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L’Ukraine, une nouvelle Syrie ?

Les exactions commises en Syrie par les différents partis (et non seulement par les troupes loyalistes) ne sont, pour le moment, surpassées par celles des autres théâtres de tension médiatiquement exposées. Mais l’Ukraine devient la nouvelle cible des médias internationaux.

La mort de cinq opposants au gouvernement a été annoncée mercredi 22 janvier en fin de journée. Ces cinq personnes semblent avoir été tuées dans le cadre des manifestations d’opposition au président Ianoukovitch, qui mène une politique pro-russe. Les manifestations ont rassemblé plusieurs centaines de milliers de personnes, et malgré leur essoufflement, les occidentaux accordent bien plus de considération à ces manifestations de masse qu’aux manifs pour tous.

L’Ukraine est un territoire écartelé entre les influences russes et occidentales depuis des siècles. Le pays est coupé en deux historiquement et géographiquement : sur ce territoire où l’alternance des dominations occidentales et orientales n’a cessé que depuis peu, chaque élection est l’occasion de redessiner la même carte. Le nord-ouest du pays votant pour les candidats pro-occidentaux, et le sud-est pour les candidats favorables à Moscou. Pro-occidentaux et non « pro-européens », car la Russie a longtemps fait partie intégrante de l’Europe et que la vision d’une Europe des nations intégrant la Russie semble devenir l’une des solutions de l’avenir du Vieux Continent.

L’ancien grenier à blé de l’URSS abrite des ressources agricoles précieuses et ce pays, léché par la mer Noire, est un nœud stratégique des enjeux à venir. Vladimir Poutine veut en faire l’une des pièces maîtresses de sa zone tampon avec l’occident, craignant que l’exemple balte ne fasse des émules. En effet, Estonie, Lettonie et Lituanie sont membres de l’UE et les relations glaciales avec le Kremlin affecte les plans russes.

A la fois muraille devant l’OTAN (et son bouclier anti-missile si polémique) et base arrière d’éventuelles opérations au Moyen-Orient, le deuxième plus grand pays d’Europe est convoité. Les oppositions si nerveuses en politique intérieure existent-elles par elle-mêmes où ne sont que le reflet des appétits extérieurs ? Les paysans des plaines ukrainiennes, au delà des questions linguistiques et culturelles, sont-ils si concernés par ces questions géopolitiques ? Espérons que ces derniers ne deviennent pas la chair à canon des désirs expansionnistes des uns et des autres.

Contrôler l’Ukraine en Europe de l’Est, c’est comme contrôler la Sicile en Méditerranée : hautement stratégique et extrêmement convoité.

L’Ukraine est en passe de devenir un nouveau point sensible de la barrière opposant occidentaux et russes.

Julien Ferréol

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