Cérémonie aux morts de toutes les guerres : discours de Louis XX (et photos)
Monsieur le Recteur [de la basilique de Sainte-Anne-d’Auray],
Monsieur le Maire [de Sainte-Anne-d’Auray],
Monsieur le Président [Président Ph. de Kérangal, des Anciens Combattants du Morbihan]
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis
Cette cérémonie est hautement symbolique, et, sans doute, est-elle porteuse d’un sens tout à fait exceptionnel. En effet, ma position d’héritier des rois de France, m’amène habituellement à présider des commémorations d’évènements glorieux de l’histoire de France : des batailles, des traités, ou des règnes. Ici, au sein du sanctuaire le plus important de la Bretagne, le geste que nous faisons est d’une autre nature. Nous nous trouvons devant le monument des morts de toutes les guerres. Nous ne sommes donc plus dans la commémoration mais dans la reconnaissance.
J’ai tenu à venir m’associer au souvenir et au respect que l’on doit à tous ceux qui siècle après siècle, combat après combat, sont morts pour nous permettre de vivre dans cette France, que de nombreux peuples et pays nous envient et admirent. Ne soyons pas des héritiers oublieux de ce que nous devons à ceux qui ont donné leur vie pour cela.
Dans ce cénotaphe il y a l’esprit des milliers d’hommes qui ont aidé notre pays à se construire par leur sacrifice. Il y a l’âme de la France qui s’est forgée peu à peu. Les combats passés reflètent aussi une politique voulue et poursuivie au cours des siècles. Ce monument résume à lui seul notre histoire. Il évoque ceux qui ont renforcé le pré-carré des premiers capétiens, ceux qui ont permis d’atteindre les frontières naturelles, ceux qui ont résisté aux ennemis de l’extérieur, et enfin ceux qui sont allés porter notre civilisation aux quatre coins du monde. Leur sacrifice a forgé l’histoire de France et a permis l’épanouissement de notre civilisation. L’exception française passe aussi par les morts de toutes les guerres, de tous les temps.
Vous comprendrez donc qu’à l’occasion de ce déplacement en Bretagne pour honorer le roi Louis XIV dont on commémore cette année le tricentenaire de la mort, nous avons souhaité, la Princesse Marie-Marguerite, et moi-même venir nous recueillir devant ce monument. Au-
delà de l’hommage à rendre au Grand Roi qui fut aussi un grand chef de guerre, il y a aussi des devoirs à rendre à tous ceux sans lesquels les pages de gloire n’auraient pas été écrites.
Or, sans doute n’est-ce pas un hasard que ce soit Louis XIV qui m’amène en Morbihan. Son souvenir y est très présent d’abord par toutes les prières d’intercession adressées pour sa naissance à Sainte-Anne –d’Auray par sa mère et ensuite, par son œuvre à Port-Louis ou à Lorient, deux villes marquées par une vie militaire toujours active. Nous l’avons constaté ayant été reçus par la Marine nationale. Nous avons pu y voir à l’œuvre les Fusiliers Marins et Commandos, héritiers contemporains de la Marine royale. La tradition perdure à travers cette unité d’élite!
Mais le roi de gloire a aussi été un souverain charitable et reconnaissant. Avec la fondation des Invalides, Louis XIV a montré qu’il avait le souci de ceux qui avaient combattu dans ses armées pour assurer à notre pays, paix et prospérité. Il a voulu le plus beau monument, la meilleure des institutions pour qu’une fois vieux ou blessés, ceux qui ont servi, ne soient pas oubliés. Son œuvre est toujours là comme un témoignage du soin qu’il prenait de l’âme et du corps de ceux qui avaient combattu à ses côtés.
Ainsi, à Sainte-Anne-d’Auray, je ne peux m’empêcher de penser que ce monument s’inscrit dans l’esprit de ce que souhaitait le Roi Soleil et que le tri-centenaire est l’occasion de rappeler. Rien n’est trop beau pour les soldats, pour les victimes des guerres. Pour leur signifier notre respect.
Les honorer fait partie de notre devoir. Je le ressens doublement, comme héritier d’une longue tradition dans laquelle la guerre a tenu une place importante, et plus directement encore, comme Lieutenant de Vaisseau de réserve.
Ce monument à toutes les guerres est unique en France. Il honore tous ceux qui ont combattu au cours des siècles, des Champs Catalauniques aux actuels théâtres d’opérations extérieures, en passant, bien évidemment, par le combat des Trente ou la bataille d’Auray et les deux derniers conflits mondiaux dont on célèbre le centenaire et les soixante-dix ans. La présence des bannières et drapeaux, ici présents, l’atteste. La symbolique des statues rappelle tous les corps des armées contemporaines mais derrière se lisent aussi ceux des troupes anciennes, les hussards, les lanciers, les mousquetaires, les dragons et les chevaliers comme Bayard et Bertrand Du Guesclin dont les statues sont à quelques mètres…
Les gerbes que nous déposons, les chants et cantiques qui montent comme autant de prières, sont les signes de cette reconnaissance à tous les soldats, de toutes les guerres, de toutes les époques, qui ont donné leur sang pour que Vive la France !
Merci de m’avoir écouté.
Louis, duc d’Anjou.
Dimanche 31 mai 2015
Ndlr : Nous remercions vivement Monsieur Nicolas Chotard, chroniqueur régulier de Vexilla Galliae et président du Lys de France, pour l’ensemble des photos envoyées par ses soins et publiées dans cet article.