Vie des royalistes

[Exclusif] Christian Pinot expose la prochaine Université du Centre d’Etudes Historiques

La rareté a un prix, c’est pourquoi Christian Pinot nous est cher. Pas facile de mettre la main sur cet homme moins pressé qu’alerte, volant entre les mains, Radio Classique à fond. C’est finalement à quelques pas de là où repose dans la plus parfaite discrétion la duchesse de Ségovie, grand-mère de notre Louis XX, que Christian Pinot, intarissable passionné, prend le contrôle du dictaphone pour transmettre son amour de l’Histoire, la bonne, via une courroie de qualité, Le Centre d’Etudes Historiques, mue par de sapients historiens.

  Et sans courroie, tout fout l’camp me lançait mon garagiste la semaine dernière...Comme en Histoire complétai-je, souliers à la dérive dans le gras ensablé.

 Comme en Histoire.

 Vexilla Galliae : Pouvez-vous nous présenter le Centre d’Etudes Historiques et les buts qu’il s’est fixé lors de sa fondation?

 Christian Pinot : En 1993, le docteur Thierry Jordan crée avec son épouse Brigitte une association loi 1901 : Le Centre d’Etudes Historiques. Je le préside après avoir succédé au docteur Jordan en 2005 quand il prit sa retraite, surtout en ce qui concerne ces activités qui nous sont chères. Depuis dix ans, nous avons évidemment maintenu ces consécutives Universités d’été du Centre d’Etudes Historiques, désormais placées sous le haut patronage de Monseigneur le prince Louis, duc d’Anjou, et voulues à l’origine par le prince Alphonse, duc d’Anjou et de Cadix, homme d’une très grande culture et féru d’Histoire, qui souhaitait une structure qui accueillît les historiens, professionnels ou amateurs, mais de haut niveau. Le C. E. H. ne se limite pas au militantisme, cher Alphée, et à nos milieux, mais il est ouvert à des conférenciers aux diverses opinions, tant que ces historiens permettent de faire progresser la vérité historique car c’est en définitive la clef de l’affaire, dans une Histoire qui est oubliée, occultée, triturée, malmenée! Nous avons réussi à rétablir, au travers des thèmes que nous choisissons, année après année, un certain nombre de vérités historiques sur des sujets primordiaux de l’Histoire… Et nous continuons!

 V. G. : Regrettez-vous, et ce quelle qu’en fut la raison, de n’avoir pu accueillir un historien en particulier lors des Universités du C. E. H.?

 C. P. : Franchement, parmi tous ceux que nous avons invités, en tout cas depuis que j’assume la responsabilité du C. E. H., je n’ai pas souvenir d’avoir essuyé un refus. Qu’il s’agisse de Jean-Christian Petitfils, Philip Mansel, l’historien britannique, Thierry Lentz, Emmanuel de Waresquiel, le Professeur Bercé, Directeur émérite de l’Ecole nationale des chartes, le Professeur Barbiche, historien et célèbre archiviste-paléographe, Michel Vergé-Franceschi, illustre expert de la marine. Et tant d’autres… Aucun n’a refusé. Et tous sont de grands noms de l’Histoire à qui l’on ne demande pas d’être des légitimistes militants, mais simplement de faire l’Histoire.

