi le mariage civil qui s’impose depuis la Première République à tous les Français souhaitant se marier, avant le mariage religieux (le seul mariage qui soit véritable et authentique), qui fut même exclu par endroits dans les années les plus troublées de la tourmente révolutionnaire.
Le mariage civil établi en France par l’esprit révolutionnaire est donc un mariage forcé. Nous pourrions cependant révoquer le mot « mariage » dans ce cas, car ce n’est qu’une parodie, un concubinage légal, et non un vrai mariage, selon ce qu’enseigne le concile de Trente (entre autres). En revanche, il est bel et bien forcé, contraint, pour ceux qui vont véritablement se marier, à l’église. La République ne sera donc jamais convaincante pour lutter contre les mariages forcés.
II – Le « mariage » civil républicain est une offense à la conscience
« Liberté, Égalité, Fraternité » : la République a finalement eu la gentillesse de supprimer le « ou la mort » final.
Les républicains encensent la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 et bien d’autres choses, la liberté de conscience en tête. Pourtant, comme souvent, la Révolution fait l’inverse de ce qu’elle annonce. C’est sa matrice, explicitée par Saint-Just : « pas de liberté pour les ennemis de la Liberté ». C’est l’esprit d’intolérance, et la force brute de l’État républicain impose aux futurs époux de se plier à cette mascarade en mairie.
Le paradoxe est encore plus grand. En effet, l’État républicain tolère, et de plus en plus (c’est le moins qu’on puisse dire), le concubinage, l’union libre, etc. Il ne fait rien contre ces unions immorales, mais il ferait beaucoup contre les mariés (et surtout contre le prêtre[1]) qui ne seraient pas passés par le bureau du maire. Après tout, cela est logique : son « mariage » civil est lui aussi une union immorale à la suite de celles que nous venons de mentionner, et il a même subdivisé son soi-disant « mariage » avec la création du PACS. Tout ce qu’il recherche, finalement, c’est donc l’oppression des consciences et aussi leur abaissement, puisque ce passage obligé et le Code civil auquel il est attaché incitent au divorce et à la débauche. Et ne parlons même pas du fait que la conscience des fiancés doit encore souffrir de se soumettre à une cérémonie qui concerne également des paires d’hommes ou de femmes…
Le résultat est que le nombre de mariages véritables (religieux) continue de diminuer, tandis qu’au sein de la vaste gamme des unions immorales mais officielles proposées par la République, ce sont les plus bestiales qui connaissent les meilleures dynamiques.
Espérons seulement que le baptême républicain et les funérailles civiles ne soient jamais rendus obligatoires avant toute cérémonie religieuse. Les Macron et autres en seraient capables…
Jean de Fréville
[1] Selon la loi, « tout ministre du culte qui procédera, de manière habituelle, aux cérémonies religieuses de mariage sans que ne lui ait été justifié l’acte de mariage préalablement reçu par les officiers de l’état civil sera puni de six mois d’emprisonnement et de 7 500 euros d’amende » !
Il faut remarquer que le mariage civil obligatoire AVANT le mariage religieux est réservé aux Eglises chrétiennes. Les musulmans ne sont pas soumis à cette obligation. Un imam du nord de la France, marié selon le rite mahométan à quatre épouses, se défendait en justice contre l’accusation de polygamie qui lui était signifiée par le fait que ces femmes n’avaient nullement comparu devant l’officier d’état civil sans que le Ministère public le poursuivît pour avoir violé la loi.