Vie des royalistes

Lettre d’un émigré – Peu importe le nombre ! Nous ne sommes ni royalistes, ni monarchistes ! Nous sommes sujets de Sa Majesté !

Le piège des forces traditionnelles de notre époque est de tomber dans un travers bien humain qui consiste à user de la logique et des méthodes révolutionnaires, souvent à leur insu, quand elles sont dirigées contre « un ennemi » ou pour « la cause » ou « l’allié », là où il est pourtant nécessaire de refuser sans condition les techniques et, pire, les réflexes « idéologiques » révolutionnaires.

L’analyse se décline à de nombreux phénomènes, mais deux aujourd’hui semblent saillants dans les forces « dissidentes » au sens large : la diabolisation et la superstition électoraliste, tous deux possédant des fondements révolutionnaires.

La diabolisation est peut-être le plus triste et le plus ridicule des phénomènes, très honteuse et malheureuse pour ses orchestrateurs, et très inquiétante pour l’avenir : nous avouons notre incompréhension profonde concernant ceux qui se font diaboliser et qui diabolisent à leur tour, sous le coup du syndrome de la victime qui devient bourreau, dans des méthodes et des phrasés aussi idiots que ceux qu’ils dénoncent habituellement, en jouant au mieux sur la mauvaise foi, en usant au pire des mêmes vocables idiots et stupides d’étiquetage, par exemple : « racistes », ou d’autres mots vides de sens – et on se rend ici compte que la pénétration idéologique républicaine et révolutionnaire subversive est profonde parmi les forces dites « dissidentes », puisqu’il suffit par exemple de dire « noir » pour être considéré comme raciste, ou de rappeler que les juifs constituent une nation – et donc une « race » au sens étymologique – pour être considéré comme antisémite, sans pourtant n’avoir fait aucun jugement de valeur. Risible. Mais préoccupant. La même chose existe dans son développement féministe où certains semblent confondre la civilisation chrétienne, aux femmes prudes, portant le fichu dans les églises et parfois aussi dehors  – les hommes se couvrant aussi en général le chef dans la vie quotidienne -, dans une beauté non charnelle, et en cherchant à mortifier la beauté charnelle pour ne pas tomber dans le monde, et ne pas tenter le démon chez la gent masculine, avec la déchéance révolutionnaire des bordels – non-musulmans en l’occurrence – généralisée, du déshabillement comme règle, de la provocation vulgaire, de la superficialité, avec la chair en idole et le cerveau en bouillie. Je ne sais s’il existe un « droit » à se vautrer en public, il existe en tout cas un devoir moral évident de s’habiller, et les musulmans élevés dans la société de déchéance ont simplement tendance à rendre ce devoir « obligatoire formellement », ce qui risque de tuer l’esprit ; mais le fond de l’affaire reste le même : déchéance révolutionnaire ou piété traditionnelle ?[1]

Plus bénin mais tout aussi condamnable puisque la source est là-même, est la défaite annoncée, malgré les bonnes intentions –mais qu’importe les bonnes intentions puisque « l’enfer est pavé de bonnes intentions » – dans la fondation de néologismes idiots de type « -phobe » dont l’utilisation est identique à celle, absurde, du clan officiel aux manettes de la carcasse étatique et des haut-parleurs médiatiques qui nous bassinent d’exotiques absurdités, telles : « islamophobe », « homophobes » et que sais-je ! Pourquoi donc tomber dans l’usage d’un vocabulaire qui contient en lui une volonté idéologique manifeste d’étiquetage, de réduction unidimensionnelle de l’homme à une composante et presque à son animalisation, homme qui aurait des « phobies » qui se guérissent, comme si c’était une maladie – je ne pense pas que les détracteurs de la chrétienté soient malades, ils sont au contraire très sains d’esprit, malheureusement, et il faut en avoir conscience pour les combattre mais en cherchant leur conversion, et des mots comme « christianophobe » sont autant de perches tendues pour créer facilement la possibilité artificielle de s’identifier comme « christianophobe » en créant de plus des frontières tout à fait artificielles, isolant trop d’hommes lambdas de la religion du fait de l’auto-persuasion manichéenne de ce que n’est pas la religion, bouc-émissaire facile – même s’il faut admettre que l’émergence de ce mot ne fait qu’accentuer une méfiance subversive profondément instillée dans la population depuis longtemps, qui commence à craquer néanmoins. Cessons d’user de ce genre de mots ridicules.