 V. G. : Du 10 au 12 juillet, dans la ville du Mans, quels seront les thèmes traités, et par quels conférenciers?

 C. P. : Cette année, 1815 : le congrès de Vienne, les Cent-Jours, Waterloo et la Seconde Restauration clôt le chapitre consacré aux deux Restaurations, entamé l’année dernière : 1814 : la Restauration et la Charte. Emmanuel de Waresquiel en fit l’introduction en 2014, il interviendra le dernier cette fois-ci avec Après les Cent-Jours : quelle France! Le Professeur Philippe Lauvauxl’un des plus grands constitutionnalistes qu’on puisse trouver actuellement sur la place évoquera la naissance de l’instabilité ministérielle en France il y a deux siècles ; Jordi Canal, Professeur lui aussi, mais à l’Ecole des hautes études en sciences sociales établira le parallèle entre la France et l’Espagne des Restaurations. Un autre et brillant Professeur, Franck Bouscau (1), qui vient plus spécifiquement de nos milieux, parlera de la France entre les lys et les abeilles, de la première à la Seconde Restauration et retrouvera Daniel de Montplaisir (2) qui va re-présenter sa brochure intitulée Le duc de Richelieu ou comment redresser la France après les Cent-Jours, un autre Richelieu, personnage oublié, mais tout aussi grand et central. D’ailleurs je ne crois pas qu’il existe beaucoup d’ouvrages savants sur ce redresseur de la France d’après le désastre des guerres révolutionnaires. Sans doute rééditerons-nous cet ouvrage. Quelques exemplaires de la première édition seront néanmoins disponibles au Mans. Sera aussi présent Jean-Baptiste Auzel, le Directeur des Archives départementales de la Manche ; il nous expliquera l’opération royale sur les places fortes des Flandres en répondant à cette question  : Eviter les fourgons de l’Etranger? Vous connaissez bien évidemment la grande accusation contre Louis XVIII et le retour des Bourbons dès la première Restauration… Alors qu’en fait, à ce moment-là rien n’était joué, l’occupation militaire n’a pas duré très longtemps puisque dès le mois de juin les armées alliées quittèrent le sol national. Cela sera plus vrai à la deuxième Restauration, de la faute de Napoléon et effectivement des Cent-Jours qui ont bouleversé le cours des choses mais on a créé cette image désobligeante, voire infamante qui s’était attachée la Restauration. La conférence de Jean-Baptiste Auzel infirmera largement cette thèse, tendancieuse. Le très pointu Bruno Centorame, quelqu’un d’extrêmement savant, brossera l’iconographie de la Restauration. Il en décortiquera tous les détails et l’on se rappelle de sa conférence il y a quelques années sur le quartier Saint-Germain sous la Restauration avec des illustrations absolument extraordinaires décrivant le comportement ou bien l’ameublement des familles de la noblesse. Jean-Paul Clément qui, en commun avec Daniel de Montplaisir, publiera en septembre une biographie de Charles X (Perrin), voulait parler du comte d’Artois mais, ne souhaitant pas être indélicat vis-à-vis de son éditeur, il a choisi un autre sujet, que je peux maintenant vous annoncer. Il s’agit de Boissy d’Anglas, pair de France, un caméléon dans la tourmente politique.

 J’essaierai, de mon côté, de vous dépeindre l’attitude non pas du comte d’Artois mais de Louis-Philippe d’Orléans face à la Seconde Restauration car elle ne fut pas la même qu’en 1814 et Louis XVIII le sait très bien puisqu’il ne lui permettra de revenir en France qu’en 1817. Et c’est là que l’on attribue au Roi ces propos, approximativement : Je ne le vois pas bouger mais je le sens progresser en sous-sol. Louis XVIII voyait bien que le cadet n’avait rien à dire, rien à faire, à part avancer discrètement ses pions. C’était d’ailleurs bien vu car c’est exactement ce qui va se passer… (Un homme discret s’approche pour saluer Christian Pinot) Hervé Pinoteau, qu’on ne présente plus, évoquera, hors thème, son “patron” selon ses mots, à travers le destin brisé du prince Alphonse de Bourbon. Un autre fidèle au Centre d’Etudes Historiques, le Professeur Philippe Pichot-Bravard, nous contera l’histoire des Kergorlay père et fils qui vont jouer un rôle déterminant dans la Restauration, mais je ne vous en dis pas plus… Et puisque les derniers seront les premiers, je finirai cette présentation en ajoutant que le père Pic nous honorera de son évidente présence.

 V. G. : Avez-vous une idée du thème de l’année prochaine?

 C. P. : Je ne peux encore rien vous dire mais nous publierons – comme depuis 10 ans, presque sans interruption – les Actes de la précédente session très bientôt. Vexilla Galliae sera légitimement le premier à en parler!

Propos recueillis par Alphée Prisme 

(1) Fin mai, à l’Université de Rennes 1, lors des Journées Internationales de la Société d’Histoire du Droit, dont le thème général était : La Controverse – Etudes d’histoire de l’argumentation juridique, le Professeur Bouscau aborda La controverse royale française depuis 1883 : Blancs d’Espagne et Blancs d’Eu. Cette conférence sera prochainement publiée en version papier par les organisateurs de ces Journées Internationales.

(2) https://www.vexilla-galliae.fr/royaute/vie-des-royalistes/616-utrecht-mon-amour

 – Mademoiselle Mompas, secrétaire générale du Centre d’Etudes Historiques, peut être contactée par un email envoyé à monique.mompas@orange.fr et par téléphone au 03 83 47 10 42 ou au 06 81 60 04 02.

 – Le Centre d’Etudes Historiques : http://www.centredetudeshistoriques.fr/

 – Les sessions des précédentes Universités du Centre d’Etudes Historiques sont disponibles chez Galignani : http://www.galignani.fr/

Quelques Actes des sessions du Centre d’Etudes Historiques

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