Editoriaux

La Nation va bien, la République se meurt

Ce dimanche 11 janvier 2015, environ quatre millions de personnes ont défilé en criant « Je suis Charlie » dans les rues de France et plusieurs milliers d’autres un peu partout dans le monde, pour manifester, non pas qu’elles approuvaient intellectuellement les provocations, insultes, blasphèmes et autres caricatures de Charlie Hebdo, ce à quoi certains esprits ont voulu réduire le slogan, mais qu’elles refuseraient toujours que la force et le meurtre portent atteinte par la peur à notre Liberté d’Expression et donc de Pensée.

Comme tout slogan, il est réducteur et imparfait. « Je suis contre tout terrorisme visant à restreindre la Liberté d’Expression, à attenter aux agents de l’Etat et à assassiner des membres de toute communauté religieuse ! » eût été plus juste. Mais ce slogan répondait à « On a tué Charlie ! » proféré par feus les terroristes lors de leur premier crime et repris en boucle par tous les médias le jour même. A l’affirmation des tueurs, quelle meilleure réponse que quatre millions de démentis ! Devant cette triple infection soudaine s’attaquant à des journalistes, des policiers et des Juifs, le réflexe immunitaire a été instinctif et hautement salutaire. Quatre millions de personnes de toutes origines, confessions, ou familles politiques, comme autant d’anticorps, se sont regroupées pour phagocyter le virus terroriste. Virus dont l’effet n’est pas la mort de certains, aussi horrible cela soit-il, mais bien la peur qui instille l’autocensure et mène à la soumission. Hautement salutaire car, désormais, l’immunisation est activée et d’autres ennemis, qui viendraient à frapper le corps national, feront face à la même réaction : ils seront détruits et l’effet psychologique espéré sera neutralisé. La santé n’est pas due à l’absence d’agents pathogènes, hélas, mais à une bonne réactivité immunitaire. Certains s’étonneront que « Je suis Charlie » ne fût que cela, mais qu’elle se soit produite est fondamental. Elle atteste de la bonne santé de la Nation française.

La Nation va bien, mais la République se meurt. Vous en voulez la preuve : elle proscrit de nouveau, à l’instar de son aïeule romaine dans le temps de son agonie. L’exclusion du Front National lors de l’appel à un rassemblement d’Unité nationale est une faute politique impardonnable du gouvernement, mais, à sa décharge, congénitale. La République est ainsi faite, elle a dans ses gènes un ostracisme viscéral qui voue au néant, c’est-à-dire à la non-existence, toute pensée hors système : comme en 1793, elle réduit la Nation qui est l’ensemble d’un peuple uni à un territoire par son histoire (et Dieu sait que la France est une Nation millénaire), à la seule portion de ce peuple qui épouse depuis deux siècles les doctrines du régime républicain. Mais, la Nation d’avant ? Celle de Clovis, de François Ier, de Louis XIV ? « Mais voyons, c’est de l’histoire ancienne, du passé, autant dire une vue de l’esprit ». Très bien, parlons d’aujourd’hui dans ce cas, le reste du peuple ? Les autres, ceux qui pensent en Français et non en Européens, ceux qui se sentent pères et mères et non parents A et B, ceux pour qui la Crèche est un modèle et non une insulte ou ceux pour qui l’avortement est un crime et non un progrès social ? « Ah ! Ceux-là, mais ils ne sont pas républicains, ce sont des gens d’extrême-droite, des fascistes, des néo-nazis, ils ne font pas partie de la Nation ! ». « La Nation, c’est la République ! », comme le déclarait Monsieur Sarkozy en novembre dernier à la porte de Versailles…Voyez-vous, la gauche ou la droite, étant issues du même ventre, partagent les mêmes atavismes.

Et ne vous y trompez pas, l’exclusion du Front National qui représente 25% du corps électoral, soit environ dix millions d’électeurs, du corps de la Nation, n’est rien à côté du couperet qui attendra le royalisme toujours ardent sous l’épaisse cendre des martyrs de la Révolution quand il aura relevé la tête ! Le Front National, jugé non-républicain par Messieurs Hollande et Bartolone, maintenant que leur épouvantail à moineaux leur échappe, est cependant un acteur du système depuis cinquante ans et ce sont dix millions de républicains-électeurs qui se trouvent depuis hier apatrides. Alors, imaginez ce que sera notre sort à nous, royalistes, qui nous réclamons d’un autre système que celui issus des charniers de Vendée ou des noyades de Nantes ! Qui nous en remettons à Dieu et servons le Roi de France. Ce sera l’alarme, la Patrie en danger, le Comité de Salut public et un nouveau Barère décrètera une nouvelle Terreur !

Nous, nous aurons la devise de Charette (1), le cri de La Rochejaquelein (2), la protection du Saint d’Anjou Cathelineau et, Dieu aidant, nous vaincrons ! 

Franz de Burgos

(1)    « Combattu souvent, battu parfois, abattu jamais ! »

(2)    « Si j’avance suivez-moi, si je recule tuez-moi, si je meurs vengez-moi ! »

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