En bref, diabolisation et usage révolutionnaire du vocabulaire sont des armes dangereuses indignes des forces traditionnelles tout en blessant l’honneur. Ce serait comme un matador qui déciderait d’abandonner l’épée pour le bazooka : c’est plus qu’absurde et cela signe la mort de la beauté et de la fin première et dernière de toute chose.

L’autre tendance, peut-être naturelle mais consternante, est la manie « démocratiste » ancrée de façon étonnamment profonde chez nous tous. Peu importe le nombre ! Maurras l’avait pensé, et le vingtième siècle a prouvé ses dires. Tocqueville aussi avait tout vu, et la suite prouva de même à quel point il avait raison. Alors pourquoi encore se complaire, se féliciter de « progresser dans l’opinion », cette opinion si stupide, qui par définition se trompe un jour et a raison un autre, sans constance, sans fondements, dans la pure manipulation médiatique, superficielle et de toute façon non-mesurable – sondages encore idiots dont les questions contiennent présupposés et qui ne veulent rien dire. L’opinion peut avoir raison un jour, mais ce sera toujours par accident.

Le récent sondage « royaliste » fait partie de ces inutilités dangereuses à bannir, malgré toutes les bonnes intentions qu’il peut y avoir. Nous pourrions avoir demain, ce qui arrivera d’ailleurs certainement, un sondage donnant 99.9% des Français pour la monarchie que cela ne changerait fondamentalement rien : ce qui compte c’est la force incarnée au service du Roi, une question de qualité et non de nombre, et la profondeur de la restauration spirituelle que la superficialité sondagière ne laisse jamais présager. Peu importe le nombre ! Notre tâche est de travailler sur le fond sans se préoccuper de l’opinion, surtout au moment où elle commencera à reprendre conscience : nous savons tous à quel point les dégâts sont profonds, dégâts qui n’autorisent aucune compromission, à moins de retomber dans les affres du cercle vicieux révolutionnaire comme tant de fois depuis deux siècles. Il est possible que bientôt la majeure partie des Français se tournent vers le Roi pour chercher refuge ; cela ne voudra pas dire que l’esprit royal et la restauration ont avancé, car les mauvaises habitudes et les subversions ont besoin de temps, de générations même, pour se corriger, et il ne faudra pas se ruer comme des affamés sur « l’opinion ». La France est Royale, et Louis XX est notre Roi, et qu’un seul de ses sujets le sache ou l’incarne, ou des millions, rien ne change cette réalité simple et limpide.

Il faut bien sûr souhaiter la conversion générale, mais il faut travailler dans l’oubli du nombre, dans l’oubli de l’opinion, et ne jamais tomber dans des considérations électoralistes.

L’élection serait la pire des malédictions : coincée dans le système. Notre travail est de sortir parfaitement de la logique électoraliste avant même que le danger d’une « élection », car nous aurions le nombre avec nous, se profile : une élection de malheur, meilleur moyen d’auto-détruire l’esprit restaurateur, comme tant de fois dans le passé.

Nous voyons déjà à l’œuvre, dans la « dissidence » le bal ridicule des tueries annoncées par la maladie « démocratiste » au profit d’ambitions malpropres d’oublieux de l’esprit de service, et cela est regrettable.

Il suffirait pourtant de servir le Roi. Car nous ne sommes ni des royalistes, ni des monarchistes, comme si la royauté et la lieutenance de Dieu sur terre pouvaient se résumer à un système voire à une idéologie ou à une simple doctrine, mais bien des SUJETS et des MINISTRES au service du Roi, en quoi nous sommes véritablement à égalité les uns les autres, dans la diversité, s’entend, de nos œuvres et de nos services, tous cependant dirigés vers la même fin et le même visage royal, qui reflète le visage christique, tout simplement.

Alors oublions système, révolution et nombre, mais soyons sujets, et bons sujets de Sa Majesté!

Pour Dieu, pour le Roi, pour la France,

Paul de Beaulias



[1] On peut reprocher beaucoup de choses aux musulmans, mais pas leur piété, dont nous tous, catholiques et chrétiens élevés au jus du blasphème, de l’indifférence et de la souillure avons beaucoup à apprendre.

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