Littérature / Cinéma

Moi Augustin, prêtre martyr de la Révolution française

Par la journaliste Marieke Aucante

 Ecrire un livre historique sur les horreurs de la Révolution française, un besoin de dire la vérité sur les massacres des prêtres : ” Les victimes ne sont pas à plaindre, mais à envier, parce qu’ils ont eu la grâce immense du martyr. Ce qui constitue le martyre, ce n’est pas la mort violente, mais le fait que cette mort ait été infligée en haine de la foi chrétienne ” disait Roberto de Mattéi.

 

Le roman historique ” Moi Augustin ” a pris naissance dans l’intimité d’une petite chapelle de Île d’Aix, une rencontre hors du temps, entre l’auteur et ces prêtres martyrs déportés pendant la Terreur, balayés par la fureur révolutionnaire. Marieke Aucante raconte : ” ces prêtres ont voulu que j’écrive… J’ai simplement entendu leur prière “.

Situé entre les pontons de la Rochelle et l’Île Madame où se déroule le récit, l’Abbé Augustin en est le personnage central, inspiré de faits réels. En janvier 1790, l’Assemblée nationale constituante impose aux ecclésiastiques de prêter serment sur la Constitution civile du clergé, qui abolit l’autorité du pape et signe en quelque sorte la fin du catholicisme romain en France.

Alors, un millier de réfractaires, dont Augustin et Nicolas son ami d’enfance, sont déportés sur des trois mâts à destination de la Guyane. Ils ne quittèrent jamais la rade de Rochefort. Ils sont maltraités, humiliés, privés de nourriture et de prières par les cruels dévots de la révolution qui les haïssent.

Augustin survivra porté par sa force intérieure. L’auteur se rappelle l’ambiance toute particulière qui a déclenché chez elle ce désir de mémoire : ” Par une chaude lumière d’automne, j’avise une chapelle, la porte est ouverte, j’entre, devant l’autel, je suis saisie de frissons. Sur le sol, je lis une inscription : ossements des prêtres martyrs. Ceux des 829 prêtres réfractaires, déportés pendant la Terreur, qui ont séjourné sur des bateaux transformés en prisons flottantes en rade de Rochefort. Ils venaient de toutes les régions de France, ils ont vécu l’enfer. Beaucoup, qui n’ont pas survécu, reposent sous mes pieds “.

Pendant une heure Marieke Aucante reste seule dans cet espace de silence. Elle entend alors un appel intérieur : ” l’un des prêtres prisonniers me supplie de raconter leur tragédie. Celui qui me tient la main pendant l’écriture s’appelle Augustin. Il est jeune et il vient du Limousin. Il me fait partager son existence, ravagée par l’intolérance et le fanatisme “

Comment reprendre son souffle en lisant un tel récit, en le dévorant, à la fois tragique et émouvant, poignant et dramatique, cette machine à tuer ” le religieux ” ne cesse d’habiter le lecteur à chaque page. Pourtant au bout de la nuit se dégage une folle espérance, un témoignage d’amitié et de pardon.

Cette hécatombe resta malheureusement longtemps ignorée et même volontairement tenue cachée, par souci de ne pas réveiller les querelles de la Révolution, la cause aboutit tout de même par la béatification solennelle de 64 d’entre eux par Jean-Paul II le 1er octobre 1995.

Ce livre nous éclaire admirablement sur une période d’acharnement antireligieux comme n’en avait jamais connu la France jusqu’alors.

Et l’auteur, dans ses premières pages, nous dit : ” les années que nous vivons aujourd’hui ont de vagues ressemblances avec la période pré-révolutionnaire “…

Marieke Aucante est grand reporter à France Télévisions, journaliste à l’émission de médiation ” Votre télé et vous ” de Marie-Laure Augry. Elle est l’auteur d’une douzaine de romans, essais, nouvelles, pièces de théâtre. Elle a reçu en juin 2008 les insignes de la légion d’honneur.

Moi Augustin, prêtre de la Révolution française

Editions Salvator – 248 pages – 20 euros

Eric Muth

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.