Chretienté/christianophobie

La famille doit triompher au centre de la société

Au moment où nous mettons « sous presse » (selon une formule consacrée), nous ne disposons évidemment pas des conclusions des travaux menés lors de la XIVème Assemblée Générale ordinaire sur le thème « La vocation et la mission de la famille dans l’Église et le monde contemporain » qui s’achève ce dimanche 25 octobre 2015. Les temps forts n’ont pas manqué durant ce synode, dont la canonisation en date du dimanche 18 octobre 2015 des parents de sainte Thérèse de Lisieux, Louis et Zélie Martin. C’est la première fois que l’Église catholique honore ainsi un couple marié avec enfants. Leur fille avait, elle-même, été canonisée en 1925. Le 18 mars, le pape avait validé un miracle attribué à “l’intercession” des parents de la sainte, après la guérison d’une petite fille en Espagne.

En plein synode de la famille, ce geste symbolique revêt évidemment un sens particulier. A cette occasion, le pape François a appelé prêtres et évêques à fuir le carriérisme et à mener une vie simple au service des autres en repoussant les tentations mondaines, seul moyen, a-t-il dit, d’exercer l’autorité dans l’Église.”Celui qui sert les autres et ne recherche vraiment pas le prestige exerce la véritable autorité dans l’Église”, a lancé récemment le pape aux 65.000 fidèles rassemblés place Saint-Pierre. “Servir, c’est le moyen d’exercer l’autorité dans la communauté chrétienne.” D’autres couples ont par le passé été béatifiés mais aucun n’avait jusqu’ici été canonisé. Le pape François a rappelé comment Louis et Zélie Martin avaient su “jour après jour créer un environnement de foi et d’amour qui a nourri les vocations de leurs filles”. Le couple Martin a eu neuf enfants, dont quatre sont morts en bas âge. Les cinq filles survivantes sont devenues religieuses et l’une, sainte Thérèse de Lisieux, carmélite morte en 1897 à l’âge de 24 ans, a été canonisée en 1925. C’était la bonne nouvelle pour apaiser le climat ô combien difficile de ce synode, qui a donné au pape bien des contrariétés, comme ce prêtre polonais complètement irresponsable qui a parlé d’homosexualité semant la fureur du Vatican.

En lançant le chantier de la famille dans une société en proie aux démons de la facilité, de l’égoïsme, des tentations, de la corruption, de l’immédiateté, de l’irresponsabilité, le pape s’attendait-il à découvrir tant de graves fissures dans la maison catholique ? Nous imaginons qu’il s’attendait au pire et le pire est venu à lui.  Face aux bouleversements des sociétés modernes et de la mondialisation sont apparues deux conceptions radicalement différentes :

“Il y a ceux qui considèrent que la famille est en danger et qu’il faut la sauver en réaffirmant la doctrine et rien que la doctrine,

– et ceux qui considèrent qu’elle évolue… et qu’il faut accompagner les catholiques, tous les catholiques.”

C’est en résumé ce que ditle dominicain Jean-Paul Vesco, évêque d’Oran, qui se range dans la seconde catégorie et qui vient de publier un ouvrage plaidant pour une plus grande ouverture de l’Église aux divorcés remariés.

Les conservateurs semblent pour l’instant majoritaires. Ce mouvement a tout d’abord été incarné par les Africains, qui s’étaient réunis à Accra pour définir une ligne et s’y sont tenus, défendant la famille chrétienne traditionnelle contre les modèles occidentaux jugés décadents. Philippe Ouédraogo, archevêque d’Ouagadougou, s’est élevé cette semaine contre une nouvelle forme de colonisation, dénonçant les programmes des Nations unies qui conditionnent certaines aides “à la reconnaissance des mariages homosexuels”. Pour l’évêque Nicolas Djomo, président de la Conférence épiscopale de la République démocratique du Congo, pays d’Afrique qui compte le plus de catholiques, les préoccupations des Africains avaient jusque-là été négligées au profit de celles des Occidentaux. “Je pense que le déséquilibre a été rétabli”, se félicite-t-il.

