Chretienté/christianophobie

Sur un chemin de confiance pour ce « dimanche de la santé »

A votre santé chers amis lecteurs, quelle que soit la nature de la potion magique qui se trouve dans votre verre ce dimanche 9 février, avant de démarrer le repas : champagne, porto, whisky ou autre ? Il est d’usage en France de prendre un apéritif le dimanche midi au retour de la messe (tout le monde n’y va pas certes, mais, dans un élan irrépressible d’optimisme,  c’est un vœu pieux pour l’avenir). Les autres jours, ce serait plutôt déconseillé pour ne pas devenir alcoolique. Pourquoi cette introduction insolite, voire inattendue, aux yeux de qui s’attend à du sérieux pour notre chronique dominicale ? Ne vous inquiétez pas, nous y arrivons.

A quoi ? Au très officiel « Dimanche de la Santé ». Il vous fallait patienter quelques lignes pour découvrir cet événement qui se vit généralement en France le dimanche le plus proche du 11 février.  Cette année, c’est donc le 9 février. Merci de votre patience ! Depuis 1992, il existe donc « la Journée Mondiale des Malades », instituée par Jean-Paul II et qui est célébrée tous les 11 février,  jour anniversaire des apparitions de Marie à Lourdes, lieu de guérison des corps et des cœurs. Cette journée rappelle à la fois l’accompagnement des personnes souffrantes, une priorité évangélique, et l’obligation pour chacun de nous de préserver notre santé et celle de ceux qui nous sont proches, nos enfants notamment.

D’où cette introduction : « A votre santé », une formule simple, qui au fur et à mesure des années prend sa réelle dimension quand nous découvrons que le corps ne répond plus à la même vitesse, qu’il prend du temps pour réagir, qu’il lui arrive de se rebeller si nous le contraignons à aller à un rythme qui n’est plus le sien, bref qu’il nous échappe malgré notre volonté, voire les coups de fouet que nous exerçons parfois sur lui pour le faire avancer comme un bourricot trop chargé et qui en haut de la colline, s’effondre, se meurt.

Que devenons-nous quand le corps lâche, quand la maladie s’installe, s’incruste, prend possession du corps, ne lui laisse pas de répit, le contraint à lui céder dans les larmes de la douleur et de la solitude. Qui accepte de se montrer dans ses habits de faiblesse ? Qui accepte même d’en parler ?

Mgr Michel Guyard définit ainsi cette journée : « Le dimanche de la santé s’adresse aux malades, aux soignants et à tous ceux qui participent à restaurer la santé des malades. C’est une occasion d’inviter tous les chrétiens à réfléchir sur leur santé, ce bien qui nous est donné et que nous devons sauvegarder pour être utiles à nos frères. C’est aussi l’occasion de les sensibiliser à la place de nos frères souffrants et à leur dignité ».

Qui n’a autour de lui une personne en difficultés de santé ? Qui ne se sent responsable pour lui apporter son soutien, sans tenir compte de la condition sociale, de la couleur de peau ou de l’appartenance religieuse. Sur le visage de chaque être humain, encore davantage s’il est éprouvé et défiguré par la maladie, brille le visage du Christ, qui a dit: “Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait” (Mt 25, 40). »

La plupart d’entre nous (nous sommes tellement privilégiés, merci mon Dieu !) peuvent penser être à l’abri de la solitude, ayant famille et amis. Rien de fâcheux n’arrivera, compte tenu notamment de la situation sociale et de la préservation de la santé. Aujourd’hui est un jour, demain un autre.  Qui oserait prédire l’avenir sans risquer de se tromper ? 

En ce « dimanche de la santé », de nombreuses paroisses proposeront le sacrement des malades. Pour cette année, c’est trop tard pour contacter celles-ci et se préparer à ce sacrement des malades (rien à voir avec l’extrême onction), qui ne s’adresse pas aux personnes arrivées aux portes de la vérité, qui découvrent leur vulnérabilité, leur peur face à l’inévitable face à face avec le Créateur, mais aux personnes très atteintes par la maladie ou la vieillesse. Ce sacrement permet de réagir chrétiennement devant le malheur et la maladie. A voir pour 2015 ? Une simple suggestion pour qui découvre la valeur de cette journée et aimerait contribuer à donner de sa personne, de son temps si précieux, de son amour fraternel.

Nous avons de beaux et grands exemples de personnalités ayant contribué à soulager les malades. Raoul Follereau a consacré sa vie au soin des personnes atteintes de la maladie de Hansen promouvant entre autres « la Journée Mondiale contre la Lèpre ». La bienheureuse Thérèse de Calcutta commençait toujours sa journée avec l’Eucharistie,  puis elle parcourait les rues, son rosaire en main, pour aller à la rencontre de ceux qui ne sont « ni voulus, ni aimés, ni soignés ». Sainte Anna Schäffer de Mindelstetten sut unir ses souffrances à celles du Christ « devenant un miroir de l’amour de Dieu pour les personnes en quête de conseil ». Et nous avons – modèle extraordinaire – la figure de la bienheureuse Vierge Marie. Elle suivra son Fils souffrant jusque sur le Golgotha. Jamais, elle ne perdra confiance et espérance en Dieu, qui lui a donné son Fils dans la grotte de Bethléem, ce Jésus qui est mort sur la croix, est descendu aux enfers et est ressuscité des morts pour proclamer la victoire de Dieu sur le mal, sur la souffrance et sur la mort.

Essayons au moins une journée (il faut bien commencer) de devenir de bons samaritains pour nos frères et sœurs éprouvés par la maladie et par la souffrance, sans jamais perdre de vue que toute vie est sacrée de son origine à sa fin. Aucun compromis sur ce sujet : le pape François a soutenu récemment la “marche pour la vie” organisée par des organisations de catholiques français contre la politique de François Hollande à propos d’avortement et de fin de vie.

Soyons comme nous le pouvons – avec le peu de temps dont nous disposons – solidaires à notre façon avec les médecins, les infirmiers, les agents de la santé, les religieux, les prêtres, qui se dépensent sans compter pour les malades, sans s’épargner, comme le Bon Samaritain.

« Sur le visage de chaque être humain, encore davantage s’il est éprouvé et défiguré par la maladie, brille le visage du Christ ». Pour ce dimanche de la Santé, cette Journée Mondiale des Malades, puisque nous sommes des témoins (apprentis, ne nous leurrons pas) de Jésus, soyons comme le demande Mathieu dans l’évangile de ce jour : « le sel de la terre et « la lumière du monde ».

« L’homme est lumière du monde parce qu’il existe comme homme, dans toute la vérité de son humanité : créé à l’image de Dieu. Il est appelé à éclairer les ténèbres et à donner le goût de Dieu ». Ne nous arrive-t-il de consoler qui pleure, qui ne croit plus à rien, qui désespère, qui ne sait comment retrouver sa route, un sens à sa (triste) vie, qui veut en finir avec elle, accablé par divers problèmes et le chômage ? Soyons, sel et lumière pour nos frères en humanité… ici et ailleurs, en maintenant (déjà avec ferveur) ces deux éléments dans notre cœur !

Solange Strimon

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