Societé

Une jeunesse sexuellement… asservie ?

« Cinquante années se sont écoulées depuis la fameuse révolution sexuelle, celle qui a émancipé les femmes du carcan bourgeois et judéo-chrétien de surcroît. Celle qui a levé les tabous. Celle qui a rejeté les interdits. »  Il était donc temps de faire un bilan, de voir où nous a menés cette révolution – plus ou moins légitime – et de constater ce qu’il en est advenu aujourd’hui. C’est ce que Thérèse Hargot, sexologue et philosophe, nous propose dans son dernier livre, Une jeunesse sexuellement libérée (ou presque), paru le 3 février 2016.

Actuellement en Une des ventes Amazon,  l’ouvrage a fait l’objet d’une réimpression quelques jours après sa sortie… c’est pour dire si les Français semblent avoir été interpellés par le sujet.

« Sommes-nous prêts maintenant à regarder en face ce que notre société occidentale a produit comme impasses et angoisses ? Il le faut si nous voulons corriger le tir et accompagner au mieux les générations à venir. »

Thérèse Hargot dresse un état des lieux – son activité de sexologue la plonge au cœur des enjeux – en dix thèmes rangés en dix chapitres. Dans son analyse, on comprend ainsi, comment l’accès au porno dès l’enfance correspond à un « viol de l’imaginaire », détruisant toute capacité à construire sa propre sexualité, et soumettant des générations entières à la tyrannie de la performance et de l’image.

Ailleurs, elle expliquera qu’être (ou ne pas être) homosexuel serait la « question à ne pas se poser », ou plutôt qu’il s’agit d’un piège tendu par une société consumériste, renfermant un tabou implicite, où l’acte se confond avec l’identité, et tend à « enfermer l’individu dans un destin sexuel figé ». Derrière, se dessine l’impossibilité pratique de tout débat, de toute discussion… une analyse qui fait écho aux dialogues de sourds qui ont émaillé le débat quant au mariage homosexuel.

Thérèse Hargot n’est pas moins critique quant à la contraception, « une prétendue liberté qui est en fait toujours sous contrôle » : contrôle du médecin, de la pharmacie, mais aussi se révèle souvent nocive pour la santé des femmes. Une liberté donc gagnée au prix d’une autre servitude. Elle citera la jeune Céline : « la pilule, c’est sûr, c’est pas bon. Mais, en même temps, on n’a pas trop le choix ».

D’autres thèmes, bien sûr, rythmeront sa pensée : avortement, genre, éducation, féminisme, couple, etc.

Chaque chapitre est agrémenté de témoignages qu’elle a reçus dans sa vie personnelle, ou professionnelle, ce qui fait de cet essai un livre résolument pragmatique. Loin du moralisme, elle dresse des constats sévères et sans concession, sans jamais tomber dans le jugement, ni dans l’amertume.

Son regard de philosophe nous fait prendre conscience que tout reste à faire en matière d’éducation sexuelle, affective et relationnelle. Plutôt qu’un discours moralisateur, hygiéniste ou libertaire, il faut remettre la formation humaine à sa place : « Il s’agit de connaître son corps, de comprendre ses émotions, d’apprendre à les gérer, de développer son estime de soi, sa confiance en soi, […]. Bref, de devenir soi-même pour être capable d’entrer en relation avec les autres. »

Plus encore qu’un réel projet de société en perspective, une philosophie de l’Homme au cœur d’une société réconciliée avec l’amour en général, la sexualité en particulier. Ce livre est à lire pour tout parent, grand parent, jeune… un excellent complément à tout bon ouvrage consacré à la théologie du corps de Saint Jean-Paul II.

Julie Langeais et Stéphane Piolenc

 

 

 

 

Thérèse HargotUne jeunesse sexuellement libérée (ou presque), février 2016, éditions Albin Michel, 224 pages.

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