Vie des royalistes

Le royalisme ?

Une vague idée. Mes parents étaient gaullistes et doivent encore l’être certainement. Tout cela devait leur paraître loin tout comme l’histoire de France pour laquelle ils s’intéressaient peu finalement. Rien ne me prédestinait à rejoindre cette aventure.

Le royalisme ? Je l’ai découvert seul, par le hasard des rencontres, des musées, des livres. A y réfléchir, cela a dû commencer par la visite d’une basilique proche de la résidence d’une de mes tantes à… Saint-Denis. Adolescent, la question m’a intrigué. Je me suis alors plongé à cœur perdu pour trouver la réponse. Dans cette nécropole, parmi ces nombreuses tombes éparpillées, songeur, devant moi pas moins de mille ans d’histoire de France qui m’interpellaient. Princes, rois, reines, j’égrenais leurs noms au fur et à mesure des tombeaux ; la grandeur de la France s’offrait à moi et mon intérêt pour l’Histoire ne faisait que croître.

Pourtant, 1830, 1848, une question restait sans réponses. Qu’étaient devenues leurs descendances après ces révolutions ? Étudiant en droit, loin d’être rassasié, il me fallait une réponse. De livres en livres, je tentais de comprendre qui étaient les descendants de Charles X et de Louis-Philippe, pourquoi un tel conflit entre les deux branches, pourquoi cette querelle dynastique qui divisait toujours le monarchisme français. Les Bourbons avaient donc une descendance. Après la découverte, voilà que venait le temps de la révélation qui allait précéder mon enthousiasme en faveur du royalisme.

Dans l’espoir d’un sacre à Reims, celui également de la restauration de la monarchie. Il me fallait trancher sur mes préférences dynastiques. Il me fallait comprendre cet antagonisme, être au plus près du plus légitime. Une nouvelle quête allait donc débuter avec toutes ces turpitudes et nouvelles interrogations, son foisonnement de questions sans réponses 

Y-avait-il encore des royalistes en France ? Je n’en connaissais pas, je ne savais pas où chercher ni qui rencontrer. La quête de mes semblables commençait puis l’adhésion à une association trouvée au fil de mes pérégrinations. Très vite je remarquais un décalage notamment en matière de génération ou de rite catholique. J’étais pratiquant naturellement mais je n’avais jamais entendu parler du rite tridentin auquel l’association faisait allusion. J’ai d’abord été séduit avant de déchanter quelque peu. L’association se bornait à faire des cérémonies commémoratives, pour la plupart du temps, exclusivement religieuses. J’entrais dans un nouvel univers avec l’impression d’un monde parallèle, hors du temps, hors du monde. Tout cela manquait de passion, de militantisme.

Mon appétit d’activiste pour changer les choses n’en fut que plus frustré. Avec de tels énergumènes, les chances de restauration me semblaient bien mal parties bien que n’ayant jamais douté de la beauté, de l’utilité de la royauté et de ses traditions qui s’y rattachaient. A force d’études et de rencontres, ma conception du royalisme évolua. Cependant, des questions demeureraient toujours sans réponses : Comment rendre la royauté populaire sans paraître hors du temps moi-même mais en la présentant comme une solution évidente aux enjeux de sociétés ? Comment rendre la royauté crédible sans être exclusif ? Comment rendre la royauté moderne sans refuser l’évolution des traditions et de la société tout en restant fidèles à celles-ci ? 

Avec toutes mes recherches, j’avais acquis la conviction que la légitimité de la royauté résidait dans l’encrage lointain des origines de notre pays. Un roi à notre époque, même de droit divin, ne fonde pas sa légitimité sur la démocratie, bien sûr. La légitimité d’un roi se trouvait dans l’Histoire. Il représentait notre pays, dans toutes ses dimensions, temporelles, géographiques, historiques ou religieuses qu’il incarne par essence.

Le roi était donc au pays ce que les parents étaient à une famille. Il se doit d’accepter tous ses enfants, quelques soient leurs différences, quelques soient leurs querelles, leurs origines sociales, leurs couleurs, leurs religions, leurs sexualités. Le roi n’est-il pas la tête d’un corps social formé par tous ses sujets ?  J’en concluais donc que la fonction royale se devait de manifester son caractère fédérateur, chose impossible pour un Président de la République étant, de fait, le chef d’un clan politique.

Pourtant encore aujourd’hui, je demeure partagé sur la question de ma participation à un mouvement royaliste à des élections. Ne serait-ce pas risqué de devenir partisans nous-mêmes et de défendre des positions que certains pourraient juger passéistes ? Certes, au modèle de société basée sur l’individu que propose le régime républicain, la monarchie incarne parfaitement un modèle de société familial, mais quel discours cohérent et constructif devrions-nous avoir face aux ouvriers, paysans ou chômeurs ? Saurions-nous montrer un visage d’unité qui manque tant au royalisme, trop divisé sur des questions qui permettent à la République de s’assurer encore de beaux jours ? Les princes pourraient-il déjà montrer l’exemple en faisant taire leurs querelles et dans un appel solennel, appeler à voter blanc ?

Ma quête est donc loin d’être terminée et je la poursuis encore. Un combat loin d’être simple mais passionnant. Je n’oublie cependant pas une chose: tant qu’il y a une famille royale, il y a une chance réelle de restauration de la monarchie !

Vive le roi. 

Mickaël Lemasson

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.