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De l’amour du Roi : Rama IX, un exemple à méditer !

Sa Majesté le Roi de Thaïlande, Rama IX, dont Hervé Cheuzeville nous a tant et si bien parlé, est décédée jeudi 13 octobre à Bangkok. Je me dis alors qu’il serait bon qu’un royaliste Français se déplace pour présenter ses condoléances au peuple Thaï, frappé par le deuil de son Roi.

Je me rends ce vendredi 14 octobre 2016 au 8 rue Greuze, à Paris, siège de l’Ambassade Royale de Thaïlande en France. J’arrive devant un bel hôtel particulier datant de la Belle Epoque et aperçois immédiatement le drapeau de Thaïlande mis en berne sur la hampe fixée au grand balcon de fer forgé du premier étage ainsi que des personnes qui en sortent très bouleversées ou en pleurs…

J’entre sous le porche d’entrée et le vigile, après une fouille succincte au détecteur, m’indique l’escalier qui me conduira à la chapelle ardente et aux registres de condoléances. Je monte l’escalier, passe une double porte vitrée à petits carreaux dont l’on m’ouvre électriquement le battant gauche et arrive dans un vestibule dallé de marbre. De ce vestibule, je vois une vingtaine de personnes Thaï, qui attendent debout, silencieusement, toutes tournées vers la droite. J’entre à mon tour par une double porte grande ouverte dans cette petite pièce-antichambre qui donne, par une seconde double porte à gauche, sur un salon et par une troisième double porte à droite, sur un second salon transformé en chapelle ardente.

Cette chapelle ardente est ainsi constituée : sur le mur de gauche, un portrait officiel de Sa Majesté le Roi Rama IX est exposé au-dessus d’un autel enseveli sous des centaines de fleurs blanches. Au pied de cette cascade florale, sont disposés un prie-Dieu, un tabouret bas et un grand tapis ; au fond de ce salon, je vois deux tables sur lesquelles sont placés les registres de condoléances. A côté de chacune de ces tables, une dame tout de noir vêtue se tient derrière le fauteuil qui attend chaque visiteur.

M’avançant dans cette antichambre et me plaçant derrière mes devanciers, je comprends immédiatement ce qui attire leurs regards : six moines bouddhistes drapés de leur habit safran entourent la table de droite et s’asseyent l’un après l’autre pour remplir le registre de condoléances. Puis, ils se placent ensemble, debout devant l’autel et le portrait du Roi, joignent les mains, baissent la tête, ferment les yeux et entament une psalmodie très harmonieuse. Immédiatement, toutes les personnes de l’antichambre et les hôtesses des tables se mettent à genoux les mains jointes et écoutent la prière des moines. Je me retrouve, seul occidental, debout, n’osant singer un rituel que je ne comprends pas, de peur de faire pire que mieux en singeant mal. Je me place doucement sur le côté, afin de me détacher visuellement de ce magnifique groupe en prière avec ses moines. La psalmodie s’achève, les moines se retirent en repassant par l’antichambre et chaque visiteur les gratifie d’une salutation combinant les mains jointes à un salut de la tête. Cette déférence filiale à l’égard de moines qui la reçoivent avec naturel et gratitude me touche profondément, moi qui persiste à saluer dans la rue, avec une ostensible déférence, tout ecclésiastique ou religieuse que j’y croise, et me désespère d’en recevoir parfois en retour un regard de gêne… Car il est devenu honteux, en France, pour un clerc, de recevoir l’hommage public de la déférence que veut lui témoigner un laïc ! Cela se justifie, hélas, puisqu’il est honteux, en France, de croire en Dieu !

Chaque hôtesse de table fait un geste de la main, indiquant à la personne suivante qu’elle peut entrer et lui désigne du doigt la page sur laquelle déposer l’inscription. Je regarde alors attentivement comment se comportent ces personnes qui me précèdent, désirant me conduire le plus respectueusement possible, selon leurs usages, me trouvant chez eux, devant l’effigie de leur Roi défunt. Je remarque qu’ils se rendent d’abord, tête baissée et sans regarder l’autel, vers les tables et les registres, puis qu’ils viennent ensuite, pour la plupart s’agenouiller les mains jointes et la tête inclinée, la relevant régulièrement vers le portrait du Roi, pour d’autres se prosterner le front jusqu’au sol à plusieurs reprises, devant l’autel. Cette confrontation avec le portrait royal est, pour eux, une mise en présence de leur Roi, de leur Père, qu’ils rejoignent dans leurs prières par-delà la mort. Ils lui souhaitent la paix ou lui disent au revoir mais en ressentent unanimement un tel chagrin de s’en trouver orphelins, que tous, vous m’entendez, tous, des plus fébriles aux plus froids, fondent en larmes.

Quel amour ils ont pour leur Roi ! Quelle vénération filiale ils lui témoignent ! Je suis bouleversé et les envie. Quelle chance ils ont d’oser aimer leur Roi comme un enfant aime ses parents, qui lui sont tout, comme l’homme devrait aimer Dieu !

Cette visite de condoléances me fut une grande leçon de royalisme : développer et diffuser les principes royalistes, ce que je ne cesse de faire avec passion, est une chose nécessaire et même indispensable, mais, c’est être Marthe qui s’active pour bien recevoir le Christ ; être royaliste est primordialement aimer le Roi comme un Père, c’est être Marie qui se met aux pieds du Christ pour profiter de sa présence…

Franz de Burgos

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