Tout au long de ce Synode des « Paroles d’évêques » sur la famille ont été publiés sur le portail de l’Église catholique en France. Nous vous livrons ci-après les thèmes* :

« Le christianisme comme bouleversement de la réalité du mariage » par Mgr de Moulins-Beaufort

« Famille, je vous aime » par Mgr Aupetit

« Une assemblée synodale sur la famille » par Mgr Delmas

« Les évêques africains au synode » par Mgr Feillet

« La famille, chemin vers le Ciel » par Mgr de Germay

« Le couple comme expression de la relation du Christ à l’Église » par Mgr Defois

« Tradition chrétienne et évolution de la famille » par Mgr Housset

« Merci aux familles » par Mgr Le Gall

« Familles : Trouvez un cap vers l’avenir ! » par le cardinal Ricard

« Cheminer vers le sacrement du mariage » par Mgr Ulrich

« Petite arithmétique du couple et de la famille » par Mgr Wintzer

« Dieu pour penser l’homme et la femme… » par Mgr Crepy

« Aimer et soutenir les familles » par Mgr Moutel

 – «  Lettre aux catholiques de Paris  » par le cardinal Vingt-Trois

« Au cœur de nos existences : la famille » par Mgr Pontier

Une certitude avait été évoquée par le pape François lors du vol retour des États-Unis vers Rome en septembre : la mauvaise préparation des couples au mariage, expliquant que « pour devenir prêtre, il faut une préparation de huit ans. Et comme ce n’est pas définitif, l’Église peut retirer le statut clérical. Alors que pour te marier, ce qui est pour toute la vie, on fait quatre cours, quatre fois ». « Il y a quelque chose qui ne va pas », avait-il remarqué, formulant le vœu que le Synode se penche sur cette question. Plusieurs pères y ont répondu par des propositions d’accompagnement visant à replacer la foi au centre de l’union et à offrir une formation plus complète au sacrement.

Étant donné la diminution importante du nombre de mariages célébrés religieusement, notamment dans les grandes villes européennes, le cercle francophone emmené par le cardinal guinéen Robert Sarah a invité à se « demander comment conduire des personnes, et notamment les plus jeunes, à découvrir le sens et l’importance du mariage chrétien alors qu’ils ont du mal à en voir les raisons et la finalité ». Dans la grande majorité des couples il n’y a qu’un seul catholique, l’autre conjoint(e) professant une autre religion (parfois chrétienne mais c’est loin d’être toujours le cas), pas de religion du tout, se disant agnostique ou même athée.

Quelles conclusions tirer de tous ces travaux, dont la richesse de réflexions et de conséquences à plus ou moins long terme est plus qu’exceptionnelle ? Le pape décidera, au travers d’une exhortation apostolique, qui devrait être publiée au printemps. Mais l’enjeu du synode a déjà largement dépassé son objet, tant les voix sont … désespérément discordantes, mais conformes aux climats sociologiques, philosophiques et psychologiques que nous vivons sur l’un ou l’autre de nos six  continents.

Excellente semaine à toutes et à tous avec cette Prière pour les couples aux époux Louis et Zélie Martin : « Louis et Zélie Martin, vous qui dans votre vie de couple et de parents, avez donné le témoignage d’une vie chrétienne exemplaire, par l’exercice de votre devoir d’état et la pratique des vertus évangéliques, nous nous tournons vers vous aujourd’hui. Que l’exemple de votre confiance inébranlable en Dieu et de votre abandon constant à sa volonté, à travers les joies mais aussi les épreuves, les deuils et les souffrances dont votre vie a été jalonnée, nous encourage à persévérer dans nos difficultés quotidiennes et à demeurer dans la joie et l’espérance chrétiennes. Intercédez pour nous auprès du Père pour que nous obtenions les grâces dont nous avons tant besoin aujourd’hui dans notre vie terrestre et que nous parvenions comme vous à la béatitude éternelle. Amen. »

Solange Strimon

* si l’un de nos fidèles souhaitait lire l’un des textes présentés, nous serions heureux de le faire paraître dans une prochaine édition.

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