Politique

Les « bonnes manières » de… François Hollande

Jusqu’à ce 2 juillet, et malgré toutes les photos circulant sur le chef de l’état le montrant trop souvent très mal à l’aise dans ses costumes (rectifiant ceci ou cela !), il restait possible de croire en sa bonne éducation, même si à l’étranger, les fautes protocolaires ne manquent pas et si la France perd avec lui son image de flamboyance royale.

Le chef de l’état voyage beaucoup, parle beaucoup, critique beaucoup, excuse beaucoup la France sur tel événement passé, lointain, remontant au temps des colonies (bientôt il va trouver une raison politique à la disparition des dinosaures), commente beaucoup lors de ses déplacements à l’étranger sur ce qui se passe chez nous (et ne regarde que nous) et enfin s’énerve beaucoup sur tout ce qui touche Nicolas Sarkozy, pour lequel il vient de faire (entre parenthèses) une campagne de communication extraordinaire, qui replace son prédécesseur sous le feu des médias. Qui peut dire pourquoi François Hollande a parlé à Tunis de l’invalidation du compte de campagne de l’ancien président par le Conseil constitutionnel ?

En quoi les Tunisiens sont-ils concernés par ces propos : « Le Conseil constitutionnel doit être respecté, pleinement respecté, entièrement respecté et personne ne peut suspecter, mettre en cause cette institution sans mettre en cause l’ensemble des institutions». En dehors de lui, qui y aurait pensé ? François Hollande a tellement peur du retour de Nicolas qu’il ne cesse de le critiquer et de tout faire pour continuer à l’éloigner de la politique. Au fait, que savent les Tunisiens de nos institutions, qu’ont-ils à savoir, si ce n’est ce qu’ils connaissent déjà : la délivrance de 100 000 visas par an aux Tunisiens. Mais ce n’est pas tout, le chef de l’état a annoncé que cette formalité serait plus aisée pour les intellectuels, les hommes et femmes et culture. En manquerions-nous ?

Toujours est-il que grâce à cette haine déversée sur Nicolas Sarkozy, celui-ci revient sur le devant de la scène. Il n’attendait qu’un signe pour remonter sur les planches. C’est fait, même si à la 1ère Fête de la Violette en Sologne,le grand rendez-vous des sarkozystes avecles membres de la Droite forte, courant de l’UMP porté par Guillaume Peltier et Geoffroy Didier, Nicolas n’était pas présent, son visage s’affichait partout. Même absent, il est présent ! Les dons affluent de toutes parts pour sortir les finances de l’UMP de la zone rouge (moins 11 millions d’euros). À ce jour, plus d’un million d’euros récoltés… et les dons par courrier ne sont pas encore comptabilisés. Cette vaste opération de séduction aura permis à Jean-François Copé de croire à nouveau en sa bonne étoile (pas celle de Fillon !). N’est-ce pas prématuré ce retour ? Si François Hollande souhaitait cette réaction, nul doute qu’il sait ce qu’il fait. Tout peut lui être reproché, son manque d’éducation, ses réformes, sa démarche, son look, sa compagne, mais pas sa ruse, son intelligence, voire son machiavélisme. Il se peut aussi qu’il se fatigue et commette des erreurs.

Avec Delphine Batho, ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie depuis juin 2012, première femme « débarquée » de ses fonctions de ministre en quelques minutes par tweet, le 2 juillet 2013, François Hollande a démontré une fois encore qu’il manquait de diplomatie élémentaire et d’éducation en croyant pouvoir se débarrasser d’une femme qui osait critiquer son budget. Crime de lèse-majesté ! Ne sachant peut-être pas grand chose sur elle, il a pensé qu’elle s’en tiendrait à ce renvoi, à sa descente dans le métro pour rejoindre son appartement. Il a pu découvrir assez vite que cette jeune femme a l’habitude de s’exprimer en public et devant les micros avec une grande aisance. La conférence de presse donnée pour commenter cette décision et ce qu’elle en pense, dépasse tout ce que l’on pouvait imaginer jusqu’à ce jour. Elle s’estime «bouc émissaire du flottement… et sacrifiée sur l’autel des gaz de schiste ». Ses déclarations ont dû retenir l’attention d’un certain public, si l’on en croit les milliers de soutien reçus suite à son limogeage. François Hollande a commis une erreur en la traitant par-dessus la jambe. Il lui a offert – à elle aussi – une formidable occasion de se faire connaitre. Les propos de Delphine Batho ne manquent pas de bon sens : «On peut changer les ministres, un gouvernement, mais le président, ce sont les Français qui l’ont élu. Je souhaite qu’il apporte des réponses à des questions soulevées, pas seulement par moi mais par l’ensemble des Français (…) Je n’accepte pas l’abandon, le fatalisme, le renoncement à l’espoir du 6 mai».  

Au cours de sa conférence de presse, Delphine Batho n’a pas épargné le patron de l’entreprise de tubes en acier Vallourec, Philippe Crouzet, époux de Sylvie Hubac, directrice de cabinet de François Hollande : «Est-il normal que le patron de Vallourec, directement intéressé par l’exploitation des gaz de schiste, ait pu annoncer ma marginalisation des semaines à l’avance devant les responsables de son entreprise ?». Plutôt bien informée Delphine Batho ! Et nous, le petit peuple de France, on découvre l’ampleur infinie des réseaux entre tous… enfin, on ne découvre pas vraiment, on savait, mais là, on a des noms !

Celle qui démarra dans la vie en tant que leader syndicale étudiante, puis de SOS Racisme, spécialiste de la sécurité au Parti socialiste, succédant à Ségolène Royal comme députée de la 2e circonscription des Deux-Sèvres en 2007, vient de se positionner avec force. Elle n’avait pas envie de quitter son poste. Elle redeviendra députée des Deux-Sèvres et nous n’avons pas fini d’entendre parler d’elle, ce qui promet de belles séances de cinéma.

Une chose est sûre : avec François Hollande, l’actualité, c’est du non-stop ! De rebondissement en rebondissement d’affaires, on en oublierait presque que la Commission européenne a demandé à la France de ne pas dépasser 3,9% de déficit budgétaire cette année, pour aboutir à 2,8% en 2015. De nombreux dossiers, dont la fiscalité et les retraites, devraient être traités.

Et si toutes ces affaires n’étaient que de la poudre aux yeux pour nous faire oublier les vrais problèmes du chômage, de la délinquance, de la violence, etc.  Les jeux du cirque sur grand écran ?

Solange Heisdorf-Strimon

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