Discours (et photos) de Louis XX au Champ des Martyrs à Brec’h, en hommage aux combattants de la chouannerie
Monsieur le Maire,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Chers Amis de la fidélité et du souvenir,
Nous voici réunis en un lieu qui marque le souvenir de bien des sacrifices survenus après beaucoup d’espoirs, mais aussi un lieu qui symbolise bien des regrets. Pourtant, le succès semblait à portée de mains; la présence d’un Prince à proximité était un évènement considérable et si attendu; l’aide des anglais était susceptible de contribuer à la victoire de façon décisive. Le drapeau blanc pouvait, leur semblait-il, retrouver le chemin de Paris depuis la Bretagne fidèle !
L’histoire ne s’est pourtant pas déroulée ainsi et la terre a rougi du sang des victimes sacrifiées à leur conviction pour une société dans laquelle Dieu devait avoir la première place, à la défense de leurs prêtres et de leur foi, à leur sens de l’honneur et à la conception qu’ils avaient des libertés provinciales, jamais remises en cause depuis l’union de la Bretagne à la France.
Episode tragique de la guerre menée par les Chouans qui avaient mis tous leurs espoirs dans le débarquement de Quiberon, première étape vers le retour de l’héritier des lys sur son trône. Cela aurait épargné bien des souffrances et des vicissitudes au peuple français et en particulier une guerre civile, prémisse de toutes celles que les dix-neuvième, vingtième et début de vingt et unième siècles devaient connaître…
Je me permets de paraphraser l’illustre Chateaubriand pour dire que le sang de vos aïeux teinte pour l’éternité la bannière de France. Il faut leur rendre hommage. Le souvenir du sacrifice de ces milliers de victime demeure présent et leur mort, il y a deux cent vingt ans, n’a pas été vaine. Le fait même que, plus de deux siècles après, cet épisode tragique soit
encore si présent dans les mémoires, atteste de son poids pour notre époque pourtant si chargée en génocides de toutes sortes.
A plusieurs reprises ce « Champ des Martyrs » a été honoré par des visites princières et cela dès la Restauration. La Duchesse de Berry est venue inaugurer ce monument. Je me souviens encore que ma Grand-Mère qui, lorsque j’étais jeune, présidait à ma place de nombreuses cérémonies, est venue s’y recueillir. Elle aimait cette région et où elle passa de longs séjours d’Eté dans une maison amie. Lors de mes précédents voyages en Bretagne je n’avais encore pu y venir. Je suis heureux de le faire, aujourd’hui, en compagnie de la Princesse Marie-Marguerite. Après nous, nos enfants viendront et ainsi le pacte qui lie les Bourbons à la si fidèle Bretagne sera maintenu.
Le souvenir du passé doit nous aider à affronter les malheurs des temps présents. Nous ne devons pas avoir peur de nous engager pour nos familles et nos enfants. En étant les gardiens de la tradition, nous sommes les précurseurs du monde meilleur que nous souhaitons à nos héritiers.
Notre société est aussi confrontée à de nombreuses tourmentes. Certes elles ne mettent pas nos vies en danger comme ce fut le cas il y a deux siècles, mais en attaquant les fondements de la famille, de l’éducation et de la vie, elles sont tout aussi dramatiques pour l’avenir. Mais gardons l’espérance ! « N’ayons pas peur », comme le répétait le saint Pape Jean-Paul II qui est venu en pèlerin lui aussi à Sainte-Anne-d’Auray il y a presque vingt ans.
Placé dans une région dynamique qui accueille chaque année de très nombreux visiteurs et touristes, ce lieu doit demeurer un repère visible, offert à notre société contemporaine en quête de sens. Je ne peux qu’encourager tous les travaux de restauration entrepris par la Municipalité pour que vive ce lieu de mémoire. Les jeunes y puiseront ce qui manque souvent le plus, la gratuité de l’action humaine ; savoir donner de son temps; risquer sa vie pour des exigences qui dépassent l’individu et ses égoïsmes. Voilà ce que nous apprend ce « Champ des martyrs ». La religion catholique nous enseigne que le sang des martyrs est le terreau dans lequel s’ensemence l’avenir. Ceux qui maintiennent leur souvenir année après année avec dévouement et persévérance doivent aussi être remerciés.
En restant fidèles au sacrifice des anciens, nous sommes aussi les artisans de l’avenir ! Les morts qui reposent ici sont les sentinelles qui protègent notre société.
Louis
Dimanche 31 mai 2015
Ndlr : Nous remercions vivement Monsieur Nicolas Chotard, chroniqueur régulier de Vexilla Galliae et président du Lys de France, pour l’ensemble des photos envoyées par ses soins et publiées dans cet article.