Chretienté/christianophobie

Les crèches de Noël, une histoire, une tradition.

Cette mise en scène, annuelle,  de la naissance du Christ témoigne de l’aspiration de la société à renouer avec ses racines.  Quel que soit l’âge, le milieu d’origine ou la profession, les gens sont touchés, l’espace d’un instant par cette magie de Noël qui tient à nous faire redécouvrir cette âme enfantine qui sommeille en chacun de nous. Les festivités de Noël viennent toujours à point, pour animer l’homme au plus profond de son être comme la flamme d’une bougie qui doit croître sans cesse et diffuser toujours plus de chaleur et de lumière au coeur de ces longues nuits d’hiver.

Noël, c’est la naissance d’un enfant et nous nous sentons tous concernés. Mais quelle est donc l’histoire de cos crèches qui nous rappellent avec émotion la naissance du fils de Dieu ?

Selon une croyance persistante, c’est à Greccio, petit village italien, que Saint François d’Assise organisa la première crèche vivante en 1223. Ayant une dévotion particulière pour la Nativité, trois ans avant de mourir, François fut pris d’un grand désir : “je veux voir l’Enfant Jésus couché dans une mangeoire et dormant sur le foin”. Il demanda alors aux habitants de Greccio d’installer une crèche dans une grotte. Fallait-il encore préciser que Saint François d’Assise avait été influencé par l’interdiction faîte aux pèlerins d’accéder à la basilique de la Nativité de Bethléem depuis l’échec de la cinquième croisade.

C’est à partir de cette époque que l’on trouve l’origine de la coutume de la crèche. Se répand alors dans toute l’Italie, cette tradition scénique de la crèche représentée par des personnes vivantes. La Papauté de Nicolas IV, en 1283, fait constituer la première crèche avec des statues figurants les personnages de la Nativité. Si bien que les premières crèches, richement reconstituées à chaque période de Noël, ne se trouvèrent d’abord que dans les églises. La crèche s’érigeait donc dans le paysage de Noël comme l’église au coeur de nos villages.

Sous l’Ancien Régime, les fêtes de Noël furent essentiellement placées sous le signe de la religion : messes, dévotions, charité. Le marquis de Dangeau nous apprend que, le 24 décembre 1705, Louis XIV pour ses dévotions allait à vêpres et au Salut…. des crèches de Noël en tout point fidèles à la Bible et dont les reconstitutions auraient été encouragées sous l’influence de la très pieuse Madame de Maintenon. Jusqu’au début de la révolution française, dès le mois de décembre, Louis XVI et Marie Antoinette se faisaient un devoir légitime de venir en aide aux pauvres, allant jusqu’à puiser dans leurs fonds personnels pour secourir les démunis. C’est sous le règne de ce dernier que la première crèche mécanique fut construite (1775) non sans y ajouter quelques animaux exotiques d’Afrique.

Peu après la chute de la monarchie, elles furent interdites. En réponse les français, très attachés à cette tradition, levèrent un vent de révolte en recréant des petites crèches individuelles dans chaque maison (celles que nous connaissons aujourd’hui), et qui permettaient aux croyants de reconstituer la naissance de « l’enfant de Bethléem » dans le cadre intime de leur foyer à travers des personnages de cire. Les français suivaient en cela déjà une autre tradition développée par les pères jésuites, qui conscients du pouvoir de la nativité, avaient encouragé en Europe le développement de ces petites crèches domestiques dès le XVIème siècle.

Ainsi ayant placé un tissu bleu outremer comme fond de ciel, en retrait du présentoir qui pouvait, lui aussi, être recouvert d’un tissu de couleur verte ou de papier crèche, on procédait ainsi :

Au premier Avent, on plaçait tout ce qui, créant le décor de la crèche, était en lien avec le règne minéral : le sable, les cailloux, les rochers, les habitations, l’étable. Un papier d’aluminium, habilement découpé, évoquait l’onde d’un ruisseau…

Au deuxième Avent, on ajoutait alors tout ce qui avait trait au règne végétal : mousse, arbres et plantes miniatures, feuillage, houx, pignes de pin, graines diverses…

Au troisième Avent, on introduisait les animaux : moutons, agneaux, bœufs, ânes etc…

Au quatrième Avent, on installait enfin tous les personnages de la crèche selon l’évangile de Saint-Luc : autour de Marie et de Joseph se rassemblent les bergers envoyés par l’Ange annonciateur et tous les Santons (coutume provençale datant de 1793) en chemin vers l’étable. Au fond, les Rois Mages s’avançant majestueusement, guidés par l’Etoile qu’il ne faut point oublier. L’Enfant Jésus ne devant qu’apparaître à minuit au soir du 24 décembre…

Et n’en déplaise aux défenseurs de laïcité et autres néo-robespierristes 2.0 qui dans un excès de zèle ou par provocation tentent de faire interdire de nouveau la représentation de la naissance du Christ, la tradition de la crèche demeure encore bien vivace et reste ancrée autant dans l’inconscient collectif que dans leur foi.

 

Eric Muth

 

Source : (Histoire de la crèche par Patrice Lucquinaud)

Photo :La Dépêche. 

 

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