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La Valls des Roms

Tout le monde le sait, le terme de « Rom » n’a strictement rien à voir avec la Roumanie, pas plus qu’avec la ville de Rome… Faite le test : « traitez » un roumain de « Rom » et vous verrez sa réaction !

Le terme « Rom » a été officiellement adopté et prescrit par l’« Union romani internationale » (l’IRU) lors du premier « Congrès international des Roms », qui s’est tenu à Paris en 2002 et qui a revendiqué le droit de ce peuple à être reconnu en tant que tel.

Mais qui sont les Roms ? Les Roms sont un peuple de voyageurs, originaires du Nord de l’Inde, qu’on a appelés en France, en fonction de l’époque :

  • Romanichels,
  • Manouches,
  • Bohémiens (lorsqu’ils venaient avec des laissez-passer de Bohème),
  • Egyptiens (terme vieilli… mais, dans « Notre Dame de Paris », pour mémoire, Esméralda est appelée « L’Egyptienne », et le terme « Gipsy » viendrait d’ailleurs d’une modification du terme « Egyptien »)
  • Gitans, Tziganes (ou Tsiganes, du russe Tsigan, lui-même venant du grec byzantin Atsiganos, qui signifie « Intouchables », comme les Intouchables hors-caste en Inde).

Pour les traducteurs francophones du Conseil de l’Europe, et selon leur Index, « Les Roms (…) sont – avec les Sintis et les Kalés – une des trois grandes branches des Roms (terme générique), population originaire du nord de l’Inde ». Le mot Rom dériverait, semble-t-il selon l’une des explications les plus suivies, du nom du Dieu Râma.

Par ailleurs, selon des études linguistiques comparées et des recherches génétiques récentes, l’Inde du Nord a bien été confirmée comme étant la zone géographique d’origine des Roms, ce qui correspond parfaitement à certains de leurs mythes fondateurs transmis de génération en génération, dont un récit historico-légendaire datant du milieu du Xe siècle, la Chronique persane de Hamza d’Ispahan.

Selon cette chronique, plusieurs milliers de Zott, Djâts, Rom ou Dom (hommes) sont partis du Sind actuel, et peut-être de la rivière Sindhu, vers l’an 900, selon les ordres du roi. Ils devaient rejoindre le roi de Perse, souhaitant divertir ses sujets grâce à leur culture musicale. De là, ils se divisèrent et s’éparpillèrent autour du monde. Longtemps installés en Perse, ces Roms, déjà décrits comme refusant de vivre d’agriculture, finirent par se séparer en deux groupes migratoires : les uns vers le sud-ouest et l’Égypte (Roms orientaux ou Caraques, terme venant soit du grec korakia : « les corneilles », soit du turc kara : « noir »), les autres vers le nord-ouest et l’Europe (Roms occidentaux).

Selon l’article qui leur est consacré dans Wikipedia, avec entre 10 et 12 millions de personnes, il semblerait que les Roms constituent la plus grande minorité ethnique d’Europe ! Je vous conseille de lire l’article Wikipedia qui leur est consacré – car ce sont des associations et des représentants roms qui l’ont rédigé. Intéressant de voir comment les Roms se présentent eux-même en ce début du XXIe siècle.

En leur très grande majorité les Roms sont chrétiens, qu’ils soient évangélistes, chrétiens orthodoxes, catholiques ou protestants. Les Roms musulmans demeurent peu nombreux.

Les pays où les populations Roms dépassent le demi-million sont les pays de l’ex-Yougoslavie, l’Espagne, les États-Unis, la Hongrie, la Roumanie, la Turquie, le Brésil et l’Argentine. Les Roms sont nombreux aussi en Bulgarie, en République tchèque et en Slovaquie.

Selon les sources, il y aurait actuellement en France entre 350 000[1] et 1 300 000[2] Roms.

Depuis 2007, avec l’entrée de la Bulgarie et de la Roumanie dans l’Union européenne, la France est contrainte d’accueillir les Roms tant que leur séjour n’excède pas trois mois et qu’ils disposent d’une carte d’identité ou d’un passeport.

Le problème est qu’il est impossible de prouver la durée de séjour d’un immigrant, sa date d’entrée sur le territoire n’étant précisée sur aucun document…

En effet, le « Carnet de circulation » en France, qui devait être visé par les autorités françaises compétentes tous les trois mois pour tous les Roms sans ressources déclarées (et qui s’ajoutait au livret de circulation obligatoire) a été supprimé le 5 octobre 2012 pour cause d’inconstitutionnalité[3]

Les portes de l’espace Shengen leur sont donc totalement ouvertes… et plus spécialement celles de la France, puisque nous n’avons plus aucun moyen de prouver leur clandestinité du fait du dépassement de la durée de séjour de 3 mois…

Néanmoins, les Roms, en France, ont l’obligation de produire un « Livret de circulation » (appréciez la nuance entre carnet et livret !) tenu à jour et cela est vrai pour les Roms français, comme pour tous les autres Roms traversant la France.

Par ailleurs, en se présentant comme « Roumains » plutôt que comme « Roms », les Roms de Roumanie (et d’ailleurs  on va le voir) se dispensent des formalités afférentes au « Livret de circulation » qui reste obligatoire.

Une couche supplémentaire de confusion a été ajoutée par les politiques français qui, tout comme une majorité de journalistes, ont préféré communiquer sur des éventuels « incidents et troubles impliquant des roumains » alors qu’il s’agissait d’« incidents et troubles impliquant des Roms venus de Roumanie et voyageant sous passeport ou carte d’identité roumains ».

Pour corser le tout, des Roms venus d’ailleurs que de Roumanie (des pays d’ex-Yougoslavie et Turquie notamment) ont commencé à se présenter comme « Roumains sans papiers » aux autorités, en cas de contrôle. Ceci a été confirmé par des traducteurs assermentés pour le roumain, et qui ont été appelés à ce titre … pour se retrouver devant des personnes ne parlant guère le roumain ni ne connaissant la Roumanie !

Oui, on sait que la vie des Roms est très dure, qu’ils sont sous le joug de mafias violentes les réduisant à l’esclavage et qu’ils continuent à faire face à toutes sortes de discriminations dans leur « pays d’origine »…

Mais notre incapacité légale orchestrée par l’Europe à faire respecter l’ordre et les lois sur notre territoire, nous expose à l’organisation de milices privées et d’expéditions punitives (déjà vus à Marseille et en Seine Saint Denis) qui ne manqueront pas de mettre la classe politique encore un peu plus en face de ses contradictions !

Arnaud de Lamberticourt

[1] Bernard Gorce, « Gens du voyage, deux réalités différentes », La Croix, 22 juillet 2010

[2] Vincent Nara Ritz, représentant de l’association tsigane Regards, cité par le Centre Européen pour les Droits des Roms, dans sa « Série des rapports pays », N° 15, novembre 2005

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